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Intelligence artificielle : augmenter les financements pour combler le retard de l

Intelligence artificielle : augmenter les financements pour combler le retard de l’Europe

Article lu 18746 fois, depuis sa publication le 26/02/2024 à 09:05:56 (longueur : 9562 caractères)


Emmanuel Macron a été très clair lors de l’inauguration du dernier salon Vivatech : « Le pire scénario serait une Europe qui investit beaucoup moins (sur l’Intelligence Artificielle) que les Américains et les Chinois, et qui commencerait par créer de la régulation. Ce scénario est possible, ce ne serait pas celui que je soutiendrai ». La mise en garde du Président démontre la nécessité de trouver des financements propres en faveur de l’IA, en France et en Europe. L’enjeu est économique, mais également stratégique, car c'est aussi une question de souveraineté.

Elle est partout : dans votre téléphone, votre réfrigérateur connecté, votre ordinateur, votre voiture, votre montre… Elle est aussi présente dans tous les secteurs : agriculture, industrie, énergie, transports, infrastructures, santé… L’Intelligence Artificielle (IA) est présente constamment dans votre vie, au travail comme à la maison, et la plupart du temps sans même que vous vous en rendiez compte, même si les dirigeants politiques et économiques en ont bien conscience. En témoigne notamment le plan ambitieux de développement de l’IA en France, lancé par Emmanuel Macron lors du dernier salon Vivatech, et comprenant en particulier le dispositif
« IA-cluster » doté de 500M€. Objectif : accroître en la matière la capacité de la France à l’horizon 2030, en attirant les meilleurs talents et en stimulant les entreprises spécialisées. Le message est clair : l'intelligence artificielle est une priorité pour la France et l’Europe ; « Ce sera la révolution économique et intellectuelle majeure du XXIème siècle », souligne le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire : « La France doit rester à la pointe dans ce domaine et nous disposons pour cela d'atouts majeurs : des universitaires parmi les plus reconnus au monde, de grands groupes industriels, des startups très prometteuses. Le but de ces mesures est d'aller plus vite et plus loin, pour améliorer la formation de nos ingénieurs, augmenter les capacités de calcul mises au service de nos startups et le soutien économique aux pépites dont nous disposons ».

Mais le chemin est encore long, surtout par rapport aux positions déjà acquises par les géants de l’IA aux Etats- Unis ou en Chine. Car il n’y a pas encore de grande ou moyenne entreprise significative d’IA en Europe, et le Vieux Continent souffre considérablement de la comparaison par rapport aux marchés chinois et américain, et leurs « géants » de l’intelligence artificielle comme Palantir ou C3.ai. Sans oublier évidemment les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft). « Nous avons dix à quinze ans de retard dans l’investissement, dans le financement de l’intelligence artificielle », confirme Lorenzo Serratosa, président de Substrate AI, société espagnole de 140 salariés qui aspire à devenir l’une de ces locomotives européennes de l’IA. Le dirigeant pointe ainsi le cœur du défi que doivent affronter les entreprises européennes : maîtriser le financement, ce « nerf de la guerre » qui leur permettra demain de rivaliser au niveau planétaire.

Le plan annoncé par Emmanuel Macron va dans ce sens, à l’instar d’autres initiatives de soutien, comme l’appel à projets opéré par Bpifrance et doté de 40 millions d'euros pour constituer et mettre à disposition des moyens numériques communs pour l'IA générative (par exemple des bases de données d'apprentissage et de test). Mais ces ressources restent évidemment insuffisantes pour résoudre la question qui se pose ici comme dans de nombreuses activités d'ultra innovation, à savoir le financement d’une recherche qui doit être constante et massive. À titre de comparaison : le plan d’investissement pluriannuel annoncé par Microsoft pour développer OpenAI (matrice de Chat GPT), devrait atteindre… 10 milliards de dollars ! De son côté, Apple veut investir 1 milliard de dollars par an dans l’IA générative. En France, ce sont quelque 2,2 Mds € qui seront consacrés à l'IA au cours des cinq prochaines années, dont 1,5 milliard d'euros de financements publics et 506 millions d'euros de cofinancements privés. La comparaison donne le vertige mais offre également une idée des marges de progression en Europe pour des entrepreneurs volontaires comme Xavier Niel. Le patron de Free a ainsi officialisé en novembre le lancement de son laboratoire de recherche Kyutai, très ambitieux en matière d’intelligence artificielle en France. Décrit comme le « premier laboratoire de recherche européen indépendant dédié à l'open science en IA », Kyutai réunit les groupes CMA-CGM de Rodolphe Saadé, Iliad et le fonds d'investissement Schmidt Futures, créé et dirigé par Eric Schmidt, ancien CEO de Google. Ce laboratoire d’IA a ainsi bénéficié des généreuses contributions de chacune de ces entreprises à hauteur 300 millions d'euros au total, et il a vocation à fédérer d'autres investissements à l'avenir afin de grossir ses actifs. Une initiative qui rappelle les débuts d'OpenAI, et dont les promoteurs espèrent bien sûr un succès équivalent.

Il n’en reste pas moins que cette aventure apparaît osée dans une conjoncture économique instable, où la mentalité du ROI rapide et certain est devenue la règle, avec une frilosité vis-à-vis du risque qui n’est pas en faveur de l'innovation. Et c’est particulièrement vrai dans le domaine de l'intelligence artificielle, où « il faut dépasser la frilosité des marchés et investir massivement pour poursuivre (son) développement et changer d'échelle », reconnaît Laurent Laporte, fondateur et PDG de Braincube. Cette start-up auvergnate fondée dans un garage il y a quinze ans par Laurent Laporte et Sylvain Rubat, s’est imposée avec son logiciel de transformation des datas en insight ; un outil permettant aux entreprises d'améliorer la qualité, la productivité et la durabilité de leurs usines. Cette optimisation des chaînes de production par IA a déjà généré « plus de 10 milliards de dollars d’économies et la réduction des émissions de carbone de 2,5 millions de tonnes », assure le dirigeant. Après une première levée de fonds de 12 millions d’euros, en 2018, auprès d’IRIS Capital et de Next47, Braincube vient de lever 83 millions d’euros de la part de Scottish Equity Partners et Bpifrance. Avec pour ambition de passer de 240 à 600 salariés, et d'atteindre un chiffre d'affaires de 100 millions d’euros d'ici cinq ans. Cette deuxième levée de fonds apparaissait comme vitale dans le cadre d’une logique d’internationalisation mise en œuvre par Laurent Laporte, dont le logiciel est déjà utilisé sur des sites de production de 35 pays en Europe, aux États-Unis et au Brésil.

Le financement de Braincube est particulièrement remarquable dans un univers du capital-risque pourtant morose depuis la fin de l'euphorie post-Covid. Selon l'étude sur la tech européenne publiée récemment par le fonds de capital-risque Atomico, 45 milliards de dollars auraient été investis dans les start-up européennes à fin 2023, contre 82 milliards en 2022, soit une baisse de 45%. Dans ce contexte, les offres « classiques » de financement n'étant pas au rendez-vous, ces dirigeants de start-up innovantes se retrouvent face à un dilemme : se tourner vers des financements étrangers, au risque de vendre ses services à des puissances étrangères (très économiquement hostiles et déjà bien en avance dans cette recherche), ou alors se tourner vers des solutions alternatives.

C'est justement le cas de Substrate AI qui, après une augmentation de capital lors de son introduction sur le marché en 2022, a signé un contrat de financement de 20 millions d’euros sur trois ans en obligations convertibles (OCABSA) avec le family office Alpha Blue Ocean (ABO). Un financement alternatif privilégié parce que « plus efficace et accessible » que toute autre solution, précise Lorenzo Serratosa : « Ce mode de financement offre par ailleurs davantage de garanties d’obtenir les fonds rapidement, par rapport notamment à une augmentation de capital que l’on n’est pas sûr de pouvoir atteindre en cas de besoin ». Très concrètement, cette solution financière a été primordiale pour permettre à Substrate AI de passer un nouveau palier de développement à travers la mise en place de collaborations avec des entreprises de recherche nécessitant des investissements partagés, ou encore l’acquisition de l’entreprise britannique Yamro Holding, axée sur le recrutement de talents pour les grandes entreprises, moyennant 4,6 millions d’euros. Preuve que l’intelligence artificielle nous oblige à repenser notre monde en profondeur. Y compris pour trouver les moyens originaux de financement de son développement, au risque de rester à la traîne - et donc à merci - des Etats-Unis et de la Chine dans ce domaine.



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