La grippe aviaire actuelle risque de laisser des traces
Article lu 8352 fois, depuis sa publication le 09/02/2017 à 08:01:27 (longueur : 3095 caractères)
La zone d'abattage préventif des palmipèdes, canards et oies, destiné à maîtriser l'actuelle épidémie de grippe aviaire, continue à se propager dans les Sud-Ouest de la France et a été étendue par le ministère de l'agriculture à 54 nouvelles communes, selon un arrêté paru le 7 février au Journal officiel.
Le nombre de communes concernées passe ainsi de 361 à 415 en quelques jours.
La plupart des nouvelles communes concernées se situent dans le département des Landes, qui devient le département le plus touché, devant le Gers et les Pyrénées Atlantiques.
Par contre, le nombre de communes touchées dans les Hautes Pyrénées et la Haute Garonne est resté stable.
Repéré fin novembre sur des oiseaux sauvages de passage, le virus H5N8 continue ainsi de s'étendre dans les élevages du Sud-Ouest, ce qui a motivé le lancement, dès le 4 janvier dernier, d'une politique d'abattage massive et préventive, pour tenter d'enrayer l'épidémie qui se développe.
Au départ, elle était propagée par les oiseaux migrateurs de passage mais, souvent aussi, transmise par les déplacements d'animaux dans les élevages.
La grippe aviaire est devenue un fléau sanitaire du Sud-Ouest qui est la première région d'élevage en France de canards gras, bénéficiant « d'une indication géographique protégée » une IGP.
Il faut savoir que 8 foies gras sur 10, produits en France sont originaires du Sud-Ouest, sur les 19 200 tonnes produites en 2015 et qui représentent 75 % de la production mondiale.
Cette production, répartie entre 4 800 exploitations représente 100 000 emplois directs et indirects, avec un chiffre d'affaires annuel de 2 milliards d'euros.
La région a été touchée par une première épidémie en 2016, imputable au virus H5N1, qui a été combattue par l'instauration d'un vide sanitaire entraînant l'abattage et le gel de la production du 2 mai au 15 août de l'année dernière et dont l'impact se fait encore sentir.
La crise de 2016 a coûté 270 millions d'euros à la filière, soit 130 millions d'euros pour la partie en amont, chez les éleveurs et chez les gaveurs et 140 millions pour la partie aval, la production et la distribution des foies gras.
Par ailleurs, elle a provoqué une chute des exportations en 2016.
Il ressort des chiffres disponibles actuellement pour le seul 1er semestre 2016 fournis par le ministère de l'agriculture, une baisse du volume, par rapport au 1er semestre 2015 de 22 %, qui tombe de 1 750 tonnes à 1 348 tonnes.
Le chiffre d'affaires a baissé de son côté de 23 %, en passant de 36 millions d'euros à 28 millions.
Même si en France, les ventes de fin d'année se sont maintenues, grâce aux stocks disponibles dans le commerce, la chute des exportations s'est accentuée du fait de l'arrêt des achats par, nos principaux clients étrangers, dont le Japon.
Pendant ce temps, les attaques contre le gavage industriel des palmipèdes, c'est accentué et finira par laisser des traces chez les amateurs de foie gras, mais aussi chez les éleveurs qui risquent de baisser les bras une fois stoppée l'épidémie en cours.