L'art du risque - Le risk-manager comme sculpteur d'opportunités (Pr Jean-Paul Louisot)

« Historiquement, ces taxes sur les importations étrangères ont fait appel aux dirigeants politiques qui cherchent à protéger les marchés intérieurs de produits à prix réduit tout en favorisant la fabrication locale et la main-d'œuvre.

Cependant, les experts disent qu'ils ont tendance à entraîner une guerre d'attrition. D'autres pays prennent des mesures de représailles et les coûts sont répercutés sur les consommateurs; l'inflation accrue, qui fait frémir les économistes, peut en résulter..» (Forum Economique 2025)

Pourquoi commencé par cette citation du Forum Economique International ? Parce que le recours aux droits de douane devait servir de remède universel à tous les maux des Etats-Unis selon les discours de Donald Trump tout au long de sa campagne. C'est aussi une leçon pour ceux qui cherchent désespérément à rationaliser les actions d'un prédisent qui, depuis son investiture, multiplie les actes anticonstitutionnels et les déclarations délirantes dès qu'il s'écarte du texte du téléprompteur rédigé par ses conseillers. On a même vu l'Opinion, journal respectable, oser titrer le jeudi 6 février en substance: « Et si Trump avait raison sur Gaza ? » Comment peut-on seulement imaginer que l'épuration ethnique pourrait servir de base à une solution juste et durable !

Les 32ème Rencontres du risque se sont déroulées à Deauville et ont atteint une participation record alors que les participants sont de plus en plus accoutumés au temps et à la géographie de la ville tant pour le logement que pour les activités commerciales des exposants qui reçoivent leurs clients dans les espaces et restaurants de la ville. Le thème de l'année est un peu abscons et c'est pourquoi le président de l'AMRAE l'a développé dans son allocution d'ouverture.

« Les organismes ont réalisé à quel point la gestion des risques est essentielle en temps de crise comme pendant la pandémie. Dans la période actuelle de troubles géopolitiques prolongés, les organismes doivent intégrer la gestion des risques dans leur processus décisionnel stratégique afin de naviguer à travers la crise. » (Julia Graham, PDG Airmic)

L'art du risque expliqué par le président de l'AMRAE

Comme chaque année c'est au président de l'AMRAE qu'il revint d'ouvrir les rencontres du Risque et Oliver Wild, au travers de métaphores, a dressé un tableau assez complet du menu de ces trois jours.

Mais avant même de développer le thème des Rencontres, Oliver Wild a évoqué le risque dans tous les esprits : l'état du monde et le risque géopolitique. D'ailleurs, le programme des 32èmes Rencontres de l'Amrae comprenait des tables rondes de haut niveau sur des sujets tels que la nouvelle administration Donald Trump, la guerre commerciale mondiale imminente, les régimes de sanctions et l'impact des conflits actuels sur les chaînes d'approvisionnement.

Lors d'un événement AIRMIC en parallèle, Hoe-Yeong Loke, responsable de la recherche chez Airmic, a déclaré que le second mandat du président Trump n'en était qu'à ses débuts et que sa dernière ronde de droits de douane n'était qu'un apéritif : « Contrairement à son premier mandat, Trump a fait preuve d'une plus grande volonté de recourir aux taxes douanières pour atteindre des objectifs de politique étrangère plus larges – comme la réduction de l'immigration illégale et du trafic de drogue – plutôt que de se concentrer uniquement sur les considérations commerciales. Tout cela crée un environnement mondial encore plus volatil et dynamique, qui appelle les professionnels du risque à se mettre en avant pour guider leurs entreprises et organismes. » Sans doute, Hoe tombe-t-il dans le piège évoqué » plus haut : chercher une stratégie rationnelle derrière les errements du Pt Trump !

Le président d'Amrae, quant à lui, a déclaré que l'accent mis sur la géopolitique reflète la reconnaissance du fait que ces risques sont devenus plus importants au cours des 12 derniers mois : « Aux Rencontres de l'an dernier, nous avons discuté du mode de scrutin de la moitié de la population mondiale, afin d'imaginer qu'il y aurait des changements. Les gens étaient malheureux. »

Cette nouvelle réalité a vu le triomphe ou la montée des politiciens et des partis populistes nationaux dans des pays comme les États-Unis, l'Allemagne et l'Autriche. Les gouvernements du Royaume-Uni, du Japon et du Canada ont été ébranlés par le mécontentement populaire, et les troubles politiques sont devenus un fait de la vie quotidienne dans des endroits comme la Corée du Sud.

Quant à la France, un Parlement fragmenté a alimenté les incertitudes sur l'économie, avec des partis populistes de droite et de gauche qui gagnent en force et perturbent le paysage politique. Oliver Wild a souligné que les …

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