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La fin de l’illusion de la fin de l’histoire et le nouveau paysage des risques (Pr Jean-Paul Louisot)

La fin de l'illusion de la fin de l'histoire et le nouveau paysage des risques (Pr Jean-Paul Louisot)

Article lu 14834 fois, depuis sa publication le 02/05/2024 à 14:44:30 (longueur : 6526 caractères)


« C'est le désir continu de reconnaissance de l'esclave qui a fait avancer l'histoire, et non la complaisance oisive et l'identité immuable du maître. » (Francis Fukuyama, The End of History and the Last Man)

Il y a 35 ans, quelques mois avant la chute du mur de Berlin, Fukuyama publiait un article au titre provocateur, La fin de l'histoire ?, qui devait agiter le monde intellectuel pour les décennies à venir. La question centrale de l'article est de savoir si notre histoire avait une date de péremption ?

En effet, dans cet article, Fukuyama, alors conseiller dans l'administration Reagan aux Etats-Unis, prédisait le triomphe du modèle démocratique sur toute la planète. L'article, plein d'optimisme sur l'avenir du monde, a depuis été commenté et souvent moqué. Mais que signifie vraiment la fin de l'histoire ? Et si notre histoire avait une date de péremption ? C'est la prédiction étonnante de Fukuyama.

Il explique que le communisme est sur le point de mourir et prédit le triomphe prochain de la démocratie dans tous les pays du monde et une nouvelle ère de paix grâce au libéralisme. Il n'y aura donc plus de guerre, ni de catastrophe à raconter dans les manuels d'Histoire. Au-delà de la fin de la guerre froide, Fukuyama pose la thèse de la fin de l'histoire en tant que telle : le point final de l'évolution idéologique de l'humanité.

Dans les mois qui suivent, le bloc soviétique s'effondre et le monde se transforme. Fukuyama développe ses idées dans un livre à grand succès La fin de l'histoire et le dernier homme. Mais beaucoup y voient surtout une apologie du modèle américain.

En 1993, Jacques Derrida ne voyait dans ce livre qu'un gadget médiatique qui fait fureur sur tous les supermarchés idéologiques d'un Occident angoissé. Quant à Samuel Huntington, ancien professeur de Fukuyama à Harvard, il critique lui aussi la thèse de son ancien élève et propose une autre histoire : le clash des civilisations ce qui le conduit à prédire un monde multipolaire avec l'affrontement entre de grands ensembles géographiques.

Paradoxalement, le concept de fin de l'histoire est initialement un concept hégélien, au fondement du marxisme. Pour comprendre la pensée d'Hegel, encore faut-il prendre en compte sa vision de l'histoire comme un processus dialectique. Et cela signifie simplement que chaque étape de l'histoire est un certain ensemble d'idées et d'arrangements sociaux distinctifs. Et ces arrangements produisent des contradictions internes distinctives. Quand les gens résolvent ces contradictions, cela les pousse à la prochaine étape de l'histoire, qui génère ses propres contradictions. C'est donc une théorie progressiste de l'histoire. Dans ce contexte, l'affirmation par Hegel de la fin actuelle de l'histoire fait corps, en s'y fondant, avec tout son discours de théologie concrète chrétienne conceptualisée. La systématicité du discours d'Hegel n'a d'ailleurs guère été ébranlée jusqu'à présent.

Cette affirmation condense en elle les points capitaux prochains suivants du discours hégélien. De fait, Hegel aurait déjà pensé, à son époque, à un événement comme fin de l'histoire : l'année 1806, avec la victoire de Napoléon à la bataille d'Iéna. Cette victoire aurait marqué le triomphe final des idéaux de la révolution en Europe. Fukuyama semble donc s'inspirer de la pensée hégélienne.

Au 19ème siècle, Marx avait repris cette idée mais, contrairement à Fukuyama, Marx pensait que l'histoire se terminerait avec l'abolition du capitalisme. Alors, les hommes auraient vécu heureux, dans une société sans classe. Fukuyama ne fait pas que réinterpréter Marx et Hegel, il avance en 1989 des idées sur le futur du monde plus nuancées qu'il n'y paraît. Il explique que la 3e Guerre mondiale n'aura jamais lieu, mais il craint une résurgence du terrorisme et des guerres de libération nationale. Il prédit la fin des idéologies du XXe siècle, au profit d'un marché mondial ouvert. Se pourrait-il que la chute du Mur de Berlin soit la victoire d'Iéna de l'intellectuel contemporain.

En effet, en 1989, les régimes communistes s'effondraient à gauche et à droite dans toute l'Europe de l'Est. Et en novembre de cette année-là, tout a culminé avec la chute du mur de Berlin, avec la réunification de l'Allemagne. Et puis, deux années plus tard, quand son livre est sorti, l'Union soviétique s'est effondrée. La Russie a rendu le communisme illégal sur son sol, et ses dirigeants ont commencé à adopter des politiques radicales de libre marché. Et c'est tout. Plus de guerre froide, plus de communisme comme force politique dans le monde.

Toutefois, Fukuyama se détourne dans les années 2000 du courant néoconservateur américain. Il a condamné l'intervention en Irak de 2003 et même soutenu Obama en 2008. Toutefois, malgré son optimisme, l'intellectuel alertait dès 1989 sur un autre danger pour les démocraties, un risque de lassitude des citoyens à l'égard de la démocratie elle-même. Peut-être que la perspective même des siècles d'ennui qui nous attendaient après la fin de l'histoire a-t-elle contribué à remettre l'histoire en marche !

« L'histoire est un guide pour la navigation dans les temps difficiles. L'histoire est qui nous sommes et pourquoi nous sommes comme nous sommes.» (David Mc Cullough)
La fin de la fin de l'histoire ?

Si des critiques de la thèse se sont fait jours dès la publication du livre, la chute du mur de Berlin puis celle de l'URSS on fait temps de bruit que les critiques étaient peu audibles. Mais dès le début du 21ème siècle et plus encore d la seconde décennie, elles se sont multipliées et ont atteint un paroxysme depuis 2020 avec l'accumulation de catastrophes en tous genres et un contexte géopolitique complexe et volatil qui semble bien confirmer que l'histoire à bien repris un cours normal et que les conflits de civilisation remettent en cause la démocratie, le libéralisme, et même la notion de progrès.

S'il est vrai que le monde a connu 25 à 30 ans de fin d'histoire ennuyeuse, de libéralisme et d'épuisement culturel si l'on oublie les attentats de septembre 2001 et les suivants, la crise des subprimes. Mais plus récemment, du moins à partir de 2020, des événements ont commencé à se produire, qui sont loin de correspondre pas au moule de la fin de l'histoire !

Pour autant, il reste intéressant …

Pour lire la suite de l'étude du Pr Louisot, dans le n°792 du magazine RiskAssur-hebdo, cliquez ICI




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