Les moyens de lutter contre la pollution restent à trouver

Paris et d'autres villes en France viennent de subir une semaine de pollution atmosphérique sévère qui a motivé pendant quatre jours la mise en place de la circulation différenciée ce qui limite le nombre de véhicules en circulation. Encore faut-il qu'ils aient leur badge Crit'Air.

Quand on parle, en termes de pollution de Paris, on vise la capitale elle-même et la vingtaine des communes limitrophes, qui forment une seule et même concentration urbaine.

Une partie de la France a été plongée en même temps dans un brouillard de particules fines qui a essentiellement frappé les zones urbaines et que l'absence de vent n'a pas dissipé, ce qui a permis de constater qu'il s'agissait d'une pollution locale et non pas d'une pollution venue d'ailleurs, comme cela se produit régulièrement.

Nous avons en région parisienne, dans cette agglomération urbaine suffisamment de sources de pollution, le transport, l'industrie et le chauffage, mais nous pouvons recevoir, en période de fort vent, la pollution agricole venue des régions, de la pollution industrielle, voire même de la pollution importée de l'étranger, les nuages pouvant tourner autour de la Terre, avant de se dissiper.

Paris et ses communes limitrophes ne forment pas la seule agglomération dans ce cas, la même situation se produit régulièrement autour des capitales régionales.

Cependant, même en l'absence de vent, la pollution peut se dissiper en s'élevant dans l'atmosphère, dans la mesure où la température de l'air au ras du sol est plus élevée que celle en altitude, ce qui est normalement le cas.

Or, pendant quelques jours s'est produit un phénomène relativement rare en période hivernal, qui a bloqué l'ascension de l'air pollué, que l'on désigne par inversion de température.

Celle-ci se manifeste par une couche d'air chaud située au-dessus d'une couche d'air plus froid généralement polluée, qui se trouve ainsi bloquée, au grand dam de la population.

C'est ce qui vient de se produire à Paris où on a relevé, le matin, une température de 2 degrés au ras du sol et de 6 degrés en haut de la Tour Eiffel, ce qui fait que la pollution sur Paris n'a pas pu se dissiper pendant plusieurs jours.

Airparif qui mesure la qualité de l'air en Ile de France signale un premier palier, celui de l'information en cas dépassement de 50 microgrammes de particules fines par mètre cube d'air, qui est le seuil d'information, puis elle donne l'alerte, une fois atteint le second seuil d'alerte, qui est de 80 microgrammes par mètre cube d'air. Il serait préférable d'agir efficacement, dès que le premier seuil est atteint, sur les sources de pollution, dans la mesure où il s'agit de sources locales. Mais rien n'est fait avant le deuxième seuil.

On incrimine d'abord la circulation automobile, la source de pollution la plus visible, toutefois, elle représente au plus 1/3 de la pollution.

La première réaction des pouvoirs publics est de réduire à chaque alerte, de 20 km/h les vitesses de circulation autorisées, généralement sous la forme d'une recommandation, rarement respectée par les automobilistes et parfois à observer impérativement, sur décision préfectorale, sous peine de sanction, mais là non plus sans effet réel sur la pollution.

La circulation alternée, très pénalisante pour certains automobilistes, cède la place à la circulation différenciée, en fonction des vignettes Crit'Air que toutes les voitures et 2 roues motorisés doivent afficher. Le niveau de la vignette est attribué en fonction de la pollution supposée du véhicule.

Elle permettra d'interdire l'accès aux centres-villes de manière permanente ou en cas de forte pollution seulement aux véhicules les plus polluants, selon leur catégorie.

La mairie de Paris a dans son collimateur tous les diesels, encore majoritairement en circulation en France, bien que les derniers modèles ne soient pas plus polluants que les voitures à essence, là une clarification s'imposera avant toute décision.

Cet épisode de pollution a relancé l'opposition entre la mairie de Paris et la région, au sujet de la fermeture des voies sur berges qui gênerait plus les automobilistes de la région que les automobilistes parisiens, une situation attisée par les perturbations malencontreuses du réseau Ile de France de la SNCF.

De plus, quand les voitures électriques arriveront en masse sur le marché, ce qui est subordonné à l'autonomie des batteries et à leur prix, ce qui risque d'arriver plus vite que l'on pense, alors il restera à EDF à pouvoir alimenter les prises permettant de recharger les batteries de ces voitures.

Cependant, la circulation des voitures électrique n'est pas exempte d'émissions de particules fines, par les freins et les pneumatiques, qu'il faudrait pouvoir aspirer.

La première source de pollution est actuellement le chauffage qui s'estompera progressivement avec les nouvelles techniques de construction et l'isolation thermique progressive du parc ancien.

Cependant, il ne faudrait pas remplacer le chauffage individuel au charbon d'antan par le chauffage au bois, préconisé par certains, qui est une importante source d'émission de particules fines, sauf à disposer d'appareils de chauffage assurant une combustion totale, ce qui est loin d'être le cas.

La Communauté Européenne vient de se doter d'une nouvelle directive anti -pollution, plus restrictive que l'ancienne, mais impuissante à mettre fin à la pollution de l'atmosphère et qui n'a pas d'effets sur les caprices du temps.

Erik Kauf
Rédacteur en Chef