L'alimentation est au centre de l'Exposition universelle de Milan
Article lu 28842 fois, depuis sa publication le 22/05/2015 à 07:36:33 (longueur : 4237 caractères)
Les 140 pays qui participent à l'Exposition universelle qui vient de s'ouvrir à Milan confronteront leurs idées relatives aux solutions à adopter pour nourrir à l'avenir tous les habitants de la planète.
En 2050, la terre comptera, selon les prévisions actuelles, 9 milliards d'habitants, soit près de 2 milliards de plus qu'aujourd'hui.
Or, nous sommes d'ores et déjà confrontés au changement climatique avec comme conséquence des phases de sécheresse, des pluies de plus en plus irrégulières, des inondations, des cyclones, qui perturbent les écosystèmes et la production agricole et sont à l'origine d'une insécurité agricole croissante.
Selon le Programme des Nations unies pour le développement, ce sont 600 millions de personnes qui pourraient souffrir d'insécurité alimentaire chaque année, sous l'effet du changement climatique, alors que déjà, chaque année, plus de 800 millions sont, pour des raisons diverses, en proie à la faim, ce qui donne une idée du défi qui nous attend.
Pour répondre à ce défi, deux visions s'affrontent, celle de la communauté scientifique qui a l'appui des principales institutions internationales et celle des grands producteurs et des agrochimistes, qui disposent des terres agricoles et du pouvoir de l'argent.
Pour les premiers, c'est la nécessité d'une transition vers un nouveau modèle agricole, s'appuyant sur la polyculture et la rotation des cultures qui s'impose, alors que pour les seconds, la sécurité alimentaire passe par la seule augmentation de la production en jouant sur l'intensification de la monoculture par l'utilisation de plantes génétiquement modifiées.
L'Europe est en plein débat sur cette question, de savoir si la sécurité alimentaire passe par le développement des biotechnologies.
Pour le directeur du comité scientifique européen de l'exposition universelle, Frantz Fischler, ancien commissaire européen à l'agriculture, s'exprimant sur les moyens de nourrir la planète, « on ne saurait fermer la porte à la recherche dans ce domaine, a-t-il affirmé en présentant le débat scientifique de nourrir la planète, que la Commission européenne lance en ligne à l'occasion de l'Exposition de Milan.
A Genève, lors de la dernière session préparatoire de la COP 21, l'expression « sécurité alimentaire » est apparue pour la toute première fois dans le texte préparatoire, mais rien ne dit, à ce stade, qu'il figurera dans l'accord final à négocier en fin d'année à Paris.
Rappelons qu'en 2009, l'Organisation des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, la FAO, une agence de l'ONU dont le siège est à Rome, a promu le concept d'agriculture climato-intelligente.
Ce concept cherche à relever le triple défi de la sécurité alimentaire, de l'adaptation de l'agriculture face au changement climatique et de l'atténuation de celui-ci, par la réduction des émissions, du fait des activités agricoles, voire du stockage de gaz à effet de serre.
Cependant, le concept de l'agriculture climato intelligente reste très controversé et suscite de vives critiques de la part de grandes ONG internationales, qui soutiennent que le périmètre des actions promues intègre des pratiques largement contestées comme l'utilisation d'OGM ou encore celle de pesticides et d'engrais chimiques.
Ils affirment notamment, que les OGM sont une supercherie, car il n'existe pas aujourd'hui d'OGM qui résiste à la sécheresse.
On retrouve à ce niveau l'opposition des deux visions de l'agriculteur mentionnée plus haut, celle de la communauté scientifique que l'on ne retrouve pas dans le concept développé en 2009 par la FAO, si les craintes exprimées par le ONG s'avèrent fondées, en s'appuyant sur le concept des grands producteurs et des agrochimistes.
Quoi qu'il en soit, l'Exposition universelle qui vient de s'ouvrir à Milan sera l'occasion de confronter, pendant six mois les points de vue des spécialistes, mais donnera aussi, aux visiteurs l'occasion de goûter les spécialités gastronomiques des 140 pays présents.
Nous avons vu, dans un premier reportage passé à la télévision, que la France a installé dans son pavillon un four à pain, qui produira, nous a-t-on dit, 4 000 baguettes, à offrir chaque jour aux visiteurs.
Erik Kauf
Rédacteur en Chef