Le conseil d'administration et le risk management du futur (Pr Jean-Paul Louisot)

« Le droit de la gouvernance, de la gestion des risques et de la conformité est l'ensemble de règles, de règlements et de pratiques exemplaires qui, individuellement et collectivement, visent à assurer que les organisations sont gérées efficacement et de manière à améliorer le bien-être social. » (Geoffrey P. Miller)

Le monde connait encore de nouveaux chocs, la guerre en Ukraine, le retour de l'inflation, venus se superposer à des chocs antérieurs, une pandémie mondiale mortelle, des perturbations des réseaux d'approvisionnement. Tous ces événements sont venus aggraver et accélérer des tendances lourdes au changement et à la rupture comme la dérive climatique, la numérisation et la problématique de la soutenabilité.

Les dirigeants et les administrateurs, en particulier au sein des multinationales, sont conscients des difficultés engendrées par cette accumulation de chocs pour la gestion stratégique en matière d'environnement, et plus généralement ce qui relève des facteurs ESG, multiplient les défis à relever et la situation devrait se prolonger dans l'ère d'extrême volatilité dans laquelle le monde est entré. Une telle météorologie met à l'épreuve le courage des dirigeants, certains quittent la course et cherchent un abri tandis que d'autres chaussent des pneus pluie et appuient sur le champignon.

Dans la tourmente, deux types de chefs d'entreprise émergent :

-Le premier type adopte une attitude prudente et défensive face à la volatilité et à l'incertitude. Ces dirigeants courbent l'échine et se concentrent sur les menaces immédiates. La planification de scénarios, la préparation de la résilience, la gestion du bilan, les mesures d'efficience à court terme et la surveillance minutieuse de l'inflation sont au cœur de leurs préoccupations. Ces dirigeants sont en mode d'attente et de surveillance stratégique au fur et à mesure que les conditions évoluent. La majorité des cadres supérieurs entrent dans cette catégorie.

-Le deuxième type prend toutes les mesures défensives qui s'imposent tout acceptant la volatilité, l'utilisant comme catalyseur pour galvaniser l'action pour saisir de nouvelles opportunités. La perturbation actuelle a renforcé la volonté de ces dirigeants d'aller de l'avant avec audace, et ils revoient des éléments de leur stratégie qui étaient peut-être laissés en jachère. Ces leaders jouent à la fois en attaque et en défense.

C'est une bonne approche. Les recherches sur la résilience des entreprises montrent que les attitudes uniquement défensives tendent à produite des performances médianes pour un organisme, tandis que les attitudes offensives débouchent un cocktail de succès occasionnels et d'échecs catastrophiques. Les dirigeants et les organismes les plus performants sont ambidextres : prudents dans la gestion des récessions tout en poursuivant agressivement les rebonds.

Ces dirigeants ont une vision à long terme, ils pensent à la prochaine décennie, et pas une approche de très court terme limitée au mois prochain. Beaucoup d'entre eux incitent leurs organismes à repenser les opportunités et à réinitialiser le jeu stratégique à la lumière de la volatilité actuelle. Ils réévaluent leurs stratégies de fusions et acquisitions dans le contexte de valorisations plus faibles, effectuent des réallocations de ressources plus importantes, réinventent leur main-d'œuvre et approche des talents dans le monde hybride après la COVID-19, pour attirer et retenir les milléniaux. Ils adoptent une vision à long terme de l'innovation et de la croissance. Comme l'a dit récemment un PDG : « Je ne veux pas comparer notre performance à celle de l'industrie — je veux réinventer l'industrie. ».
Quelle que soit la vision des dirigeants et administrateurs, un domaine des risques devient de plus en plus pressant sur leurs agendas. En effet, …

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