1/3 des factures réglées avec plus de 15 jours de retard par les entreprises européennes
Article lu 18746 fois, depuis sa publication le 17/11/2011 à 13:54:40 (longueur : 5688 caractères)
Les entreprises peinent à réduire leurs délais de paiement ; en moyenne, les retards restent supérieurs à 13 jours en Europe et 12 jours en France. 30 % des entreprises européennes règlent leurs factures avec un retard de plus de 15 jours.
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Ainsi, Altares, spécialiste de la connaissance interentreprises, membre du réseau mondial Dun & Bradstreet, constate qu'au troisième trimestre 2011, les entreprises en Europe payent leurs fournisseurs avec un retard moyen de 13,4 jours.
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Mais, la Grande Bretagne qui confirme son redressement, affiche toujours des décalages de paiement encore supérieurs à 16 jours. L'Espagne et le Portugal restent derniers de la classe avec des retards de paiement de plus de 20 jours.
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Il est possible de constater que sur un an, les reports de paiement évoluent peu ; ils ne se dégradent plus mais comme le fait remarquer Altares, ils peinent à diminuer.
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Les directions financières, soucieuses d'assurer leur besoin de financement, sont attentives à ne pas laisser déraper les retards de paiement ; la gestion du cash est au cœur des échanges interentreprises. En France, les retards de paiement demeurent légèrement au-dessus de 12 jours.
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30,9 % des entreprises européennes retardent leurs paiements fournisseurs de plus de 15 jours et 8,3 % de plus de 30 jours. Ces taux, meilleurs que ceux constatés au plus fort de la crise, se dégradent néanmoins par rapport au trimestre précédent.
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Altares constate depuis longtemps au travers des mesures de performance de ses scores de risque que les entreprises retardant leurs règlements fournisseurs de plus de 30 jours présentent une probabilité de défaillance multipliée par six.
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L'Allemagne tire la performance européenne avec des retards de paiement, au plus bas, ramenés à moins de 9 jours dès le printemps 2010 et désormais tout proches de 8 jours. Près de 60 % des entreprises allemandes (41 % en Europe) respectent les conditions de paiement.
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En France, 66,5 % des entreprises ne respectent pas les délais contractuels convenus avec leurs fournisseurs. Le ratio français s'améliore par rapport au trimestre précédent (68,1 %) sans toutefois que cela ait une incidence sur le nombre de jours de retard moyen qui reste fixé légèrement au-dessus de 12 jours (12,1).
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En Grande Bretagne, les trois quarts (75 %) des entreprises règlent leurs fournisseurs en retard. Une sur dix d'entre elles reportent même leurs paiements de plus d'un mois.
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La Belgique fait un peu mieux que la moyenne européenne. Les retards de paiement se maintiennent sous les 13 jours (12,4 jours) et 59,2 % des entreprises payent leurs fournisseurs après la date d'échéance prévue.
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Les Pays-Bas ont des retards de paiement qui demeurent faibles à 8,5 jours en moyenne, la proportion de règlements décalés augmente sensiblement. Toutefois, 50 % des entreprises néerlandaises payent en retard, elles n'étaient que 46 % avant l'été.
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En Italie, les retards de paiement avaient franchi la barre des 20 jours au plus fort de la crise fin 2008.
Désormais, ils se stabilisent sous les 16 jours (15,5 jours). Par ailleurs, 11 % des entreprises italiennes repoussent
leurs paiements de plus de 30 jours.
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En Espagne, les retards de paiement des entreprises franchissent la barre des 20 jours (20,8 jours).
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Le Portugal détient le taux de très grands retards le plus haut en Europe ; dans ce pays, près de 20 % des entreprises payent les fournisseurs avec un retard de plus de 30 jours.
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« La crise économique a singulièrement rappelé aux directions financières l'impérieuse nécessité d'optimiser le besoin en fonds de roulement (BFR) indicateur clé du financement court terme », observe Thierry MILLION, responsable des analyses Altares.
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« Cela passe, notamment, par des actions visant à rééquilibrer les conditions de paiement clients -fournisseurs. La raréfaction du crédit a précipité vers la défaillance bon nombre d'entreprises qui n'ont pu faire face, sans financement additionnel, à l'effondrement de leur carnet de commande. Les trésoreries, fortement sollicitées, sont alors apparues insuffisantes. Pourtant, les efforts publics visant à réduire les délais de paiement n'ont pas manqué avec la mise en place de la LME en France ou la modification de la Directive européenne de lutte contre les retards de paiement. Mais le contexte international encore très compliqué laisse craindre que la problématique du financement des exploitations continue de hanter les dirigeants d'entreprises. Une bonne gestion de la trésorerie requiert de maîtriser ses délais de règlement fournisseurs et de réduire ses délais d'encaissement clients tout en évitant les retards de paiement. Ces derniers, insuffisamment contrôlés, sont à l'origine d'une défaillance d'entreprise sur quatre. Ils minent les trésoreries paralysant la croissance de l'entreprise.
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Aussi est-il vital d'anticiper ce risque ; notamment, par la mise en place de deux mesures simples et très efficaces. Tout d'abord, en organisant une meilleure connaissance de son portefeuille clients ; c'est souvent de clients anciens, représentant une part significative du chiffre d'affaires, que viennent les difficultés les moins attendues et les plus sévères. Ensuite en instaurant un contrôle de la balance âgée des clients, qui permettra de suivre les dates d'échéances de paiement et ainsi repérer immédiatement les retards de règlement. L'analyse Altares des balances âgées qui lui sont confiées confirme la pression de la conjoncture sur les trésoreries en cette fin d'année fragilisant les entreprises vulnérables ; les défaillances d'entreprises devraient se maintenir à des niveaux encore élevés en France comme en Europe ».