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Diffusion d’un avis de l’Afsset sur les risques liés aux nanotechnologies
Article lu 12953 fois, depuis sa publication le 30/03/2010 à 09:00:00 (longueur : 3619 caractères)
L’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail, l’Afsset, vient de diffuser un avis très attendu des scientifiques et des industriels, utilisateurs de nanomatériaux dont la conclusion ne surprendra pas le lecteur averti :
« En l’état actuel des connaissances, le risque ne peut pas être évalué, il ne peut donc pas être exclu »
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Nous parlons à dessein de lecteur averti, car le public ne semble pas se sentir concerné et ne s’intéresse manifestement pas aux nanotechnologies, alors que de plus en plus de produits en contiennent, la preuve en est que parmi les quatre produits étudiés par l’Afsset se trouvent des chaussettes et des crèmes solaires.
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Précisons d’abord que les nanotechnologies n’ont qu’un seul point commun, leur appartenance à un même ordre de grandeur spatial, le nanomètre, qui correspond à un milliardième de mètre, et qui doivent leur essor à la mise au point, dans les années quatre vingt, de microscopes capables de les observer et de permettre de les façonner.
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Pour cette raison, on ne rencontre pas de nanoparticules ou matériaux, qui n’existent pas à notre échelle dans ce que nous utilisons ou consommons, alors qu’ils y sont de plus en plus fréquemment présents, à cause des qualités nouvelles caractéristiques qu’ils leur confèrent.
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Ils possèdent en particulier des propriétés optiques, électriques et magnétiques fort différentes de leurs homologues macro-structurés, qui intéressent un certain nombre d'industriels, en constatant que lorsque l’on diminue la taille d’un objet, on augmente le rapport entre la sa surface et son volume, ce qui lui confère de nouvelles qualités.
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Disons simplement ces qualités ouvrent aux nano matériels d’innombrables perspectives d’avenir dans des domaines aussi variés que l’énergie, les textiles, les cosmétiques ou encore la santé.
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Pour cette raison, le moment est sans doute venu d’identifier les risques précis, avec des seuils de dangerosité, alors que l’Afsset avait déjà préconisé ce principe pour les personnels de l’industrie et de la recherche, en recommandant d’éviter ou de minimiser l’exposition aux nanoparticules.
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Le directeur général de l’Afsset considère qu’avec les nanoparticules, il est impossible d’en rester aux généralités et qu’il faut les examiner, au cas par cas, produit par produit, usage par usage, en sachant que selon la formulation et la matrice où ils sont incorporés, chaque nanomatériau acquiert une réactivité et un comportement différent.
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Pour vérifier et pour illustrer cette donnée, l’Afsset a retenu quatre produits, parce que largement utilisés et représentatifs des différentes voies d’exposition directe, cutanée, par inhalation ou par ingestion, des chaussettes anti bactériennes, du ciment autonettoyant, des crèmes solaires et du sucre en poudre.
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En poussant aussi loin que possible les recherches, y compris en pratiquant des tests sur des rats, elle a surtout détecté des incertitudes qui conduisent à la nécessité de faire progresser les connaissances sur la caractérisation, l’exposition et la dangerosité potentielle des nanomatériaux.
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Encore un autre vaste programme.
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En attendant, l’Afsset préconise la mise en place d’une une base de données, alimentée par des fiches descriptives fournies par les industriels, pour assurer la traçabilité des produits, accompagné d’un étiquetage informatif à l’attention des consommateurs.
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On comprend mieux la discrétion des assureurs, peu enclin à se prononcer sur l’assurance des risques inhérents l’arrivée des nanotechnologies, en particulier dans le domaine de la responsabilité civile produits.