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Transition écologique : l’enjeu des matières premières

Transition écologique : l'enjeu des matières premières

Article lu 24872 fois, depuis sa publication le 07/01/2023 à 08:18:23 (longueur : 10562 caractères)


Pétrole, gaz, lithium pour les batteries… Le monde redécouvre l'importance des matières premières dans le contexte d'une mondialisation fragilisée. Une course internationale est lancée, notamment pour l'approvisionnement en métaux critiques liés à l'énergie au sens large, mais aussi pour tous les ingrédients de base indispensables au simple fonctionnement de nos économies.

Après le Covid, la guerre en Ukraine jette aujourd'hui une lumière crue sur la vulnérabilité des approvisionnements en matières premières dans le monde. L'Europe recherche désespérément des alternatives au gaz russe… Tandis que l'approvisionnement en matières premières minérales, indispensables à la transition énergétique, devient critique. «Notre génération de dirigeants n'a vécu qu'avec la mondialisation, le monde ouvert, le business aussi. Nous n'avons pas voulu en voir les inconvénients, estime Christel Bories, PDG d'Eramet. Pourquoi se contraindre à aller chercher des choses plus chères, alors qu'il existe une solution à l'autre bout de la planète ? Nous avons aussi joué la facilité, en laissant à la Chineles productions les plus énergivores, les plus sales. Et tout à coup, on se réveille parce qu'il n'y a plus de magnésium lorsque la Chine traverse une crise de l'énergie. Nous n'avons pas voulu voir l'écueil de la mondialisation. Personne ne voulait voir notre dépendance aux matières premières ». Or, sans elles, la machine économique se grippe.

Des éléments essentiels pour nos modes de vie

Produites par la nature, les matières premières sont indispensables à la fabrication de tous les produits manufacturés. Certaines sont renouvelables, mais d'autres résultent de processus géologiques qui durent des millions ou des milliards d'années et ne se régénèrent pas à l'échelle humaine, comme les matières énergétiques (charbon, pétrole, gaz) ou les métaux (aluminium, fer, cuivre, etc.). La consommation de matières premières n'a cessé d'augmenter depuis la révolution industrielle, avec une accélération spectaculaire au cours des cinquante dernières années.

«Ces matières premières sont les briques fondamentales indispensables à nos modes de vie et à nos sociétés«, souligne Alexandre Garese, fondateur de Kouros, une entreprise qui investit dans des projets énergétiques d'avenir et en particulier dans l'hydrogène. «C'est pour cette raison, et dans le pressentiment d'une révolution déjà souterrainement à l'oeuvre, que j'ai commencé à m'intéresser à l'hydrogène dans les années 2000, explique encore Alexandre Garese. « L'hydrogène m'a très tôt fasciné par son omniprésence sur terre, puisqu'il est constitutif de l'eau dont nous sommes nous-mêmes constitués. Je me suis dit qu'il était si inhérent à toute forme de vie, qu'il devait nécessairement receler toutes sortes de solutions. Aujourd'hui, je suis persuadé d'avoir fait le bon choix en m'orientant vers des sources d'énergie pérenne ». Difficile de donner tort à Alexandre Garese tant la transition énergétique à venir modifiera les grands équilibres entre production et consommation. Mais pour l'hydrogène comme pour le reste des technologies de production électrique, les solutions énergétiques de demain vont devoir elles-aussi compter sur d'autres matières premières indispensables.

Tensions sur les métaux critiques pour la transition énergétique

Cuivre, cobalt, nickel, lithium, terres rares… Après un siècle de tensions géopolitiques autour de l'accès au pétrole, de nouvelles dépendances se créent aujourd'hui vis-à-vis des pays producteurs de ces métaux cruciaux pour les technologies bas carbone et l'électrification de la planète. Une batterie de véhicule électrique contient 45 kilos de lithium, 7 kilos de cobalt et 50 kilos de nickel, et une éolienne en mer intègre 300 à 500 kilos de terres rares. Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la demande mondiale de métaux critiques pourrait ainsi quadrupler d'ici 2040 si le monde se conforme aux engagements de l'accord de Paris sur le climat. Pour cette transition, «il faudra produire plus de métaux d'ici 2050 que l'humanité en a produit au cours de toute son histoire«, alerte Olivier Vidal, de l'Institut des Sciences de la terre de Grenoble (CNRS). L'Europe risque ainsi d'être exposée à des «manques critiques sur les quinze prochaines années«, en particulier sur le lithium, le cobalt, le nickel, le cuivre et les terres rares.

«Le triangle du pétrole et du gaz - Arabie Saoudite, Russie et Etats-Unis … gouverne le monde depuis quarante ans. Ce monopole va laisser peu à peu place à une bipolarisation entre les Etats-Unis et la Chine, grands utilisateurs des métaux de la transition énergétique », estime Philippe Varin, auteur d'un rapport sur l'approvisionnement de l'industrie française en matières premières minérales. En Afrique et ailleurs, la Chine et ses entreprises ont pris «40 % du contrôle des chaînes de valeur pour les métaux nécessaires à la fabrication de batteries.. Dans un contexte de «tensions sur les métaux«, l'ex-PDG de PSA en appelle au développement d'une «diplomatie des métaux« dans une optique «de partenariat avec des pays riches en ressources ».

Pour la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, « le lithium et les terres rares seront bientôt plus importants que le pétrole et le gaz ». Il s'agit donc « d'éviter de nous retrouver à nouveau dans une situation de dépendance ». C'est pourquoi Bruxelles a lancé un plan européen pour sécuriser l'approvisionnement en matières premières critiques, avec la création d'un nouveau fonds européen pour la souveraineté. L'Europe va devoir développer une filière industrielle si elle ne veut pas recréer de nouvelles vulnérabilités stratégiques. Aujourd'hui, par exemple, le Vieux continent dépend à 100 % des importations pour le lithium et les besoins en cette matière première devraient être multipliés par 18 d'ici à 2030.

De nombreux projets économiquement vitaux en Europe

Dans ce contexte, les matières premières font évidemment figure de nouvel eldorado. C'est la nouvelle bataille commerciale mondiale : les puissances sont lancées dans la course aux terres rares et aux minéraux critiques. «Cette course a déjà entraîné une explosion des prix, notamment du carbonate de lithium, qui est déjà monté de 10 à 50 dollars le kilo, et dont certains imaginent qu'il pourrait atteindre les 100 dollars, précise Christophe Pillot, directeur du cabinet Avicenne Energy. Tous les prix des matériaux ont augmenté, des métaux purs aux composants ».

Ainsi, les projets d'investissement liés aux matières premières se multiplient en Europe. «Nous voyons arriver chaque semaine de plus en plus de projets concernant les matières premières, et en particulier les matières premières critiques», explique Eoin Kean de la Banque européenne d'investissement. « Au cours des deux dernières années, nous avons reçu quelque 80 projets, de l'extraction à l'assemblage, en passant par la transformation et les usines de batteries ».

Ce qui n'empêche pas l'Europe et les industriels de travailler à toutes les solutions parallèles : «La nécessaire refondation du système énergétique est une source d'opportunités pour les investisseurs et entrepreneurs, estime Alexandre Garese. La batterie et l'hydrogène, notamment, constituent les deux solutions pérennes et complémentaires de ce nouveau paradigme«. Souhaitant se concentrer sur la mobilité lourde, sa société d'investissement Kouros a privilégié l'hydrogène et propose notamment aux transporteurs, via sa société Hyliko, une offre intégrée comprenant fourniture d'un hydrogène produit à partir de biomasse, leasing et entretien des camions. Autre avantage des technologies hydrogène par rapport aux batteries, outre leurs performances en mobilité lourde : les besoins en matériaux de base sont différents, sans la nécessité de disposer de lithium par exemple.

L'exploration du lithium fait néanmoins l'objet de plusieurs projets jusqu'au coeur de l'Europe. Le plus important est celui de la start-up germano-australienne Vulcan Energy, qui vise à utiliser les eaux géothermales riches en lithium du fossé rhénan en Allemagne. Elle vient également de demander un permis d'exploration en Alsace, afin de poursuivre l'exploitation côté français. «Il n'y a que deux endroits dans le monde où l'on peut trouver cette ressource géothermale, en Californie, et dans la vallée du Rhin«, indique Vincent Ledoux-Pedailles, directeur commercial de Vulcan Energy. De son côté, Imerys prévoit d'ouvrir une mine de lithium dans l'Allier. Nécessitant près d'un milliard d'euros d'investissement, elle produirait assez de lithium pour fournir 700.000 véhicules électriques par an dès 2028. «Aujourd'hui, l'Europe importe 100 % de son lithium, souligne Allesandro Dazza, le PDG d'Imerys, n°1 mondial des minéraux industriels. «Notre projet va participer à la souveraineté industrielle de la France et de l'Europe

Et pour les deux, il y a urgence.



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