Perspectives d'aggravation du réchauffement climatique
Article lu 15804 fois, depuis sa publication le 24/01/2014 à 07:33:30 (longueur : 4452 caractères)
Alors que ceux qui sont conscients du réchauffement climatique attendent avec impatience la conférence de 2015 sur le climat,organisée par l'ONU et programmée à Paris, qualifiée de conférence de la dernière chance.
Ils en attendent, avec impatience, l'accord sur la maitrise des émissions de gaz à effet de serre, depuis l'échec regrettable de la conférence de Copenhague de 2009.
Entre-temps, les pays en voie de développement, la Chine en tête, dépassent les pays industriels, pour rattraper leur retard, en matière d'émission de dioxyde de carbone, le CO2.
Ils ont recours, massivement au charbon, largement disponible, la matière énergétique la moins chère mais la plus polluante, pour produire l'électricité nécessaire à leur activité en croissance constante.
En Europe, un pays comme l'Allemagne, pour avoir condamné prématurément une partie de son parc nucléaire, produit désormais plus de 50% de son électricité en brulant du « charbon brun », le plus polluant du genre, extrait massivement d'exploitations à ciel ouvert, remises en service avec précipitation, au mépris de toute considération humaine et écologique.
La France, en important périodiquement de l'électricité en provenance de l'Allemagne, pour couvrir ses besoins, favorise cette pratique.
En Chine, il faudra de longues années pour substituer aux centrales thermiques fonctionnant au charbon, des centrales nucléaires, probablement fournies par EDF, alors que l'actionnaire principal d'EDF, l'Etat Français, marque chez nous son hostilité au nucléaire, mais il faut l'exporter.
C'est dans ce contexte, de moins en moins favorable à un accord international sur la limitation des émissions de gaz à effet de serre, des climatologues affirment que les modèles climatiques auraient surestimés le taux de formation des nuages bas, ce qui ferait monter la température globale de plus de 3 degrés, par rapport aux estimations précédentes.
Il s'agit d'une étude de l'équipe du Professeur Steven Sherwood de l'université australienne de New South Wales de Sydney, à laquelle participent deux chercheurs Français du laboratoire de météorologie dynamique de l'Institut Pierre-Simon Laplace de l'université Pierre et Marie Curie.
Cette étude resserre la fourchette de prédiction réalisée sous l'égide du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, le GIEC, comprise entre 1,5 et 4,5 degrés, avec en haut de la fourchette le doublement des émissions de CO2.
D'après les auteurs de la nouvelle étude, c'est la mauvaise compréhension des mécanismes de formation des nuages bas qui serait responsable du grand écart entre les estimations les plus basses et les plus hautes.
La plupart des programmes modélisant l'évolution climatique auraient surestimé le taux de formation des nuages bas situés entre 2 km et 3 km au-dessus des océans, dans les zones tropicales, censés se produire à partir de l'évaporation de l'eau.
Or, ces nuages ont pour effet de réfléchir la lumière solaire, ce qui a pour effet de limite le réchauffement de la terre.
Il faudra donc revoir les modèles climatiques avec cette nouvelle approche, ce qui vient d'être fait par Steven Sherwood et ses collègues français.
Ils ont appliqué leur approche à 43 modèles informatiques du climat qui peuvent tenir compte de l'impact de convection entre la basse et la moyenne troposphère tropicale pour expliquer leurs ajustements.
Alors que le Giec table toujours sur un accord universel sur la limitation des émissions de gaz à effet de serre, permettant de cantonner la hausse inévitable de la température moyenne sur le globe, à la fin du siècle, à 2 degrés, la hausse des températures, produites par la combustion au rythme actuel de gaz naturel, de pétrole et de charbon, pourrait atteindre, selon les travaux de Steven Sherwood 3 degrés vers le milieu du siècle.
Cette hausse passerait, selon les mêmes études, dans un premier temps, à 4 degrés à la fin du siècle.
Le réchauffement atmosphérique, déjà perceptible, se manifeste par des dérèglements climatiques divers, plus ou moins perceptibles, selon les zones où ils se produisent, que l'on n'y rattache pas systématiquement, parce qu'ils se sont déjà produits dans le passé.
Il est grand temps, pour la communauté internationale, de prendre ses responsabilités, même si des scientifiques doutent encore du rôle joué par les activités humaines dans le réchauffement climatique.
Erik Kauf
Rédacteur en Chef