Antarctique: le navire chinois à son tour en difficulté Article lu 8670 fois, depuis sa publication le 03/01/2014 à 12:54:22 (longueur : 4056 caractères)
Le navire chinois qui s’est porté au secours des passagers d’un navire russe piégé dans l’enfer blanc de l’Antarctique pendant plus d’une semaine a signalé vendredi qu’il était à son tour en difficulté, cerné par la banquise.
Le Xue Long --ou Dragon des neiges-- est ancré depuis plusieurs jours au milieu des glaces pour participer au sauvetage des passagers du MV Akademik Chokalskiï, un navire russe bloqué depuis le 24 décembre par la banquise.
Or l’Autorité australienne de sécurité maritime (Amsa) a reçu vendredi un message du navire "lui notifiant l’inquiétude (de l’équipage) sur sa capacité à progresser dans les glaces épaisses de la zone".
Le Xue Long possède un hélicoptère qui a servi à évacuer 52 scientifiques, touristes et journalistes australiens, britanniques et néo-zélandais coincés à bord du MV Akademik Chokalsiï à environ 100 milles marins (180 kilomètres) à l’est de la base française Dumont d’Urville.
Les secours australiens ont dérouté des brise-glaces, dont l’Astrolabe français, sans succès, l’épaisse banquise se révélant infranchissable.
Ils ont alors organisé une évacuation par les airs avec le Xue Long.
L’opération s’est déroulée en quelques heures jeudi à la faveur d’une amélioration des conditions météo.
L’hélicoptère a récupéré douze passagers à chaque rotation de 45 minutes, transportés sur un navire australien, l’Aurora Australis, dans des conditions périlleuses, les glaces se déplaçant rapidement au gré du vent et des courants.
L’Aurora Australis devait gagner la pleine mer dans la journée et se diriger vers la base australienne de Casey pour faire le plein de carburant avant de mettre le cap sur l’Australie.
Mais il a finalement été décidé de le maintenir sur zone pour porter assistance en cas de nécessité au navire chinois dont la mésaventure illustre les dangers de la navigation en Antarctique et la complexité des interventions de secours.
L’opération menée autour du navire russe "était assez difficile", a confirmé vendredi John Young, directeur général de l’Autorité australienne de secours en mer (Amsa).
"Il ne faudrait pas que ce soit trop souvent aussi loin. Toutes les opérations (de sauvetage) en Antarctique sont délicates à cause de la nature du milieu et dans ce cas particulier en raison du mouvement de la glace et des conditions météo changeantes", a-t-il ajouté.
Des règles pour les opérations polaires
Contrairement aux 22 membres de l’équipage russe, les 52 passagers "n’étaient pas vraiment entraînés à cet environnement". "Nous sommes soulagés qu’ils soient actuellement en route pour Casey et que seuls les équipages professionnels restent à bord", a-t-il dit.
L’équipage du MV Akademik Chokalskiï restera à bord en attendant la libération du navire. Ils bénéficient de confortables réserves de vivres et n’ont pas demandé d’assistance.
La question se pose désormais de savoir qui va supporter le coût des opérations de secours. Les autorités maritimes internationales devront établir les responsabilité éventuelles.
"Les leçons tirées de ces expériences peuvent être transmises à l’Organisation maritime internationale pour édicter des règles encadrant les opérations polaires", a fait valoir John Young.
Avant d’être pris dans la banquise, le bâtiment se trouvait dans une zone où les bateaux peuvent normalement circuler à cette époque de l’année, mais un brusque changement des conditions météo l’a poussé vers les glaces.
Marins et passagers ont patienté en jouant à des jeux de société, en se promenant sur la banquise pour observer les manchots ou en participant à des cours de premier secours.
Ils ont aussi composé un hymne et se sont filmés chantant sur le pont du bateau pour le réveillon du Nouvel an, apparaissant même sur grand écran à Times Square, au coeur de New York.
Les passagers du navire russe reproduisaient l’expédition historique menée dans l’Antarctique il y a un siècle (1911-1914) par l’explorateur australien Sir Douglas Mawson.
SYDNEY, 03 jan 2014 (AFP) - Par Madeleine COOREY
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