Stress en entreprise : les TPE sont-elles à l'abri ? Article lu 23643 fois, depuis sa publication le 16/10/2014 à 10:38:01 (longueur : 9604 caractères)
Fréquemment médiatisé pour ses effets nocifs les plus extrêmes (burn-out, suicide), le stress est un phénomène de plus en plus répandu dans le monde du travail.
Le stress et les risques psychosociaux sont devenus une préoccupation majeure des entreprises et des autorités de santé publique.
Ce n'est pas particulier à la France : l'Agence européenne pour la santé et la sécurité au travail en a fait sa priorité pour 2014. Cependant, la plupart des travaux et recommandations portent sur des entreprises de taille moyenne ou grande. Ils sont mal adaptés pour les TPE (très petites entreprises), comptant chacune moins de dix salariés, mais représentant en France un emploi sur cinq.
Depuis 1996, l'Observatoire Alptis de la protection sociale décrypte, suit et analyse les tendances des acteurs économiques français, travailleurs indépendants et entrepreneurs. C'est pour remédier au manque d'information sur le stress dans les TPE qu'il a confié à Marc Loriol, sociologue, la réalisation d'une étude sur cette question, avec l'éclairage de Dominique Servant, psychiatre. (Etude sociologique qualitative basée sur des recherches localisées, auprès de différentes petites structures TPE, soit une cinquantaine d'entretiens et observations détaillées réalisées en 2013 et 2014)
80% des salariés de TPE heureux au travail
Les salariés de TPE se plaignent moins du stress que ceux des autres entreprises, alors qu'ils ont en moyenne une durée hebdomadaire de travail plus longue (supérieure à 39 heures, pour 27% des salariés à temps plein contre 6,4% dans les autres entreprises) et un salaire moyen plus bas (en moyenne de 19%). Mieux ! 77% d'entre eux pensent que l'ambiance de travail est meilleure que dans les plus grandes entreprises et 80% se disent heureux au travail. De plus, 41 % des salariés se sentent attachés à leur employeur, contre 27 % dans une plus grande entreprise.
Dès les années 1930, il avait été reconnu que la bonne ambiance au travail, l'empathie des collègues, la fierté d'appartenir à un groupe valorisé étaient plus importants que les conditions de travail (rythme, intensité, pénibilité, etc).
Or, explique Marc Loriol, « dans les TPE, les relations humaines sont de meilleure qualité. C'est une notion-clé. » (Sociologue, chercheur au CNRS Université Paris I Panthéon-Sorbonne, spécialiste du stress au travail, de la protection sociale et des professionnels de la santé)
Plus récemment, l'enquête SUMER 2003 a montré que les salariés de TPE sont moins en butte aux comportements hostiles ou aux dénis de reconnaissance. Marc Loriol précise : « Les TPE ont un côté plus humain qui permet de désamorcer directement les conflits entre les individus. »
Proximité et confiance, au coeur du fonctionnement de la TPE
Les salariés de TPE ne sont pas moins exposés au stress, mais plusieurs facteurs propres aux structures des TPE concourent à en diminuer l'impact négatif sur leur santé : la proximité entre salariés et avec le dirigeant, tant relationnelle que grâce à leur affinité de milieux, la possibilité de régler les conflits de façon informelle, le partage de valeurs communes sur la qualité du travail, l'engagement dans l'entreprise, une plus grande latitude pour organiser son travail. Comme l'explique Marc Loriol, « les TPE ont un côté plus humain, qui permet de désamorcer directement des conflits entre les individus. »
Un modèle singulier : règlement informel, engagement personnel et affectif plus fort
Quel est modèle de la TPE idéale, selon l'étude, pour canaliser le stress ? C'est celui du modèle d'entreprise artisanale, souvent familiale, où « des gens de métier » perpétuent « l'esprit maison ».
Cependant, celui-ci tend (vous en avez lu 39%, il reste à lire 61%, de cet article.)
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