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Coface alerte sur le caractère systémique de la crise actuelle
Article lu 28593 fois, depuis sa publication le 16/01/2012 à 13:23:57 (longueur : 4383 caractères)
A l'occasion de son 16e Colloque Risque Pays, Coface alerte d'emblée sur le caractère systémique de la crise actuelle dont la zone euro est l'épicentre.
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Coface ne fait pas une analyse de la dette souveraine des pays, mais il s'agit d'une évaluation du risque pays en tenant compte du niveau moyen de risque d'impayés présenté par les entreprises d'un pays dans le cadre de leurs transactions commerciales. L'échelle d'évaluation est : A1, A2, A3, A4, B, C, D.
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Ainsi, Coface prévoit pour 2012 une récession en Europe de l'ordre de -0,1%, une croissance aux Etats-Unis de +1,6%, une reprise au Japon avec une croissance de +1,8%.
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Globalement, la croissance des pays avancés sera de 1,1% en 2012.
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De leur côté la croissance globale des pays émergeants reculera de 0,6 points pour se situé à +5,1% pour 2012.
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Pour Coface le répit pour l'économie mondiale fut court entre second semestre 2009 au premier semestre 2011, la situation c'est dégradée depuis l'été 2011 avec l'aggravation de la crise dans la zone euro.
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C'est ainsi que Coface a constaté une rupture du comportement de paiement des entreprises depuis le second semestre 2011, avec une nette remontée des impayés. Sur l'ensemble de l'année 2011, Coface enregistre une progression de 19% des incidents de paiement dans le monde, avec une montée particulièrement prononcée de 28% pour les entreprises de la zone euro.
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La situation est différente du choc de 2008, dans la crise actuelle il y a une imbrication financière plus importante et une exposition des banques communautaires et extracommunautaires aux dettes souveraines européennes.
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François David, Président de Coface, précise « En l'absence de réponse rapide à la crise de la part des institutions, les anticipations négatives du marché financier ont éveillé la défiance des acteurs de l'économie réelle. Paradoxalement, ce sont les entreprises, pourtant mieux gérées que jamais, qui subissent le contrecoup de cette crise. En 2012, la conjonction d'une croissance très affaiblie en Europe et d'un possible assèchement du crédit pourrait affecter de manière sensible le risque de crédit des entreprises»
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C'est ainsi, que Coface a abaissé d'un cran l'Italie (fragilisé par son endettement public) et l'Espagne (fragilisé par son endettement privé), les faisant passer de A3 à A4. La montée des incidents de paiement est de l'ordre de 50% depuis le début de l'année 2011 dans ces 2 pays.
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En 2012, selon Coface, c'est l'Europe émergente qui souffrira le plus de la contraction de la demande et du flux de financement de la zone euro.
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Par ailleurs, les banques de l'ouest de l'Europe, vue leur exposition aux dettes souveraines de la zone euro, seront dans l'obligation de réduire leur soutiens à leurs filiales de l'Euope émergente, ce qui réduira, de fait, l'octroi de crédits aux entreprises.
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Or, les créances des banques européennes représentent 70% du PIB est-européen et on estime qu'1/5e de la croissance des années 2000 en Europe de l'Est s'explique par le dynamisme du crédit transfrontalier.
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Ainsi, Coface prévoit que la croissance des économies pays de l'Europe-émergente sera divisée par 2, passant de 4,1% en 2011 à 2% en 2012 et met sous surveillance négative la République tchèque (A2) et de la Slovénie (A2) et la Slovaquie (A3) et à dégradé ma Hongrie (B) ainsi que la Croatie (B).
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Concernant, l'Afrique du Nord et le Proche et Moyen-Orient, constate après les révolutions du début de l'année 2011, un retour du risque politique (dès 2011 des impayés dû à ce risque ont été enregistré par Coface).
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L'Egypte a été déclassée en C et la Syrie en D.
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Coface explique « La vague de changements de régimes s'explique par une montée inexorable du désir de renouveau dans les sociétés des pays émergents. Elle traduit un profond problème de frustration économique et politique amplifié par l'élargissement des classes moyennes et par des mutations socioculturelles (accès à l'internet, baisse du taux de fécondité, voyages). Dans les démocraties émergentes comme les états latino-américains, les frustrations s'expriment via la criminalité, alors que dans les régimes autoritaires, les changements de régime se matérialisent en cas d'incapacité des Etats à répondre aux aspirations de plus en plus pressantes de la population, tant en termes de droits politiques que d'accès à l'emploi et à l'entreprenariat. »