Guerre et paix économiques : l'entreprise sur tous les fronts (Pr Jean-Paul Louisot)

Malgré une prie de note consciencieuse, la nature même de la table ronde fait qu'il serait difficile de rendre compte de la richesse des thèmes abordés à l'occasion de la journée du CDSE. Précisément, l'importance des sujets abordés justifie d'approfondir chacun d'eux en étoffant les notes avec une recherche sur Internet. Le présent article est donc rédigé à partir d'une bibliographie qui vise tout de même à rendre compte de la journée, tout en approfondissant les sujets en les replaçant dans un contexte plus large.

Toutefois, en dehors de citations spécifiques, les propositions n'engagent que l'auteur. Il est à noter que même si les Jeux Olympiques et Para-olympiques 2024 n'ont été cité qu'en incident à propos des efforts de désinformation venant de Russie pour décourager les visiteurs de venir à Paris l'été prochain.

Cela est sans doute le reflet de la nécessité de travailler très en amont les questions de sécurité qui avaient été largement débattues il y a un an et quant à la coupe du monde de Rugby elle n'a pas donné lieu à un retour d'expérience : son ampleur beaucoup plus limitée et l'absence d'incident majeur n'ont pas éveillé l'intérêt de la presse même si les services de l'état ont pu en tirer des leçons.

« Un homme qui marche sur mille kilomètres doit oublier son but et se dire chaque matin : « Aujourd'hui, je vais parcourir vingt-cinq milles, puis me reposer et dormir. » (Léon Tolstoï, Guerre & Paix)

Le Club des directeurs de sécurité des entreprises (CDSE) qui a fêté son quart de siècle l'année dernière rassemble les directeurs de la sécurité et de la sûreté du CAC 40 et du SBF 120 et il est devenu membre associé du MEDEF. Au fil des années il a tissé des liens avec l'état, en particulier dans les services relevant de l'autorité régalienne. C'est pour cela qu'il est un partenaire de premier plan du Secrétariat Général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) et du secrétariat général du comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (SG-CIDPR), pour ne reprendre ici que quelques sigles. Par ailleurs, il a également noué des liens avec le monde académique et suscité la création de Master et de MBA centrés autour de la sûreté de la sécurité, moyen de renforcer l'image de la profession de directeur de la sécurité dans les entreprises en proposant des recrues rompus à ses méthodes et disposant d'une vision stratégique.

C'est au cours de ce quart de siècle que la fonction a été définie et s'est affirmée sein des entreprises comme un interlocuteur stratégique pour les dirigeants; si elle a bénéficié des profils « haut fonctionnaire » de la plupart des premiers titulaires, le CDSE a su s'affirmer d'emblée comme une ressource dans ce monde complexe et volatil. Il est vrai que les premiers titulaires choisis parmi les généraux en seconde section, les anciens préfets, et autres fonctionnaires d'autorité avaient l'expérience et la solidité pour devenir des interlocuteurs naturels pour les dirigeants. De plus, leur proximité a été renforcée quand ils ont en outre assumé la responsabilité de la sécurité personnelle et familiale.

Dans la course à la gestion stratégique des risques, les directeurs de la sécurité sont de sérieux concurrents pour les risk-managers dont certains doivent se contenter des assurances alors même que les directeurs de sécurité voient leur domaine élargi avec la crise, la continuité, et l'intelligence économique… Dans une telle configuration, on imagine qui participe aux décisions stratégiques et est vraiment en charge de la résilience ! Et c'est ainsi que le président sortant du CDSE a pu au cours de ses interventions définir un profil de mission centrée autour de la résilience et comprenant l'anticipation des dangers, la gestion des crises et la continuité qui ne laisse effectivement que la gestion des assurances pour les autres acteurs de la sécurité. Si on ajoute le souci de création de valeur et la définition d'investissement en sécurité pour remplacer le mot « coût », on voit bien l'ambition du CDSE pour ses membres.
Il est vrai que Stéphane Volant s'était d'entrée de jeu placé sur le plan de l'éthique et souligné que si la sécurité n'est pas une Valeur en soi, elle est en revanche la garantie de toutes les Valeurs. Elle contribue en particulier à la protection des libertés, dont la liberté d'entreprendre. Le combat n'est pas la guerre mais une concurrence virile et équitable au sein duquel les êtres humains devraient s'entretenir plutôt que de s'entretuer.

Aux côtés des directeurs de la sécurité et de la sûreté et de l'ensemble des professionnels du risque, de la sécurité et de la sûreté, ce temps fort de l'activité du CDSE en tant que laboratoire d'idées le colloque annuel est un rendez-vous incontournable pour l'ensemble des acteurs de l'écosystème de la sécurité globale. Cette année il a réuni à nouveau au palais des Congrès d'Issy les Moulineaux deux anciens premiers ministres, le président du MEDEF, des dirigeants de grands groupes, des directeurs des ressources humaines, des directeurs financiers, des secrétaires généraux, ainsi que des représentants des administrations nationales, européennes et des collectivités territoriales. Bien entendu, dans un tel contexte une cohorte de consultants gravitait autour de potentiels décideurs !

La guerre, et plus généralement la violence, a toujours joué un rôle majeur dans les rapports sociaux. La guerre est un processus par lequel une entité veut contraindre physiquement ou symboliquement une autre entité pour la forcer à servir ses intérêts, ou à tout le moins à ne pas y porter atteinte. Ce processus vise la défense ou de l'accroissement d'intérêts multiples : politiques, …

Lire la suite de l'étude du Pr Louisot dans le numéro 775 de RiskAssur-hebdo, cliquer ICI