Près de la moitié des entreprises ne connaissent pas les raisons des absences de leurs salariés
Article lu 25636 fois, depuis sa publication le 20/07/2011 à 15:35:49 (longueur : 4678 caractères)
En Europe, près de la moitié, 45%, des entreprises sont dans l'impossibilité de préciser les raisons des absences de leurs salariés, ce que ressort l'enquête Mercer 2010 Pan-European Survey on Employer Health Benefits Issues.
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Cette enquête, menée auprès d'entreprises dans 14 pays européens, indique que si 82% des entreprises ayant répondu contrôlent la durée des absences de leurs salariés, seules :
- 35 % d’entre elles en consignent la raison (56% en Italie, 55% au Portugal, 52% en Irlande, 15% en Allemagne).
- 27 % en mesurent le coût (50% en Espagne, 48% en Irlande, 42% aux Pays-Bas, 12% en Italie, 8% en France).
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Par ailleurs, 29% des entreprises interrogées en France, 23 % en Italie et 25 % au Royaume-Uni ont déclaré que leurs entreprises ne conservaient aucune donnée de ce type.
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Concernant la durée des absences, il y a une grande disparité de la conservation de cette information, ainsi 92 % pour les personnes interrogées en Pologne la conserve, contre 69 % en France.
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La durée moyenne des absences est de 9 jours par an/salarié en Autriche, 8 en Allemagne et en France, 7 en Pologne et aux Pays-Bas, 6 en République Tchèque et en Italie, 5 Au Royaume-Uni et 4 jours en Irlande, Portugal et Espagne. La plupart des personnes interrogées (73 %) ont déclaré que les absences étaient généralement courtes et fréquentes, mais pour 27 % il s’agissait d’absences de 8 jours ou plus.
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Denis Campana ajoute « Un grand nombre d’entreprises s’attendaient à ce que le ralentissement économique ait entraîné une diminution des absences, du fait que les salariés s’efforcent de prouver leur importance pour l’employeur. Cependant, les entreprises interrogées ont constaté des changements négligeables des taux d’absence sur les trois dernières années. »
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Concernant le coût de la santé, Denis Campana, Directeur de l'activité Santé Prévoyance chez Mercer, explique « Aux États-Unis, les entreprises ont désormais tendance à surveiller de plus près la santé de leurs salariés, ce qui a un impact direct sur les taux d’absence et les frais de santé. En Europe, les systèmes de santé nationaux ont souvent ignoré cette corrélation, mais on observe un changement d’attitude. La réforme de santé européenne représente une menace financière réelle pour les entreprises. Cependant, la mise en place de politiques destinées à mieux gérer les niveaux d’absence futurs ne constitue une priorité que pour moins de la moitié des entreprises interrogées. Ceci devrait être une préoccupation pour toute entreprise soucieuse des coûts. »
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Denis Campana explique l'une des raisons de l'absence de conservation des données « Les départements de RH en Allemagne et en France ne sont pas autorisés à connaître les raisons médicales des absences ou des maladies, ils ont uniquement accès aux schémas d’absence et à la durée. Ce n’est donc pas surprenant que ces pays soient à la traîne en termes de données sur les raisons des absences. Cependant, l’impression générale retirée de l’analyse des données est que les entreprises de cette région n’appliquent pas de bonnes politiques de gestion des absences.»
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Interrogées sur leur priorité numéro 1 en termes de gestion des prestations de santé pour les prochaines années, les personnes sondées en République tchèque (35 %), en Allemagne (38 %), en Italie (52 %), en Pologne (33 %), au Portugal (39 %) et en Espagne (41 %) ont déclaré que l’implication et la satisfaction des salariés consistait leur première priorité.
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Les personnes interrogées en France (47 %) et au Royaume-Uni (36 %) placent la maîtrise des coûts en première position, alors qu’en Autriche (60 %), en Irlande (33 %) et aux Pays-Bas (31 %) la prévention des maladies et la promotion de la santé étaient la priorité numéro 1 pour les prochaines années.
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Denis Campana conclut « Une bonne gestion des absences a un impact positif sur les résultats financiers de l’entreprise et permet de maîtriser les coûts, alors que la prestation d’une couverture médicale renforce la satisfaction et l’implication des salariés. Si les avantages en matière de coûts sont difficiles à calculer il s’agit cependant d’un exercice utile, car il profite à l’entreprise toute entière et peut représenter des ordres de grandeurs du demi point de la masse salariale. Malgré les lacunes évidentes en termes de méthodes de gestion des absences, on peut espérer peu de changements significatifs à l’avenir. Le paradoxe est que, bien que les entreprises reconnaissent que ces domaines peuvent avoir un impact positif sur leurs résultats financiers, elles sont peu nombreuses à avoir mis en place des systèmes susceptibles d’entraîner des changements concrets. »