Il reste à la France de se convertir aux énergies renouvelables
Article lu 30019 fois, depuis sa publication le 06/03/2015 à 07:36:39 (longueur : 4675 caractères)
Les énergies renouvelables, issus de la puissance de l'eau, du vent et du soleil doivent prendre progressivement le relais des énergies fossiles, le charbon et les hydrocarbures, dont de nombreux Etats tirent toujours leur richesse et sur lesquelles repose, mise à part le nucléaire, l'essentiel de l'énergie dont le monde est encore tributaire.
Depuis des décennies, le monde redoute l'épuisement des sources d'énergies fossiles exploitables, or grâce aux nouvelles techniques d'exploration, d'exploitation et des découvertes de gisements exploitables, voire de ressources non conventionnelles, cette menace ne cesse de s'éloigner.
Mis à part le risque climatique lié à leur exploitation, dont le monde prend tout juste conscience, la pénurie tant redoutée s'est éloignée de nous, au point de pouvoir arrêter l'exploitation des gisements les moins rentables, avec en ligne de mire, les plus polluants.
Dans ce contexte, l'énergie nucléaire reste une réserve potentielle qui ne demande qu'à être exploitée.
La France, qui a fermé progressivement ses mines de charbon, en voie d'épuisement et qui, malgré des recherches intensives n'a plus découvert de gisement d'hydrocarbures significatifs, depuis la découverte du gaz de Lacq, c'est tourné, avec le résultat que l'on connaît, vers l'électro-nucléaire, qui produit actuellement 75 % de son électricité.
L'énergie hydraulique, issue des barrages, fait partie des énergies renouvelables traditionnelles en couvrant un peu moins de 15 % de la production d'électricité actuelle et pour combler nos besoins nous devons encore recourir aux centrales thermiques, fonctionnant au gaz naturel de préférence à celles au charbon ou au fuel, tout en comptant sur la montée en puissance des énergies renouvelables de la nouvelle génération.
En France, les pouvoirs publics anticipent cette montée en puissance en programmant la réduction de 75 % à 50 % de sa dépendance du nucléaire, alors qu'elle est plutôt en retard dans le domaine des renouvelables.
Ce retard n'est pas imputable au manque de volonté politique, mais ce sont les investissements qui ne suivent pas.
A cet égard, le Premier ministre, Manuel Valls, a affirmé que 2015 sera en France une année verte en précisant : « On entend souvent dire que les régulations environnementales sont un frein à la croissance, ce qui est faux, en souhaitant une révision des subventions aux énergies ».
Il constate que la croissance des énergies renouvelables est particulièrement forte dans les pays émergents comme la Chine, alors que la France est à la traîne.
Lors de la signature du paquet énergie-climat 2020, de l'Union européenne, adopté en 2008, la France s'était fixée un objectif de 23 % de renouvelable dans sa consommation finale d'énergie, pour la fin de cette décennie.
Elle est actuellement à moins de 15 %, à partir du bois-énergie et de l'hydraulique et, selon le Syndicat des énergies renouvelables, le SER, au rythme actuel, on ne sera qu'à 17 % en 2020, loin des 23 % programmés.
L'éolien terrestre est très en retard, avec seulement un peu plus de 6 000 MW installés pour un objectif de 9 000 MW en 2020.
Quant à l'éolien off shore, qui visait 6 000 MW installés en 2020, il doit pour le moment se contenter de la moitié, de 3 000 MW, dans le cadre des deux appels d'offres lancés en 2011 et en 2013, en sachant que les 6 parcs de turbines en mer ne commenceront à tourner qu'après 2020, en attendant un troisième appel d'offres avant fin 2015.
Par contre, dans le photovoltaïque l'objectif de 5 400 MW en 2020 est sur le point d'être dépassé car la France en est déjà à 5 300 MW, en métropole.
La biomasse, bois-énergie et déchets monte en puissance alors que les deux fermes pilotes d'un total de 11 hydroliennes attendus fin 2016 ou début 2017 sont encore émergentes.
Pour 2030, la barre a été placée très haute, la loi en cours de négociations prévoit 32 % de renouvelables dans le mix énergétique français, tandis que l'Union européenne ne table que sur 27 %.
Pour ce qui est du financement, les entrepreneurs attendent une programmation pluriannuelle de l'énergie telle que prévu par la loi de transition énergétique, à la hauteur des enjeux, et assortie des financements correspondants.
Ils demandent ainsi le bénéfice de l'autorisation unique pour les installations renouvelables, une mesure de simplification administrative destinée à réduire les délais de réalisation des projets, aujourd'hui en moyenne de 8 ans.
Ils demandent aussi une période d'adaptation du nouveau dispositif de soutien aux filières renouvelables, destinée à remplacer les tarifs d'achat garantis actuels.
Erik Kauf
Rédacteur en Chef