Une enquête sur la fin de vie en Ehpad qui donne la chair de poule
Article lu 11819 fois, depuis sa publication le 21/01/2014 à 16:39:16 (longueur : 2998 caractères)
La France n’a pas de structures d’accueil pour ses ainés dépendants, qui doivent se débrouiller avec l’aide de personnel appointé, de proches et d’associations caritatives, sauf à pouvoir réunir près de 3 500 euros par mois, le minimum à débourser, pour un placement en Ehpad, les maisons de retraite médicalisé pour personnes âgées.
Mais pour quel confort, en fin de vie ?
Chaque année, 90 000 personnes âgées meurent dans un Ehpad, ce qui donne une idée du nombre de personnes dépendantes qui veulent et qui peuvent bénéficier de ce type de structure d’accueil.
Le manque d’argent y compte pour beaucoup, car la 5ème branche de la Sécurité sociale, annoncée par les gouvernements successifs et qui y ont tous renoncé, faute de financement.
La future loi sur la prise en charge de la dépendance, si elle était votée rapidement, risque de suivre le même sort, sauf à reprendre l’allocation publique de quelques centaines d’euros mensuels, qui ne permet pas de financer un séjour en Ehpad.
La seule aide efficace qui existe est la prise en charge par l’Assurance maladie des frais de santé des personnes âgées, puis leur accueil en fin de vie par l’Assistance publique, pour les faire bénéficier, dans la mesure du possible des soins palliatifs, dans le cadre de la loi Leonetti de 2005.
On sait que les Français ne veulent pas entendre parler d’un placement en maison de retraite, tant qu’ils ont la force de rester chez eux, car leur seule évocation fait peur et non sans raison.
On ne peut pas leur donner tort en prenant connaissance d’une enquête que de l’Observatoire de la fin de vie a menée dans les Ehpad, sur les conditions de vie de leurs résidents en fin de vie.
Si globalement l’accompagnement n’a rien de catastrophique, il ressort de l’enquête une très grande inégalité, selon le lieu d’accueil, lors des derniers jours de vie.
Ils sont trop souvent marqués par des symptômes d’inconfort et une grande fragilité psychologique, loin de l’objectif des soins palliatif, dont tout le monde devrait pouvoir bénéficier en France.
Il ressort de l’enquête que 25 % des Ehpad n’ont pas de lien avec une équipe de soins palliatifs, que ce soit avec une équipe mobile, avec un réseau, ou avec une unité dans un hôpital.
Seuls 8 % font appel à des équipes d’hospitalisation à domicile, dans des situations de fin de vie.
De plus, dans 29 % des établissements, les patients en fin de vie ne disposent pas systématiquement d’une chambre individuelle et dans 5%, une telle possibilité n’existe même pas.
Seuls 14 % des Ehpad disposent de personnel infirmier de nuit et dans 75 % de ces cas, aucune astreinte téléphonique n’est mise en place pour joindre un infirmier, si la situation l’exige.
Dans ces conditions, seuls 15,7 % des résidents sont hospitalisés en urgence au cours de leurs 15 derniers jours de vie, alors qu’un quart des résidents sont, selon l’enquête, dans un réel inconfort physique au cours de leur dernière semaine de vie.
A chacun de conclure.