Risk management et comptabilité (Pr Jean-Paul Louisot)

« La comptabilité ne rend pas les bénéfices ou les bilans des sociétés plus volatils. Elle augmente simplement la transparence de la volatilité des bénéfices. » (Diane Garnick)

Alors que la gestion des risques est par essence prospective, la comptabilité est souvent rétrospective et repose sur les coûts historiques des événements réalisés dans le passé. Pour autant il faut prendre en compte les situations dans lesquelles le risque fait partie des données de base pour la préparation des états financiers, de même qu'il faut analyser comment la gestion des risques est rendue en comptabilité et s'appuie sur des données comptables.

Il convient également de comprendre comment l'information comptable éclaire les décisions d'investissement grâce à son utilisation de prédicteur de la performance future de l'entreprise, du rendement du marché boursier, de la faillite, de la fraude au sein de l'entreprise et de la volatilité des résultats. Enfin, les états financiers contiennent de nombreuses informations utiles aux estimations de risque et de gestion des incertitudes et des taux d'actualisation. On ne peut non plus laisser de côté le débat sur le rôle de la comptabilité dans la crise financière de 2007-2008 qui pèse encore sur la mémoire de nombreux professionnels.

La gestion des risques comprend l'identification, la surveillance et le contrôle ou la réduction des risques avec pour mission le succès des opérations et/ou l'atteinte des objectifs. Chaque organisme est confronté à des problèmes qui, s'ils ne sont pas contrôlés, peuvent nuire à l'organisation. Il existe des risques à grande échelle comme la sécurité informatique et des risques plus circonscrits tels que la dépendance excessive à un fournisseur spécifique. Si tout se résume à des coûts financiers, il est essentiel pour garantir une performance optimale de mesurer le cout potentiel de ces risques.

La comptabilité aide à identifier l'impact de ces différents événements, produits et autres ressources sur la santé financière d'un organisme. Ces chiffres procurent également des données concrètes utilisables pour la projection dans l'avenir. L'analyse financière dévoile des solutions de gestion des risques qui permettent d'identifier et d'évaluer les risques plus rapidement et de définir des mesures de traitement efficientes. Cela s'applique non seulement aux menaces mais également aux opportunités qui peuvent se présenter.

Les données comptables provenant d'une variété de sources différentes peuvent être stockées, suivies et surveillées dans un seul système de comptabilité intuitif. Du point de vue de la comptabilité, on peut isoler les initiatives, les produits, les événements et les personnes qui contribuent à réduire le rendement des investissements. À partir de là, il est plus facile d'appliquer des mesures correctives du fait qu'on ne s'appuie pas uniquement sur l'intuition de ce qui se passe mais sur des données vérifiables. Les montants financiers et les tendances entourant les initiatives fournissent des détails concrets sur ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas au sein d'un organisme.

Quel que soit le secteur d'activité ou la taille de l'entreprise, les facteurs de risque communs comprennent :

- Facteurs financiers : L'instabilité financière due à l'échec des projets, l'augmentation des dépenses et les faibles flux de trésorerie en sont quelques exemples.

- Facteurs humains : Les mauvaises décisions, les erreurs et les pertes de salariés ou les problèmes de recrutement sont des exemples de facteurs humains qui peuvent entraîner des coûts menaçant l'efficience de l'exploitation.

- Facteurs environnementaux : Les changements environnementaux et les événements physiques comme les ouragans et les inondations peuvent augmenter les coûts en dommages et en temps, surtout s'ils ne sont pas préparés. La réduction des risques d'entreprise et dans l'info nuage est également un facteur.

- Facteurs liés à l'équipement ou aux produits : Les retards ou les erreurs de produit, la défaillance de l'équipement et les défauts d'approvisionnement sont autant de risques qui d'entraves au travail tout en augmentant les coûts.

Les risques sont gérables dès lorsqu'ils sont identifiés. Il existe des technologies comptables qui permettent de diagnostiquer ces risques uniques et de les suivre au moyen de rapports et d'alertes automatisés. Il est donc important pour tout professionnel de la gestion des risques de comprendre comment les outils d'information financière apportent des solutions essentielles pour la gestion des risques mais il est également important pour les comptables de comprendre comment leurs propres opérations sont un outil de gestion des risques tout en constituant des sources de risques pour l'organisme. En clair, il s'agit de comprendre les synergies entre comptabilité et gestion des risques pour en tirer le maximum.

« Il faut connaître la comptabilité. C'est le langage de la vie professionnelle pratique. C'était une chose très utile à la civilisation. J'ai entendu dire qu'il est venu à la civilisation à travers Venise qui bien sûr était autrefois la grande puissance commerciale en Méditerranée. Cependant, la comptabilité à double entrée était une sacrée invention. » (Charlie Munger)

L'apport de …

Pour lire la suite de l'étude du professeur Louisot dans le numéro 766 du magazine RiskAssur-hebdo, cliquez ICI