L'Afrique est devenu une terre d'élection du solaire
Article lu 7897 fois, depuis sa publication le 08/02/2017 à 07:58:23 (longueur : 3389 caractères)
L'ensoleillement exceptionnel dont bénéficie l'Afrique et la présence d'espaces vierges qui favorise l'implantation de centrales solaires de grande dimension justifient l'adage « le soleil n'oublie jamais un village, même s'il est petit » dont il faut tirer avantage, en sachant que l'Afrique est une terre idéale pour l'exploitation de l'énergie solaire.
Grâce à une technologie désormais bien maîtrisée et des coûts de développement divisé par quatre en moins de cinq ans, il est possible, de produire en douze mois de l'électricité à des coûts inférieurs de moitié à ceux des vieilles centrales thermiques.
De ce fait, la course aux projets est lancée et les Etats accueillent à bras ouverts les producteurs indépendants d'électricité, ce qui fait que l'Agence internationale de l'énergie, l'AIE prévoit que d'ici 2030, le solaire pourrait représenter 14 % de la puissance électrique installée en Afrique.
C'est le Sénégal, avec l'inauguration de la plus grande ferme solaire d'Afrique de l'Ouest qui fait figure de précurseur.
Il convient pourtant d'être prudent, face à un défi majeur, celui d'intégrer une énergie certes renouvelable, mais qui demeure, de ce fait, intermittente et à laquelle il faut adapter le réseau de distribution existant.
Les pays les plus avancés fixent pour cette raison un seuil de sûreté qui limite la part d'énergies intermittentes, le solaire et l'éolien, dans leur bouquet énergétique.
Celui-ci est de 30 % à La Réunion, pour éviter l'effondrement du réseau.
Pour cette raison, les annonces de mégaprojets sont à prendre avec précaution car il faut en même temps préparer son intégration dans le réseau.
Pour les Etats africains, les enjeux sont techniques et financiers, en sachant que derrière chaque projet solaire privé se trouve un contrat garantissant l'achat par l'Etat de l'électricité produite à un prix fixé d'avance.
Si le réseau n'est pas capable d'absorber la production de ces centrales, la soutenabilité de ces contrats pourrait se poser pour les Etats, comme la viabilité, à terme pour les industriels, en manque d'électricité.
Pour cette raison, les Etats doivent mettre en place une planification pointue du secteur, en faisant croître progressivement la part des sources intermittentes dans le bouquet, en s'assurant que le réseau puisse absorber leur production, diversifier les sources d'énergie et, en conséquence, organiser des appels d'offres auprès des industriels, avec des cahiers de charges précise.
La mise en cohérence des différents segments, de la production au transport et la distribution, ne doit connaître aucune approximation.
Pour les Etats, il s'agit de maîtriser le coût complet des projets solaires, en prenant en compte notamment la charge indirecte liée à leur intermittence imputable à la production additionnelle d'électricité non intermittente, autrement dit, celle produite à partir d'énergies fossiles.
Cependant, il est de la responsabilité des opérateurs privés de proposer des projets complets aux Etats, intégrant aux unités solaires des réponses à l'intermittence de cette production.
A défaut, de solutions de stockage, les opérateurs devraient offrir des solutions duales, couplant le solaire avec d'autres sources de production, éventuellement non renouvelables, pour éviter que le solaire ne devienne un fardeau pour l'économie du pays.