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Il est des temps où les mots révèlent les maux. Aujourd'hui, la société ne jure que par la gestion des risques. Les comités, les matrices, les audits et les chartes pullulent : tout doit être maîtrisé, calibré, prévisible. Le moindre aléa devient une menace existentielle, et la peur du risque une vertu civique. Nous ne vivons plus, nous mitigeons.
Et pourtant, à trop vouloir tout contrôler, nous avons inventé un monde sans saveur, un monde aseptisé où même l'amour est soumis à des normes ISO. D'où ce dilemme, faussement léger mais diablement révélateur : vaut-il mieux la maîtrise des risques ou la maîtresse sans risque ?
La première, sérieuse et disciplinée, a des allures de contrat d'assurance. Elle coche les cases, anticipe les sinistres et fait signer des avenants à la vie. Elle porte des gants pour manipuler le réel, de peur de s'y brûler. La seconde, fantasque et imprévisible, jette le protocole aux orties. Elle incarne le désordre, celui qui rappelle que le cœur n'est pas un tableau Excel. L'une rassure, l'autre bouleverse. L'une protège, l'autre provoque.
Mais la société moderne a tranché : vive la maîtrise ! Finie la maîtresse. On la juge dangereuse, inopportune, incompatible avec la conformité. L'imprévu est banni, la spontanéité suspecte, le risque, qu'il soit amoureux, entrepreneurial ou politique, relégué au rang de faute professionnelle. Nous voulons des vies garanties tous risques, mais finissons souvent par ne plus vivre du tout.
La « maîtrise des risques » s'étend à tout : au climat, à la finance, au corps, au langage. On parle de prévenir les dérives, sécuriser les pratiques, limiter l'exposition. Mais à force de vouloir neutraliser les dangers, on neutralise aussi les passions. Il n'y a plus d'écart, plus de vertige, plus de prise. L'homme moderne se félicite de sa prudence, sans voir qu'elle l'a vidé de sa sève.
La maîtresse sans risque, quant à elle, n'existe que dans les fantasmes du conformisme : c'est une promesse absurde, un oxymore parfait. Elle voudrait séduire sans troubler, enflammer sans brûler, inspirer sans déranger. Bref, elle serait l'équivalent charnel de la communication non violente : une étreinte en visioconférence.
Mais le risque, c'est la vie même. C'est lui qui fait battre le cœur, avancer les civilisations, oser l'inconnu. L'amour sans risque est une routine ; l'entreprise sans risque, une administration ; la politique sans risque, une bureaucratie. Les grandes découvertes, les grandes œuvres, les grandes histoires ne naissent jamais d'un plan de maîtrise parfait. Elles surgissent d'un déséquilibre, d'une audace, d'un désordre fertile.
La vraie question, finalement, n'est pas de choisir entre la maîtrise des risques et la maîtresse sans risque, mais de réconcilier la prudence et la passion. La première protège, la seconde anime. L'art de vivre consiste à savoir où poser la rambarde, sans jamais oublier de danser au bord du vide.
Alors oui, il vaut mieux la maîtrise des risques, mais à condition qu'elle reste un instrument, pas un dogme. Elle doit permettre d'avancer plus loin, pas d'empêcher de partir. Elle n'est pas l'ennemie du risque, mais sa compagne lucide. Car sans risque, il n'y a ni progrès, ni liberté, ni amour véritable. Et à trop vouloir éviter le danger, on finit toujours par s'exposer au pire : celui de n'avoir rien vécu.
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