La problématique des risques émergents en Afrique (Pr Jean-Paul Louisot) Article lu 16811 fois, depuis sa publication le 28/03/2024 à 15:04:14 (longueur : 4677 caractères)
Dans les pays émergents, des facteurs socioculturels remettent en question les idées préconçues quant aux risques qui pourraient exister, sur leur importance et sur le choix de réponses les mieux adaptées, et en particulier les risques émergents. Certaines grandes entreprises, en particulier les assureurs, ont connu des problèmes en essayant d'appliquer des méthodes « occidentales » au management du risque en Afrique, pour les raisons suivantes : L'illusion d'« une seule Afrique » : Les organismes qui visent à investir en Afrique commencent avec les pays les plus « sûrs », tels que l'Afrique du Sud, et essaient ensuite de s'étendre à travers le reste du continent. Mais chaque pays en Afrique a ses propres spécificités en termes de culture locale des entreprises, d'éthique et de coutumes même dans les pays apparemment « occidentalisés ».
Les priorités erronées : Bien entendu, il faut prendre en compte des considérations telles que la stabilité er les contrôles réglementaires avant d'aborder un nouveau marché, mais il faut également prendre en compte des facteurs tels que les caractéristiques socio-économiques de la population et les perspectives économiques du pays. Par exemple, si un assureur veut s'installer dans un pays dans lequel le contrôle lui parait insuffisant, plutôt que de retarder son entrée, il pourrait chercher à soutenir et à encourager la formalisation rapide des règles appropriées.
Préférer les éléphants aux fourmis : Les entreprises ont tendance à croire que, pour avoir des grands résultats, il faut viser les grands du marché. Cette vision peut conduire les entreprises à ignorer les opportunités offertes par une multitude de personnes qui font chacun quelque chose de petit, ce qui est très souvent le cas en Afrique. Par exemple, la laiterie « Sameer Agriculture and Livestock Limited » (SALL) en Ouganda gère le plus grand réseau de collecte de lait de l'Afrique Orientale, qui regroupe 140.000 fermiers.
Méconnaître la politique : En Afrique les élections peuvent encore être turbulentes et le comportement éthique être un défi, mais il faut également prendre en compte la contagion des coups d'état militaires qui fait que des acteurs peuvent être surpris de se trouver exclus sans préavis suivant une élection, ou un putsch car les anciennes règles et accords peuvent se trouver renversées du jour au lendemain.
Partenariat locaux : Pour assurer une réflexion africaine basée sur le risque, il faut une intelligence profondément locale. Les organismes qui voudraient investir dans plusieurs états du continent devraient penser à engager des partenaires locaux pour obtenir un entendement plus complet du contexte culturel, plutôt que de se fier uniquement à une vision uniforme, voire occidentalisée, du risque.
Avant même d'évoquer les risques émergents peut-être convient-il de dresser un tableau des échanges de l'Afrique avec le reste du monde. Plus de six fois le montant de l'aide au développement à l'Afrique quitte le continent - principalement aux mêmes pays qui fournissent cette aide.
Bien que l'Afrique subsaharienne reçoive 130 milliards d'Euros chaque année en prêts, investissements étrangers et aide au développement, les recherches publiées mardi par un groupe d'ONG britanniques et africaines suggèrent que 185 milliards d'Euros quittent la région, laissant un déficit de 55 milliards de dollars.
Le Guardian rapporte aujourd'hui que « Les pays occidentaux utilisent l'aide à l'Afrique comme un écran de fumée pour cacher le pillage soutenu du continent car il perd près de 60 milliards de dollars par an à cause de l'évasion fiscale, de l'atténuation des changements climatiques et de la fuite des profits réalisés par les multinationales étrangères. »
La perception que cette aide aux pays africains « a facilité une réalité perverse dans laquelle le Royaume-Uni et d'autres gouvernements riches célèbrent leur générosité tout en aidant simultanément leurs entreprises à drainer les ressources de l'Afrique.» Le rapport. Il souligne en outre que les multinationales étrangères siphonnent 42 milliards d'Euros de l'Afrique subsaharienne chaque année, tandis que 32 milliards de dollars sont transférés de l'Afrique vers les paradis fiscaux du monde entier chaque année.
L'étude, qui note également que les gouvernements africains dépensent 20 milliards d'Euros par an pour le remboursement de la dette, appelle à une révision et à une ouverture du système d'aide. Encore faut-il …
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