Le réchauffement climatique, une source de pauvreté et de risques
Article lu 16679 fois, depuis sa publication le 26/07/2013 à 07:33:46 (longueur : 4601 caractères)
La Banque mondiales a lancé une nouvelle mise en garde contre les conséquences du changement climatique, notamment sur les pays les plus exposés, ceux en développement.
Elle vise plus particulièrement ceux situés à l’intérieur de la ceinture tropicale, dont les ressources en eau et la production alimentaire sont menacées.
Elle pointe les difficultés croissantes auxquelles ces pays risquent d’être confrontés pour nourrir leur population, en tablant uniquement sur une augmentation moyenne de 0,8 degré, des températures mondiales depuis l’ère préindustrielle.
Les impacts du changement climatique sont déjà sérieux et nous montrent comment les activités humaines altèrent l’environnement dont l’humanité dépend pour vivre.
La Banque mondiale s’interroge, à juste titre, sur l’incidence d’un scénario catastrophe de réchauffement de 2 degrés, voire du double, d’ici la fin du siècle, jugé de moins en moins fantaisiste par ceux qui militent pour la limitation des émissions de gaz à effet de serre, sans être entendu.
En novembre dernier, à l’occasion des ultimes préparatifs de la conférence annuelle de la Convention des Nations unies sur le climat, la Banque mondiale avait interpellé, sans chances de succès immédiat, les 195 pays réunis pour élaborer un futur accord mondial contre le changement climatique, en mettant en avant les risques d’un scénario à 4 degrés.
Depuis, elle poursuit ses mises en garde dans un rapport réalisé avec les scientifiques du Potsdam Institut of climate analytics, et décline les retombées possibles pour trois zones particulièrement vulnérables, l’Afrique subsaharienne, l’Asie du Sud et l’Asie du Sud-est.
A cette occasion, le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim a affirmé « nous avons toutes les raisons de penser que nous serons en mesure d’éradiquer l’extrême pauvreté dans le monde d’ici 2030, mais nous échouerons si nous ne nous attaquons pas avec succès au changement climatique ».
Même avec un réchauffement limité à 2 degrés, la proportion de la population souffrant de malnutrition pourrait augmenter de 25 à 90 % selon les pays, avancent les scientifiques dans leur rapport.
En Afrique subsaharienne où la population devrait doubler d’ici 2050, l’impact le plus massif est attendu sur la production agricole avec des conséquences directes sur l’insécurité alimentaire.
Des risques de même nature existent en Asie du Sud-est où l’intensité des cyclones, des pics de température et en, été l’élévation du niveau de la mer forment les principales menaces qui pèsent sur les régions côtières fortement urbanisées.
En Asie de Sud, la perturbation cyclique des moussons, aura aussi un impact sur la sécurité alimentaire.
Déjà avec une hausse des températures de 2 degrés, la région devra importer deux fois plus de céréales d’ici à 2050, pour satisfaire les besoins en nourriture par personne.
Cependant, selon les chercheurs, il devient possible d'éviter les impacts les plus calamiteux si le réchauffement reste contenu sous le seuil de 2 degrés, à condition de mobiliser la communauté internationale sur les mesures à prendre.
Or, il s’agit de l’objectif à atteindre dans le cadre de la Convection des Nations unies pour le climat, qui n’a plus progressé depuis la mise en application de protocole de Kyoto, obtenu à l’époque à l’arraché.
C’est l’occasion, pour le vice-président de la Banque mondiale pour le développement durable, Rachel Kyte de rappeler, qu’au moment de l’élaboration des « Objectifs du millénaire pour le développement » dans les années 1990, le changement climatique restait pour la plupart des participants une menace très lointaine.
Or, ajoute-t-il, « Ce qui se passe depuis cinq ans, nous montre que le changement climatique a d'ores et déjà des conséquences importantes qui vont s’amplifier ».
Dans un tout autre domaine que celui de l’alimentation, l’Association de Genève des assureurs, qui est le cercle de réflexion de référence de l’assurance, tire la sonnette d’alarme, pour ce qui est du changement climatique.
D’après ses chercheurs, les profonds changements climatiques qui affectent la planète vont pousser les assureurs à réinventer leurs méthodes de travail, qui jusqu’ici étaient fondées sur l’analyse actualisée des données historiques, qui ne permettent plus d’anticiper les risques futurs.
Par ailleurs, l’augmentation des catastrophes naturelles pourrait inciter les compagnies à se retirer de certaines régions, lorsque les risques à assurer ne relèvent plus de l’aléatoire et que d’autres systèmes de compensation des pertes devront prendre le relais.