Les plantations d'OGM ont le vent en poupe… sauf en Europe
Article lu 30612 fois, depuis sa publication le 20/02/2015 à 07:34:25 (longueur : 4702 caractères)
Le nombre de plantation d'organismes génétiquement modifiés, les OGM ont atteint un record en 2014, avec 181,5 millions d'hectares exploités dans le monde, en hausse constante, de 6 millions d'hectares, par rapport à 2013.
Ce sont des chiffres récents, publiés le 28 janvier par l'association pro OGM Isaaa.
On compte parmi les principaux OGM commercialisés dans le monde, le maïs, le soja, et le coton, mais aussi des fruits ou légumes, comme la papaye, les aubergines ou encore la pomme de terre (pour des usages non alimentaires).
Le génie génétique permet aux semenciers spécialisés de modifier, supprimer ou introduire certaines caractéristiques dans les végétaux. La transformation qu'ils opèrent consiste à apporter tantôt une fonction nouvelle, comme par exemple des gènes qui confèrent à des plantes une tolérance à un herbicide, tantôt une résistance à un ravisseur, voire à inactiver une fonction existante.
Cette manipulation, qui modifie des données de la nature n'est pas facile à admettre par tous les scientifiques qui craignant, à tort ou à raison, principe de précaution obligent, que ces manipulations puissent avoir, à long terme des effets négatifs sur les écosystèmes ou sur la santé des consommateurs.
Ils reprochent aux puissants semenciers nord-américains soucieux de faire du forcing auprès du monde agricole, où se situe leur clientèle, d'occulter ce risque qui ne s'est, jusqu'à présent, jamais manifesté et, il faut bien le dire, le temps qui passe, sans accidents. Cela joue en la faveur des semenciers.
Les semenciers réussissent parfaitement, sauf dans l'Union européenne, qui est restée en marge de cet engouement pour les OGM, qui s'est traduit, sur les autres continents, par la multiplication par plus de cent, depuis les premières plantations d'OGM en 1996, des hectares cultivés.
Au total, 22 pays en développement, dont le Brésil et l'Argentine et six pays industrialisés, représentant plus de 60 % de la population mondiale, ont cultivé des OGM au cours de l'année 2014.
Les Etats-Unis arrivent largement en tête avec 73,1 millions d'hectares plantés en OGM, devançant le Brésil, qui compte 42,2 millions d'hectares et l'Argentine arrive en 3eme position avec 24,3 millions d'hectares plantés et ce principalement en soja.
Aux Etats-Unis, comme au Brésil et en Argentine, c'est le soja qui a conduit à ce développement et ont fait de ces 3 pays les pays les principaux exportateurs de tourteaux de soja pour l'alimentation animale.
Les partisans des OGM y ont été entendus, en faisant valoir leurs qualités de résistance à la sécheresse, aux insectes et aux maladies.
Pour ne pas rester à l'écart de cette véritable révolution agricole, la Commission de l'Union européenne a multiplié les efforts, par la promulgation de Directives, jamais appliqués par les Etats membres restés, hostiles aux OGM, dont la France.
Le 12 juin 2014, les 28 Etats membres ont donné leur accord, lors d'un Conseil des ministres de l'environnement, à une réforme du processus d'autorisation des OGM, pour tenter de mettre fin à une bataille politique de quatre ans entre la Commission et les adversaires des semences transgéniques.
Concrètement, selon la procédure d'homologation, la Commission européenne délivre les autorisations de mise sur le marché ou de mise en culture des semences transgéniques, après une évaluation des risques pour la santé publique et l'environnement par l'Autorité européenne de santé publique et de l'environnement, l'EFSA.
Puis, la Commission fait valider sa décision par le vote des Etats membres, qui statuent à la majorité qualifiée, mais elle peut décider seule à défaut d'un vote favorable de ceux-ci. Cependant, chaque Etat membre peut faire jouer une clause de sauvegarde ou une mesure d'urgence, pour ne pas appliquer la décision, en évoquant des motifs environnementaux ou sanitaires.
En France, le conseil d'Etat a annulé deux moratoires visant à interdire la culture du maïs Mon810, le seul homologué par la Commission et qui a connu un début de succès, mais en fin de compte il n'est cultivé qu'en Espagne et occupe moins de 0,1 % des surfaces agricoles européennes.
Pour le moment, en on est là.
Cependant, si les OGM ne sont toujours pas cultivés dans l'Union européenne, nous en consommons dans les produits alimentaires importés et notamment des tourteaux de soja et autres produits OGM pour l'alimentation de nos animaux d'élevages.
Pour le moment, nous protégeons notre environnement contre des risques éventuels des plantations d'OGM, mais pas la santé publique, puisque nous en consommons massivement, peut-être davantage que d'autres habitants de la planète.
Erik Kauf
Rédacteur en Chef