Le train raccourcit les liaisons entre les métropoles européennes
Article lu 10350 fois, depuis sa publication le 22/11/2013 à 07:37:01 (longueur : 4385 caractères)
Le meilleur exemple est le tunnel sous la Manche.
Il a fallu des années pour décider de sa réalisation qui s’est faite grâce à une volonté politique forte, des deux côtés de la Manche.
Le tunnel sous la Manche a trouvé progressivement sa clientèle, sans nuire au trafic maritime de passagers, de voitures et de camions, au pont que personne ne conteste son utilité.
Le tunnel sous la Manche sert à la fois au trafic de marchandises, en facilitant le passage des camions avec leur chargement, ce qui est le propre des liaisons ferroviaires, même sur de longues distances, sans négliger le trafic de passagers.
Si le trafic aérien des passagers entre Paris et Londres en a souffert, c’est à cause du temps passé en contrôle de sécurité, avant embarquement et à la durée des trajets pour se rendre et pour venir des aérodromes, sans rapport avec la durée des vols.
Le fait de prendre le train permet de partir du centre de la ville, comme à Paris, où comme à Londres, à partir d’une gare accessible par le réseau de transport urbain, alors que les liaisons villes-aérodromes souffriront toujours, quoi que l’on fasse de l’éloignement des aérodromes des centres-villes.
Cet avantage est aussi valable pour les liaisons régionales et internationales de passagers en TGV et autres trains rapides, qui dépassent progressivement nos frontières, en donnant une nouvelle vie au rail.
Le rail a connu dans le passé, les voyages de nuit en « wagons lits » les longs trajets romanesques d’antan comme le Ostende-Venise, et le Moscou-Vladivostok, bercés par l’âme slave, alors que l’on traverse aujourd’hui l’Europe à grande vitesse et qu’il n’y a que le temps qui passe qui compte.
Le rail doit aussi se substituer aux camions, pour lutter contre la pollution et pour rendre le transport de marchandises plus en rapport avec leur objectif.
L’écotaxe dont la mise en place en France pose aujourd’hui problème, devrait inciter le passage de la route au rail, alors que l’on a sans doute mis la charrue avant les boeufs, en taxant les usagers de la route, sans être en mesure de leur proposer une alternative acceptable parce qu’elle n’excite pas.
Mais évoquons un autre problème, qui risque de faire l’actualité dans les semaines à venir, la ligne de chemin de fer Lyon-Turin.
Pour ce qui est de cette ligne, elle nécessitera la construction d’un tunnel long de 53 km, pour passer sous les Alpes.
En France, les députés viennent de ratifier le traité entre les gouvernements français et italien signé à Rome le 12 janvier 2012 pour sa réalisation et il faut encore le faire passer au Sénat, ce qui sera fait en novembre et le faire ratifier par le Parlement italien, en vue de sa réalisation.
La Cour des comptes a estimé à quelques 26 milliards d’euro le coût total du percement du tunnel ferroviaire sous les Alpes et la construction de cet accès français et italien.
Les pouvoirs publics, des deux côtés des Alpes, auront à décider des moyens de financement de cette infrastructure de transport, ce qui ne manquera pas à donner lieu à de vifs débats.
C’est un projet vieux de 20 ans, qui déchaine depuis que l’on en parle, des passions, tant du côté français du futur tunnel, mais surtout du côté italien, alimentées sans doute par des rivalités locales, alors qu’il devrait permettre de soulager les vallées alpines d’un incessant et polluant trafic de camions.
La réalisation de la ligne Lyon-Turin, en renforçant l’axe Est-Ouest facilitera les relations commerciales d’une partie de l’Europe, en passant par Lyon, avec l’Italie, ainsi que le développement de l’activité économique régionale, avec un chantier de construction qui s’étalera, des deux côtés de la frontière, dans le temps.
Les opposants ont cherché à démontrer, chiffres à l’appui, le peu d’intérêt du projet, en faisant état d’une baisse régulière du fret routier sur l’axe franco-italien.
A cet effet, ils pointent la sous utilisation actuelle de la ligne existante, celle du Mont-Cenis, dont la construction remonte au 19ème siècle et qui, selon eux, couvre l’essentiel des besoins, alors que les défenseurs du Lyon-Turin voient dans ce sous-emploi, la vétusté du tunnel existant, d’où la nécessité d’en construire le nouveau.
Ce projet, malgré les difficultés qu’il présente, illustre, s’il voit le jour, la possibilité de raccourcir les distances entre métropoles européennes.