La course aux terres agricoles est en voie de déraper
Article lu 7923 fois, depuis sa publication le 13/07/2010 à 14:00:00 (longueur : 3370 caractères)
Face à l’ampleur que prend le phénomène de cession de terres agricoles et à défaut, la location longue durée de terres agricoles dans les pays en développement, en particulier de la part de la Chine qui s’implante en Afrique, si l’on veut que ces investissements participent à la stratégie de sécurité alimentaire mondiale, alors qu’il faudra nourrit huit milliards d’être humais en 2030, en favorisant des projets responsables.
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Dans l’immédiat, il s’agit de freiner l’accaparement des terres agricoles dérivant de logiques financières de placement et de spéculation en modifiant, si c’est encore possible, les pratiques dans les pays d’accueil.
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Aujourd’hui, les déclarations et les rapports ne manquent pas et on attend des instances internationales de gérer la situation.
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Une étude récente réalisée à la demande de la FAO, une agence des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation, par l’Agence suisse pour le développement et la coopération, SDC, et l’Institut international pour l’environnement, IIED, explore différents modèles de transactions qui s’inscrivent dans une logique « gagnant-gagnant » pouvant ainsi être bénéfique pour les petits agriculteurs locaux. Mais, le tout est de pouvoir les imposer en vue de leur mise en application.
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En France, le directeur général du Centre d’analyse stratégique, le CAS a remis à Nathalie-Kosciusko- Morizet une étude intitulée « Pour des investissements responsables dans les pays les moins avancés et les pays en développement ».
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En fait, il existe différents moyens pour les investisseur de s’inscrire dans une démarche partenariale comme par exemple les coopérative fermières, les joint venture, le contrat de fermage de longue durée qui évite l’achat de la terre et la disparition des droits d’usage très répandus en Afrique et indispensables pour nourrir la population locale.
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Selon le droit local, il existe différents moyens pour un investisseur ; métayage, entrée de travailleurs locaux au capital, en sachant que c’est le contexte local, comme le régime foncier, la culture, l’histoire, la situation biophysique et démographique qui doit déterminer le modèle d’organisation agricole.
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Dans leur rapport, le CAS et l’IIED insistent sur l’importance du pouvoir de négociation des petits agriculteurs locaux et la nécessité de leur aménager un rôle dans la gouvernance différents projets.
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Pour favoriser ce type de démarche, ils préconisent la création d’un label « Agro investissement responsable » attribué par l’Union européenne ou un organisme international tel que la FAO.
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Le CAS en appelle à une action déterminée de l’Union européenne et de la France en particulier, dans une logique de coopération et de transfert de technologies que Bruxelles et Paris pourraient ainsi proposer aux pays qui accueillent des investisseurs européens.
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La question qui se pose est de savoir comment éviter les investissements spéculatifs qui risquent d’entrainer une paupérisation de la population rurale locale et des dommages environnementaux, sans contribuer à l’amélioration de la sécurité alimentaire mondiale.
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Pour éviter cette situation, les pays d’accueil devront se doter d’un cadre et d’une stratégie d’accueil clairs, et notamment d’une politique de gestion foncière respectueuse des usages et droits locaux.
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Mais, en ont-ils la volonté et les moyens ?