Crash Rio-Paris : les autorités préparent une nouvelle réglementation

Le directeur exécutif de l’Agence européenne de la Sécurité aérienne (AESA) a annoncé qu’un projet de nouvelle réglementation sur la certification en matière de condition givrante, remise en cause avec le crash du vol Rio-Paris de 2009, serait publié à la fin du premier trimestre.

"La nouvelle certification en matière de conditions givrantes n’est pas encore en place. On y travaille en coopération internationale. (…) Mais la NPA ("notice of proposed amendment", NDLR) sortira à la fin du premier trimestre de cette année. On va proposer une nouvelle réglementation concernant le givrage à la fin du premier trimestre", a déclaré mardi Patrick Goudou devant la presse.

Un Airbus A330 d’Air France, effectuant la liaison Rio-Paris, s’était abîmé en mer le 1er juin 2009, faisant 228 victimes. Si les causes exactes de l’accident n’ont pas été déterminées faute d’avoir repêché les boîtes noires, l’accident a mis en évidence la défaillance des sondes de vitesse Pitot qui givraient en haute altitude.

En décembre 2009, le Bureau d’Enquêtes et d’Analyses, chargé de l’enquête technique, avait recommandé de faire évoluer les normes de certification des sondes Pitot. Il avait alors demandé à l’AESA de "faire conduire des études pour déterminer avec une précision suffisante la composition des masses nuageuses à haute altitude".

Mardi, Patrick Goudou n’a pas directement évoqué les sondes Pitot, se bornant à souligner que les conditions en vol étaient "un peu différentes aujourd’hui", peut-être sous l’effet des changements climatiques. "Les températures sont plus froides, les conditions de givrage différentes", a-t-il encore dit.

Par le passé, l’AESA avait néanmoins reconnu que "même si tous les types de Pitot sont conformes au règlement, l’expérience actuelle avec les rapports d’incidents (…) indique que les règlements actuels ne sont pas adaptés à la réalité".

Interrogé sur les incidents en série relatifs au givrage des Pitot qui lui avaient été rapportés avant l’accident du Rio-Paris, Patrick Goudou a déclaré
: "Le retour d’expérience tel qu’on l’avait avant l’accident a été correctement appliqué. On a travaillé avec Airbus sur un certain nombre d’incidents et on n’a pas jugé utile de faire quoi que ce soit".

"Par rapport à l’information que l’on avait, on a travaillé tout à fait normalement, on a travaillé avec Airbus et on a considéré qu’il n’y avait pas de sujet particulier", a-t-il ajouté, précisant que l’AESA n’était pas en mesure de faire plus de commentaires, une instruction étant en cours.

Dans un document remis à la justice à l’automne 2010, Air France souligne avoir alerté les autorités, dont l’AESA, et interrogé à maintes reprises le constructeur européen ainsi que le fabricant des sondes de vitesse Thales sur la série de défaillances (givrage) constatées entre le 10 mai 2008 jusqu’à l’accident sur ces sondes qui équipaient ses A330 et 340.

L’AESA, basée à Cologne (Allemagne), a pour mission de garantir la sécurité aérienne civile. C’est elle qui propose la réglementation européenne, qui une fois adoptée par la Commission ou le Parlement européen, est applicable dans tous les Etats membres.

Elle délivre en outre des certifications pour l’ensemble des avions civils et leurs équipements.
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PARIS, 11 jan 2011 (AFP)
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