Au Japon, la sortie du nucléaire se fait dans la douleur
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Après l’accident de Fukushima début 2011, les autorités de sécurité nucléaire japonaises ont ordonné l’arrêt, pour vérification, de la totalité du parc nucléaire du pays.
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Le Japon, grand consommateur d’énergie électrique disposait à cette époque 55 centrales nucléaires en activité, autant que la France, appartenant et gérées par des producteurs d’énergie privés.
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Le nucléaire fournissait au moment de la catastrophe de Fukushima 30% de la consommation d’électricité du pays, le reste étant produit par des centrales thermiques, fonctionnant au fuel ou au gaz naturel, que le Japon doit importer.
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La catastrophe qui a frappée la centrale de Fukushima n’était pas d’origine nucléaire, mais a été provoquée par un séisme, suivi d’un raz de marée, d’une intensité et d’une force que le Japon n’avait jamais connu, bien que ce pays soit exposé continuellement, plus que tout autre, à ce type de catastrophe naturelle et protège ses infrastructures et constructions en conséquences.
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Cependant, il y avait une faille non prise en compte dans ce système, que le Japon n’a pas fini de payer.
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Les 55 centrales nucléaires en activité étaient conçues pour résister aux plus forts séismes et, pour celles situes en bord de mer, aux plus importants raz de marée prévisible, jusqu’à la catastrophe de Fukushima, qui a démentie ces prévisions.
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Les pouvoirs publics en ont tiré les conséquences en ordonnant l’arrêt immédiat de toutes les installations nucléaires en activité ou en construction, en attendant leur inspection destinée à examiner, in concreto, leur résistance à des évènements naturels de la nature et de la force à ceux qui viennent de se produire.
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Il est possible, sinon probable, que dans la hâte, cette décision ait été mal expliquée, voire mal comprise par une population traumatisée et vivant sous la crainte d’une explosion nucléaire de type de Tchernobyl et qui en attendaient la sortie définitive du nucléaire du pays.
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Entre temps, le pays s’est organisé pour faire face, tant bien que mal, à une réduction de sa consommation d’électricité, en supprimant tout ce qui semble être superflue, dont notamment la climatisation, grande consommatrice d’électricité.
Aujourd’hui, ceux qui ont cru à la sortie définitive du nucléaire du Japon sont déçus par la décision du gouvernement d’autoriser la remise en service de deux unités de la centrale d’Hoi, justifiée par l’actuelle pénurie d’électricité, ce qui laisse entrevoir une remise progressive en activité d’autres installations, au fur et à mesure du résultat positif de leur inspection de sécurité.
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Leur opposition se manifeste par des mouvements de masse qui viennent de rassembler à Tokyo, des dizaines de milliers de personnes, venues de tout le pays.
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En France, nous dirions que le bras de fer est engagé entre les pouvoirs publics responsables de l’approvisionnement en électricité dont dépend l’activité du pays, et des forces antinucléaires bien décidées, à faire valoir leur point de vue.