La ville idéale de demains sera interdite aux modes de circulation d'aujourd'hui Article lu 35096 fois, depuis sa publication le 07/10/2016 à 07:32:51 (longueur : 5402 caractères)
Imaginons une grande ville, une capitale où les voitures privées n'ont pas le droit de circuler, ni les taxis et VTC traditionnels, ni les autobus à itinéraires fixes et probablement les tramways pas non plus.
Resteront autorisés les transports qui circulent sous terre, métros et trains qui ont leur réseau propre, qui n'interfère pas avec la circulation urbaine.
Cette idée a été expérimentée et modélisée par le Forum International des Transports, un laboratoire d'idées, un « think tank » comme on dit maintenant, affilié à l'Organisation de coopération et de développement économique, l'OCDE qui regroupe, avec ses Etats associés, 57 pays.
Le point faible de cette étude expérimentale est d'avoir été réalisée à partir des données de mobilité réelles de Lisbonne, une ville de seulement 2,8 millions d'habitants, une ville de taille humaine, ce qui n'est pas le cas des métropoles d'aujourd'hui.
Lisbonne dispose d'un métro ultramoderne et est doté d'un tram folklorique qui est l'attraction de la vieille ville, dont il n'est pas question dans la simulation, mais dont on n'imagine pas la suppression.
Il est difficile de savoir ce qu'aurait donné la même simulation à Paris, qui ne compte que 2 millions d'habitants, cantonnés à l'intérieur de son boulevard périphérique mais qui est enclavé dans une agglomération comptant 10 millions d'habitants, que l'on ne peut pas dissocier.
Le secrétaire général de ce « think tank », José Viagas, ancien professeur de transport à l'université de Lisbonne vient de dévoiler cette simulation qui suppose la disparition des véhicules qui sillonnent traditionnellement le réseau routier urbain et leur remplacement par deux types d'engins.
En fait, il est prévu deux options offertes aux usagers :
Une première option est fondée sur un parc de taxis collectifs, de grosses voitures de six places organisées sur le modèle d'Uberpool où l'on partage le véhicule.
Disponible en sept minutes maximum, ils transporteraient pour un prix donné, les voyageurs de porte à porte, par l'entremise d'une application pour smartphone dédiée, c'est le mode de transport de confort.
La deuxième option, plus abordable est un réseau de minibus de 8 à 16 places, toutes assises, allant ramasser les usagers à leur demande à des points de prise en charge définis et les déposerait à leur point de destination.
Une application gérerait l'ensemble du trafic et un délai de trente minutes serait requis avant de voir arriver le bus à l'arrêt demandé, arrêt où il faudrait se rendre.
Si l'on en croit les calculs des ordinateurs du Forum International des Transports, il y aura une diminution de 97,2 % du nombre de véhicules circulant, une baisse de 23 % du volume du trafic et jusqu'à 37 % en heure de pointe et on note un recul de 34 % des émissions de CO2.
Il en résulterait une libération massive de l'espace public, comme par exemple 95 % des places de stationnement suivi d'une disparition de la congestion automobile centre-ville.
Il faut aussi y ajouter les conséquences sociales comme l'amélioration de l'accès à l'emploi, à la santé, à l'éducation, bref une ville idéale.
Pour José Viagas, cette proposition permet de mieux occuper la ressource, c'est-à-dire l'espace dans le véhicule et l'utilisation plus rationnellement des automobiles, infiniment moins nombreuses mais qui parcourront de plus grandes distances.
Outre la capitale portugaise, Lisbonne, cinq villes ont dès à présent demandé une simulation : Dublin, Helsinki, Auckland en Nouvelle Zélande et deux autres villes non européennes dont l'identité n'a pas été dévoilée.
Pour ce qui concerne Lisbonne, on a quelques informations d'ordre pratique pour la mise en application de la simulation.
Elle suppose un doublement du nombre de taxis, 6 000 contre 3 000 actuellement et de bus, 1 000 contre 500, en sachant que les chauffeurs représenteraient 50 % du coût total du service, mais ce sans tenir compte de la possibilité de passer ultérieurement aux véhicules autonomes.
Pour José Viagas, ce projet révolutionnaire bute au fond sur une inconnue de taille, à savoir s'il existe quelque part dans le monde une ville ou 100 % des habitants seraient prêts à renoncer complètement à un usage personnel de l'automobile.
Nous pensons que dans une ville comme Paris, les automobilistes qui ne circulent qu'en ville y ont déjà renoncé, pour une grande majorité d'entre eux.
Les parisiens qui ont conservé leur véhicule personnel s'en servent pour partir en week-end et en vacances où, s'ils n'ont pas d'autre moyen efficace et pratique pour se rendre à leur travail, hors de Paris, comme c'est malheureusement trop souvent le cas en région parisienne.
Dans Paris intro muros, les voitures immatriculées 75 se font de plus en plus rares, par contre on y voit les voitures des habitants de la région, qui sont obligés de prendre leur véhicule, eux, pour venir travailler à Paris.
Mais revenons sur terre, dans cette ville idéale, il y aura toujours les vélos, de plus en plus nombreux, faut-il les interdire aussi ? les véhicules des services publics, les véhicules de livraison et ceux des artisans, et les citadins doivent pouvoir sortir de la ville et y retourner.
Quoi que l'on décide et que l'on fasse, il y aura toujours des véhicules automobiles qui circuleront en ville.
Erik Kauf
Rédacteur en Chef
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