Inflation modérée en juin 2025 Article lu 795 fois, depuis sa publication le 30/06/2025 à 10:00:30 (longueur : 5823 caractères)
Le dernier point de conjoncture de l'Insee, publié le 27 juin 2025, offre un éclairage précieux sur la dynamique actuelle des prix à la consommation. En juin, l'inflation, mesurée par l'indice des prix à la consommation (IPC), s'établirait à +0,9 % sur un an, contre +0,7 % au mois de mai. Cette hausse modérée marque une légère accélération dans un contexte de désinflation progressive amorcée depuis le pic de 2022-2023.
L'analyse des composantes de cet indice montre que cette hausse provient principalement de l'accélération des prix des services, tandis que d'autres postes comme l'énergie ou les produits manufacturés continuent d'exercer une pression désinflationniste. En variation mensuelle, l'IPC progresse de +0,3 %, confirmant cette tendance.
Les services, véritable moteur de la hausse
La composante « services » de l'indice concentre la majeure partie des tensions inflationnistes du mois. Sur un an, les prix des services augmentent de +2,4 %, contre +2,1 % en mai.
Ce mouvement résulte essentiellement de trois grands secteurs :
- L'hébergement, qui subit les effets de la haute saison touristique, avec des prix en hausse sur fond de forte demande estivale ;
- Les transports, où les hausses tarifaires sont liées à la fois à la demande saisonnière et à une hausse du coût des carburants ;
- La santé, dont les coûts sont en partie impactés par les revalorisations salariales et les hausses de certains tarifs réglementés.
Ce segment, qui pèse pour plus de 50 % dans l'indice global, contribue ainsi largement à la reprise de l'inflation observée.
Énergie : le ralentissement du recul change la donne
Alors que l'énergie avait joué un rôle stabilisateur fort au cours des mois précédents, sa contribution négative à l'indice global est désormais moins marquée. Les prix de l'énergie restent en baisse sur un an (-6,9 %), mais cette diminution est moins prononcée que celle enregistrée en mai (-8,0 %).
En particulier, les produits pétroliers ont connu un rebond en juin, conséquence de tensions persistantes sur les marchés mondiaux du brut, alimentées par les incertitudes géopolitiques au Moyen-Orient et en mer Rouge, ainsi que par des décisions de production restrictives au sein de l'OPEP+.
Ce changement de rythme ne suffit pas à faire basculer l'énergie dans le camp des contributeurs haussiers, mais il réduit sa capacité à compenser les autres hausses.
Alimentation : stabilité de façade, vigilance sur les produits frais
Le poste « alimentation » connaît une hausse limitée mais stable, avec une progression de +1,4 % sur un an.
Cette évolution masque deux réalités différentes :
- Les produits frais, dont la hausse ralentit à +1,2 %, sont soumis à des effets saisonniers et à des ajustements de marché liés aux aléas climatiques du printemps ;
- Les autres produits alimentaires progressent à +1,4 %, un rythme quasiment identique à celui de mai.
Dans l'ensemble, le secteur alimentaire ne représente plus le moteur inflationniste qu'il fut au cœur de la crise post-Covid, mais il continue de refléter une certaine tension sur les prix.
Tabac : une hausse contenue, mais persistante
Le tabac enregistre une hausse annuelle de +4,0 %, contre +4,1 % en mai. Ce ralentissement marginal n'infléchit pas la dynamique haussière de long terme, largement alimentée par la fiscalité. La stabilité observée en juin s'explique par l'absence de nouveaux relèvements des droits, mais la tendance reste orientée vers la hausse dans les mois à venir, conformément à la trajectoire sanitaire adoptée par le gouvernement.
Produits manufacturés : toujours en repli modéré
Du côté des produits manufacturés, la situation demeure relativement inchangée. Les prix baissent de -0,2 % sur un an, comme en mai. Ce repli s'inscrit dans un contexte de normalisation des chaînes d'approvisionnement, de concurrence accrue et de désinflation mondiale sur les biens durables.
Les soldes d'été n'ayant pas encore été pleinement intégrés dans les données de juin, l'impact potentiel de ces opérations commerciales sera davantage visible dans les prochaines publications.
L'indice harmonisé : une dynamique cohérente au niveau européen
L'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), qui permet de comparer les dynamiques inflationnistes entre pays de l'Union européenne, s'inscrit dans une tendance proche de celle de l'IPC national. Il affiche une hausse annuelle de +0,8 % (après +0,6 % en mai) et une variation mensuelle de +0,4 % (contre -0,2 % en mai).
La différence principale entre l'IPC et l'IPCH réside dans le traitement des dépenses de santé : l'IPCH considère les prix nets des remboursements de la sécurité sociale, ce qui a pour effet de modérer la progression des coûts médicaux dans cet indice.
La légère remontée de l'inflation en juin 2025 doit être interprétée avec prudence. Elle illustre un rééquilibrage progressif entre les forces désinflationnistes (énergie, produits manufacturés) et les postes plus tendus (services, santé, hébergement).
Alors que la Banque centrale européenne a récemment réaffirmé son objectif de stabilité des prix autour de 2 %, la tendance actuelle française reste en-deçà, mais s'oriente vers une phase de stabilisation. Les résultats définitifs de l'Insee, attendus le 11 juillet 2025, permettront de confirmer ou non cette inflexion.
En attendant, ces évolutions doivent être considérées comme des signaux précurseurs, à surveiller de près dans la perspective des décisions économiques et budgétaires de la rentrée.
Rappel méthodologique : Les chiffres présentés sont provisoires et ne doivent pas être utilisés pour des revalorisations contractuelles. Ils sont fondés sur un champ restreint d'observations et des estimations de certains prix encore indisponibles au moment de la publication.
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