La Cop 21 place l'humanité face à son destin
Article lu 28360 fois, depuis sa publication le 27/11/2015 à 07:48:09 (longueur : 4628 caractères)
Après l'échec de celle de 2009 à Copenhague, la Conférence de Paris qui, doit aboutir à un traité international contraignant, qui s'ouvre le 30 novembre 2015 est celle de la dernière chance, pour limiter le réchauffement climatique à seulement 2 degrés.
Les effets du réchauffement climatique se font de plus en plus sentir, ce qui a sonné le glas des climato-sceptiques, quant aux causes du réchauffement climatique, si notre planète est, semble-t-il, entrée dans une phase de réchauffement naturel, comme il s'en produit depuis sa création, suivie de périodes de glaciation, c'est incontestablement l'activité humaine qui s'y est superposée, en l'amplifiant, par ses émissions de gaz à effet de serre.
La communauté internationale a pris conscience du risque qui plane sur son existence à l'occasion de la Conférence de Stockholm en 1972, dont est sortie la création du Programme des Nations Unies pour l'environnement, le PNUE, mais ce n'est qu'en 1988 qu'a été créé le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, le GIEC, qui oriente depuis l'action des Nations Unies.
Du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro, en 1992, qui a rassemblé 182 Etats, est sorti la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques la CCNUCC, organisatrice des COP.
Rappelons que le sommet de la Terre a été l'occasion pour Jacques Chirac de dire, au nom de la France, que « notre maison brûle, mais que nous regardons ailleurs ».
Une première tentative de limiter les émissions de gaz à effet de serre a été la conclusion en 1997, lors de la COP 3, du protocole de Kyoto, comportant des objectifs contraignants et des délais, d'où son peu de succès.
Faute, d'un nombre suffisant d'adhésions, avec l'absence remarquée des Etats-Unis, à l'époque le premier pollueur mondial, il a été sauvé de justesse par l'adhésion de la Russie.
Le protocole de Kyoto est entré en vigueur en 2005, pour expirer en 2012, ratifié par 30 pays industriels, sur les 55 pays signataires.
Les COP qui se sont succédé depuis, sans aboutir à la conclusion d'un traité international sur la limitation des émissions des gaz à effet de serre, ont permis de dégager les orientations communes à l'échelle internationale, sur la façon de traiter le changement climatique à concrétiser par un traité international, dont l'adoption en 2015, devraient permettre son entrée en vigueur en 2020.
Maintenant, nous sommes au pied du mur et c'est à la France, pays hôte de la COP 21 qu'incombe la tâche d'en assurer le succès.
Pour qu'une conférence internationale - réunissant 195 Etats aux intérêts divergents, des Etats développés, des Etats en voie de développement et des Etats pauvres - puisse se concrétiser par la signature d'un traité de cette importance, il faut une préparation minutieuse et la présentation d'un texte acceptable par tous.
Un texte a été préparé par des délégués des Etats, lors de plusieurs réunions de travail tenues à Bonn, dans l'ancienne capitale fédérale de l'Allemagne.
Par ailleurs, chaque pays doit préparer et publier avant la réunion de la COP 21 sa contribution à la limitation des émissions e de gaz à effet de serre, afin de maintenir le réchauffement climatique sous la barre des 2 degrés.
Les engagements reçus jusqu'à présent ne permettent pas d'aboutir à ce résultat et laissent craindre un réchauffement de 3 à + 3,5 degrés.
De plus, la COP 21 doit également permettre aux pays développés, en partie via le Fonds vert pour le climat de mobiliser 100 milliards de dollars par an, à partir de 2020, afin d'aider les pays en voie de développement et les pays pauvres à lutter contre le changement climatique et à s'y adapter, ce qui est encore loin d'être acquis.
Il faudra toute l'habilité diplomatique de Laurent Fabius, qui présidera la COP 21 au nom de la France, pour réussir, en s'appuyant sur les risques encourus en cas d'échec, à savoir une hausse des températures incontrôlable.
Conscient des difficultés qui l'attendent, Laurent Fabius a jugé nécessaire d'organiser une répétition générale de la COP 21 en réunissant à Paris, du 8 au 10 novembre, une soixantaine de ministres de l'environnement et de l'énergie.
Il s'agit de placer leurs pays respectifs devant leur responsabilité, face à la faiblesse des engagements reçus, relatifs à la diminution des émissions de gaz à effet de serre et aux contributions financières des pays du Nord au profit des pays du Sud.
A défaut, on court le risque de conclure un traité vidé de sa substance, uniquement pour se donner bonne conscience.
Erik Kauf
Rédacteur en Chef