Quelle vie après un cancer ?
Article lu 7928 fois, depuis sa publication le 03/02/2014 à 15:07:22 (longueur : 4866 caractères)
355 000 : c'est le nombre de nouveaux cas de cancer, dénombrés en 2012. Chaque année, le nombre de malades augmente. Les progrès médicaux ont permis d'améliorer les chances de rémission, voire de guérison.
Ce but, que le patient et son entourage, poursuivent durant des mois tel un eldorado, trouve une réponse favorable dans 50% des cas : 1 malade sur 2, en moyenne, guérit du cancer.
L'eldorado se teinte pourtant parfois de nuances amères : les séquelles émotionnelles et physiques sont omniprésentes. Quelle vie peut-on espérer, après un cancer ?
Psychologiquement
Après un cancer, plus rien n'est comme avant. La réadaptation à de nouveaux paramètres, qu'ils soient physiques, moraux, sociaux peut s'avérer compliquée et douloureuse. Lorsque cessent les soins, il n'est pas rare que le patient souffre d'un sentiment d'abandon.
Un syndrome dépressif est susceptible de s'installer. De même, l'anxiété post-cancer s'avère parfois difficile à juguler.
Réactivée à chaque nouveau contrôle, elle n'autorise non seulement pas à se projeter dans l'avenir, mais en plus elle empoisonne l'instant présent.
Le dialogue avec le médecin traitant, ou des associations, ouvre les portes à des dispositifs d'accompagnement à l'après-maladie : groupes de paroles, prises en charge psychologique, etc.
Après un cancer, il faut surtout se réapproprier le présent. Certains anciens malades ne s'y trompent pas et expriment le fait de se sentir plus forts, justement de savoir relativiser le quotidien.
Physiquement
Après la maladie, bien souvent, le corps change. Il porte des stigmates visuels, comme des cicatrices ou bien des « anomalies » résiduelles post-traitements, comme de l'eczéma ou une fatigabilité accrue.
Il faut réapprendre à vivre avec une nouvelle apparence, de nouvelles réactions ou des capacités physiques parfois amoindries. Là encore, un accompagnement psychologique peut être nécessaire.
La plupart des services d'oncologie disposent d'un(e) psychologue spécialisé(e) dans les problématiques du cancer et il ne faut jamais hésiter à les solliciter.
Certaines disciplines, comme la sophrologie, peuvent aider à « faire la paix » avec ce nouveau corps : cela touche particulièrement ceux et celles qui sont complexés par leur nouvelle apparence. Le cancer est un combat que personne ne choisit : en garder des traces est dans la logique des choses.
Professionnellement
Le retour à la vie professionnelle est un moment important dans la vie du malade en rémission, dès lors qu'il entre dans le cadre d'une invalidité de 1ère catégorie.
Il importe que la personne soit bien informée de ce que le législateur prévoit, en matière d'insertion ou de réinsertion professionnelle : de la visite de pré-reprise, pour les salariés du régime général et agricole, aux éventuels aménagements de postes.
De là, découleront des horaires adaptés, un temps partiel, des changements d'outils, etc. En cas d'incompatibilité totale du poste de travail, avec l'état physique du salarié, des mesures de reclassement sont envisageables.
L'entourage est impacté par le cancer
Un cancer n'ébranle pas que l'existence du malade. L'entourage est touché de plein fouet. La maladie laisse des séquelles dans la sphère sociale.
L'accompagnant, souvent le conjoint, se trouve à la fois soulagé lorsque la course incessante prend fin, mais il peut aussi ressentir une sorte d'hyper-vigilance, épuisante à terme.
Les proches du malade peuvent souffrir du même sentiment d'insécurité, que le malade lui-même, une fois que les traitements ont pris fin.
Parfois, des tensions naissent de l'incompréhension mutuelle, qui s'installe.
Encore une fois, recourir à une consultation psychologique, peut permettre de dénouer les fils de l'anxiété et restaurer un dialogue propice à une vie plus sereine.
Quels axes de progrès ?
Les survivants du cancer sont de plus en plus nombreux.
Les années qui viennent devraient confirmer cette tendance occidentale, compte tenu ses structures de soins.
Les malades devront continuer à vivre avec ce passif douloureux.
Comment le pourront-ils ?
Étant donné leur proportion grandissante, il appartient à la société de créer et mettre en place des dispositifs destinés à minorer les conséquences sociales, physiques et psychologiques de ce fléau.
Les divers plans cancer y pourvoient dans une certaine mesure.
Toutefois, l'offre de soins se délite en France, laissant planer un doute quant à la qualité des futures prises en charge médicales.
Pour en savoir plus, sur FranceMédecin : http://www.riskassur-hebdo.com/actu01/actu_auto.php?adr=3009131308