L'année 2010 est un moment de vérité pour l'économie mondiale
Article lu 12592 fois, depuis sa publication le 21/04/2010 à 18:05:00 (longueur : 4399 caractères)
Le rebond de l'économie mondiale depuis le printemps 2009 n'a pas effacé les effets de la récession historique traversée par les pays développés. Le poids des pays de l'OCDE a notamment diminué de plusieurs points au sein de la production industrielle et des échanges mondiaux.
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L'assureur crédit Euler Hermes estime que l'économie mondiale traverse toujours une phase critique avec un niveau élevé de freins, incertitudes et risques, surtout en Europe où le risque d'essoufflement est le plus fort.
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Wilfried Verstraete, Président du Directoire d'Euler Hermes, a déclaré « L'année 2010 s'annonce comme un moment de vérité pour l'économie mondiale, et tout particulièrement sur le continent européen »
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Karine Berger, Directrice Marchés et Marketing et Chef Economiste d'Euler Hermes, ajoute « L'économie mondiale est entrée dans une phase critique, à l'heure où les facteurs de soutien s'affaiblissent avant de disparaître »,
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Au printemps 2009, l'économie mondiale est sortie de la récession et le quatrième trimestre 2009 a confirmé le rebond de la croissance des pays développés : leur PIB agrégé s'est inscrit en hausse plus sensible (+0,8%) qu'au trimestre précédent (+0,3%).
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Mais pour l'assureur crédit, ce résultat global masque une triple réalité. D'un côté, l'Amérique du nord, où la reprise s'est confortée ; de l'autre, le Japon, dont le rebond ne tient qu'aux exportations vers les continents asiatique et américain ; enfin l'Europe occidentale, encore à la peine au quatrième trimestre.
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Effectivement, en dépit d'un rebond au second semestre 2009, les pays de l'OCDE ont enregistré une contraction majeure de leurs échanges extérieurs (-15% en volume, -22% en valeur) et de leur production industrielle (-13% en volume).
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Comme le souligne Karine Berger « Ils débutent l'année sur des niveaux d'activité très inférieurs à ceux d'avant-crise, qui les ramènent plusieurs années en arrière, à l'image de la production industrielle de la zone euro, revenue à son niveau de 1999 ».
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Par contre, concernant les pays émergents, le redressement conjoncturel est important, avec une nette reprise du volume de leurs échanges internationaux (+9% au second semestre 2009) et de la production industrielle (+8% au second semestre 2009).
Concernant les pays de l'OCDE, le problème vient de la fin graduel du stimuli budgétaire de 1 000 milliards d'euros injecté en 2009, dans un contexte de tension sur les dettes qui sont des freins à la reprise.
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Euler Hermes fait remarquer que la fin du déstockage, qui a accentué la chute de l'activité (20% de la baisse du PIB des pays de l'OCDE en 2009), ne devrait plus contribuer au rebond au-delà du premier trimestre 2010.
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Toutefois, les relances budgétaires devraient continuer de porter leurs fruits en 2010-2011, mais l'essentiel des mesures programmées dans la plupart des plans prendront fin à compter de l'été 2010.
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Par ailleurs, de nouveaux freins apparaissent avec la réduction des dettes. Dans les pays de l'OCDE, la dégradation des finances publiques a été importante. La crise a provoqué un gonflement de quelque 1 150 milliards d'euros des déficits publics, soit une augmentation moyenne de 5 points de PIB des déficits publics en 2009.
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Pour l'assureur crédit, les politiques monétaires n'apporteront aucun stimulus supplémentaire. Au contraire, elles devraient se durcir, les banques centrales étant déjà focalisées sur leur stratégie de sortie de crise. L'arrêt trop anticipé d'une politique monétaire accommodante en Europe ferait même courir le risque d'un nouveau fort ralentissement de l'activité.
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Pour 2010, 2011, Euler Hermes fait les prévisions suivantes : Tirée par la Chine, l'Asie émergente devrait continuer de faire la course en tête avec quelque 7% de croissance en 2010 et 2011. Les Etats-Unis devraient confirmer leur rebond, avec 2,9% de croissance en 2010, mais les freins structurels risquent de ressurgir avec la forte baisse des stimuli programmée pour 2011 ramenant la croissance autour de 2% l'an prochain. Enfin l'Union européenne devrait rester à la traîne, avec moins de 2% de croissance en 2010 et 2011.
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En conclusion, la reprise reste très vulnérable, avec de nombreux chocs : remontée du prix des matières premières poussée par l'activité des pays émergents, poursuite de l'annonce des pertes dans le système financier, doutes entourant l'évolution des finances publiques…