Un tiers des salariés pense quitter son entreprise
Article lu 13663 fois, depuis sa publication le 27/09/2011 à 13:03:02 (longueur : 3691 caractères)
Effectivement, par rapport à avant la crise, donc avant 2007, l'engagement des salariés vis-à-vis de leur entreprise a lourdement chuté.
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C'est la conclusion qui ressort d'une étude menée par Mercer, filiale de Marsh & McLennan, en début d'année 2011, auprès de 30 000 salariés dans 16 pays : Allemagne, Australie, Brésil, Canada, Chine, Espagne, Etats-Unis, France, Hong Kong, Inde, Irlande, Italie, Mexique, Pays-Bas, Royaume-Uni, Singapour.
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En France, 30% des salariés pensent réellement à quitter leur entreprise, c'est 57% de plus qu'en 2007 (donc avant la crise). Selon Mercer, il serait possible que cette position des salariés vienne de la crainte pour leur emploi. Ils veulent prendre les devants, changer d'entreprise, plutôt que de prendre le risque de se retrouver du jour au lendemain sans emploi.
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A contrario, 50% ressente encore un attachement à leur entreprise, c'est 11% de moins qu'avant la crise.
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Mais que les salariés désirent ou non quitter leur entreprise, 53% ont la volonté d'agir pour faire réussir l'entreprise, un pourcentage identique à 2007 et 56% en parle positivement (à peu près le même pourcentage qu'en 2007), en allant jusqu'à recommander les produits ou services de celle-ci.
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58% éprouve une satisfaction globale vis-à-vis de leur entreprise, c'est 6 points de moins qu'avant la crise, 58% en sont fiers (9 points de moins).
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Eric Sarrazin, responsable « Talent Management » chez Mercer, explique « Un double phénomène de fond explique l'essentiel de ces résultats : Malgré un certain flottement perçu chez le leadership, les salariés estiment que leur entreprise est plus efficiente qu'avant la crise, et qu'ils sont eux mêmes mieux gérés. Et les salariés estiment payer le prix de l'efficience sous la forme d'une forte perte d'autonomie et du sentiment d'accomplissement. »
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Même si le nombre des salariés qui considèrent que leurs objectifs sont clairement formulés passe de 60% en 2007 à 50% en 2011, ils sont tout de même 5% de plus qu'en 2007 à estimer que la communication est honnête et 8% de plus pensent que « leurs dirigeants traitent les problèmes avant qu'ils n'empirent »
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Par ailleurs, les salariés se sentent individuellement mieux gérés, ainsi 44% estime avoir suffisamment de contact avec leur dirigeant direct, 15 points de mieux qu'en 2007.
En ce sens, un tiers de plus qu'en 2007 estime qu'il y a corrélation entre leur rétribution et leur performance, et 24% de plus qu'en 2007 considère que leur rémunération est correcte eu égard au niveau global de leur travail.
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Par contre, si 72% étaient satisfait dans leur travail en 2007, il ne sont plus que 57% en 2011, Mercer constate une dégradation très marquée de la qualité et de l'intérêt proprement dits du travail.
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De plus, si 85% - en 2007 - estimait tirer pleinement partie de leurs capacités dans l'entreprise, ils ne sont plus de 72% à le penser. De même, le sentiment d'accomplissement professionnel passe de 71 à 58%.
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Eric Sarrazin précise « Ces chiffres sont sans précédents à l'échelle d'un pays, et devront être confirmés par la suite. Néanmoins, ils sont à mettre en relation avec les efforts de rigueur et de standardisation que les entreprises ont amplifiés au cours des années récentes et perçus par les salariés. Qu'ils s'agisse des effets de nouvelles législations, de la volonté de maîtriser les risques, de la complexification des structures (matrice, etc.), de l'automatisation partielle ou totale de nombreux processus (financiers, RH, supply chain, …), il est possible de voir dans ces chiffres l'expression d'un besoin d'autonomie, d'initiative ou de flexibilité auquel les entreprises ont désormais plus de mal à répondre. »