La fonte des glaces de l’Arctique permettra de réduire la longueur des trajets maritimes
Article lu 11061 fois, depuis sa publication le 20/09/2013 à 07:40:13 (longueur : 4094 caractères)
La fonte de la banquise laisse présager une possibilité de navigation internationale dans des eaux libres de glaces pendant une courte période de chaque année, même sans le concours d’un brise-glace, mais avec l’assistance d’un pilote spécialiste de la navigation au milieu de cet environnement hostile.
Il s’agit de la route du Nord-est, la RNE qui permet de réduire la longueur du trajet maritime entre l’Europe et l’Asie.
Selon la législation russe, il est permis de naviguer le long de la route du Nord sans l’assistance d’un brise-glace, à condition d’avoir un navire de classe polaire en présence d’un niveau de glace faible, mais ce sont les assureurs qui exigent, tout au moins pour le moment, la présence d’un brise-glace.
La location d’un brise-glace revient à 5 dollars par tonne transportée, mais cette dépense est, selon les armateurs, largement compensée par les économies réalisées en terme d’utilisation des navires, dans le mesure où la traversée est jusqu’à 20 jours plus rapide, qu’en empruntant la route qui passe par le canal de Suez et la mer Rouge.
En cette fin d’été 2013, les chinois testent, avec le Yong Sheng, un cargo, de taille modeste, le gain de temps par rapport au passage par le canal de Suez, alors que la banquise polaire arctique vient d’atteindre un minimum historique, depuis le début des observations par satellite.
Les chinois sont les premiers intéressés par la possibilité de s’engager dans le détroit de Béring, entre l’extrême nord russe et l’Alaska et de s’engager ensuite sur la route Nord-Est, la RNE qui permet de relier l’Asie à l’Europe sans passer par le canal de Suez.
Ouverte par l’Union soviétique dès les années 1930, cette voie ne s’est étendue au transit international que récemment, après les premiers essais en 2009, où des navires allemands avaient fait le trajet derrière un brise-glace atomique russe, le même qui a précédé, sur ce trajet, le chinois Yong Sheng.
Après les 4 voyages enregistrés en 2010, 34 en 2011 et 46 en 2012, il faut relativiser l’importance actuelle de la RNE par rapport au trafic qui transite chaque jour par le canal de Suez et la mer Rouge.
Actuellement, la majorité des 450 autorisations de navigation demandées concerne les navires russes, qui n’empruntent qu’une partie de la route, généralement pour rejoindre ou quitter les sites industriels situés dans le Grand Nord.
Parmi les demandes refusées cette année, figure celle de Greenpeace, pour son brise-glace l’Actic-Sunrise, pour avoir, selon l’administration russe des informations techniques insuffisantes.
En fait l’Arctique-Sunrise, est très probablement venu protester contre les opérations de forage que les compagnies pétrolières russe Rosneft et américaine Exxon Mobile préparent à effectuer en mer de Kara, sur la RNE, ce qui explique en fait le refus d’accorder l’autorisation de naviguer demandée.
Les risques présentés par l’exploitation pétrolière de l’Arctique donnent des sueurs froides aux entreprises pétrolières, titulaires de permis d’exploration dans l’Arctique, une zone censée renfermer dans son sous-sol, d’importants réserves d’hydrocarbures liquides et gazeuses et bien d’autres richesses minières.
Elles ont pratiquement toutes suspendues leurs opérations de prospection, en sachant qu’aucune technologie connue ne garantit aujourd’hui de pouvoir intervenir au milieu des glaces, en cas de d’éruption libre, provoquant une marée noire comme celle qu'a connu BP dans le golfe du Mexique.
D’ailleurs, le coût des hydrocarbures extraits du sous-sol de l’Arctique serait prohibitif par rapport à ceux extraits des gisements de schiste.
Il semble bien que cette prise de conscience remonte à la couteuse expérience de BP dans le golfe du Mexique où les opérations sur le puits en éruption pouvaient s’effecteur par une mer calme, ce qui ne risque pas d’être le cas dans l’Arctique.
Or la seule navigation sur la RNE présenterait un risque de pollutions considérable, si elle était ouverte aux navires citernes transportant des hydrocarbures, dans une région d’une grande fragilité écologique.