Vraie ou fausse pénurie de phosphates à l’horizon 2100
Article lu 12296 fois, depuis sa publication le 15/01/2010 à 11:00:00 (longueur : 3126 caractères)
Le phosphate est un minerai utilisé dans l’agriculture comme engrais, où il est employé massivement, au point de devenir la principale cause de pollution des sols et des ressources en eau, devenue chronique et sans remède véritable.
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Le phosphore était aussi présent dans les lessives, au point de polluer gravement les rivières et les lacs, jusqu’à son interdiction progressive dans les pays développés, comme par exemple en France, depuis le l’ juillet 2007.
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Alors que des gisements de phosphates sont exploités dans de nombreux pays, le principal producteur est le Maroc, avec plus de 20% de la production mondiale, suivi par les Etats-Unis avec 10% et par la Chine, ces deux derniers étant à la fois producteurs et consommateurs.
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La production annuelle, nécessaire à la couverture des besoins mondiaux a été de 165 millions de tonnes en 2008 et la consommation mondiale devrait afficher une croissance de 2 à 3% dans les années à venir, selon les estimations de l’Association internationale de l’industrie des engrais, l’IFA.
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Dès lors se pose la question des réserves exploitables dans le monde qui, étant donné leur caractère stratégique et les implications géopolitiques imposent la maîtrise de leur gestion.
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La question cruciale est de savoir si les réserves mondiales de phosphate suffiront à satisfaire, et pour combien d’années les besoins d’une agriculture qui en consomme de plus en plus, pour satisfaire une demande croissante de nourriture.
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Selon l’Institut de géophysique américaine, l’USGS, dont les données servent généralement de référence, les réserves mondiales économiquement exploitables du minerai s’élèveraient à environ 15 milliards de tonnes.
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Pour l'IFA, ces données qui n’ont pas été remises à jour récemment, sous-estiment les réserves et ne tiennent pas compte de l’arrivée de nouveaux producteurs sur le marché, comme l’Arabie saoudite ou des pays qui cherchent à développer leur production pour profiter de la hausse de la consommation, en attendant une hausse des prix.
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Dans ces conditions, l’USGS, revient aujourd’hui sur son estimation des réserves exploitables d’environ 15 milliards de tonnes, en parlant de réserves mondiales potentielles, plus ou moins commercialement exploitables, pouvant s’élever à 47 milliards de tonnes.
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Même si la définition diffère d’une estimation à l’autre, il s’agit du triplement du chiffre, de quoi couvrir deux siècles de consommation.
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Un autre sujet des réflexions passe par les possibilités du recyclage du phosphore consommé, pas tellement pour augmenter les tonnages disponibles, mais pour lutter contre la pollution des sols et des ressources en eau, que l’on reproche à son emploi intensif dans l’agriculture extensive.
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Des projets de récupération du phosphore dans le fumier animal ou même dans les eaux usées débutent, notamment en Suède et en Allemagne, pour répondre, selon l’IFA, à l'un des grands défis des années à venir.
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Parcellement, l’Union européenne a lancé il y a six mois une étude sur une utilisation « durable » des ressources en phosphate, destinée à en limiter , sans nulle doute, la consommation.