Polémique autour de la pollution provoquée par le chauffage au bois
Article lu 11039 fois, depuis sa publication le 14/12/2016 à 08:00:41 (longueur : 2932 caractères)
La ministre de l'environnement Ségolène Royal, s'exprimant à la télévision, a fait savoir qu'elle entend revenir sur la décision d'interdire les feux de cheminé en foyer ouvert résultant d'un arrêté préfectoral de mars 2013, pris dans le cadre du plan de protection de l'environnement, car pour elle, cette décision ne va pas dans le bon sens.
Elle a ajouté « J'encourage le chauffage au bois, la forêt couvre 30 % de notre territoire la France possède la quatrième forêt européenne, le bois est une énergie renouvelable et il y a des poêles de chauffage au bois qui sont performants ».
En fait, elle ne veut pas que cet arrêté mette en cause toute la filière bois et par là même une contribution importante au développement des énergies renouvelables.
L'interdiction qu'elle conteste et qui s'applique à Paris et à 435 communes de la région concerne tous les feux de bois et non pas seulement les cheminées à feu ouvert.
Il se trouve que le nombre de ménages se chauffant au bois a fortement augmenté ces derniers temps en France.
Selon une enquête publiée en 2013 par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, l'Ademe leur nombre est passé de 5,9 millions en 1999 à 7,4 millions en 10 ans.
Ce qui limite le recours au bois est sa possibilité de stockage, inconcevable dans un appartement de ville.
Seulement, selon Airparif, dans l'agglomération parisienne en général, loin du trafic automobile et des axes routiers, la contribution du chauffage au bois dans les émissions de particules fines PM 2,5 est de 7 à 8 %, donc identique à celles du trafic routier.
En effet, la combustion du bois émet des polluants, si elle n'est pas correctement contrôlée, ce qui est le cas des cheminées ouvertes, ce qui est flagrant, par exemple à Chamonix, dans la vallée de l'Arve.
En hiver, le chauffage au bois y est à lui seul responsable de 85 % des particules fines charbonnées présentes dans l'atmosphère, alors que la pollution, en moyenne, y est nettement plus faible l'été.
Le chauffage au bois est d'autant plus polluant que la combustion n'est pas complète, ce qui est le cas des feux ouverts.
Pour cette raison, dans la vallée de l'Arve on n'interdit pas le chauffage au bois, mais la décision a été prise d'aider financièrement les particuliers à changer leurs appareils de chauffage anciens pour des appareils plus performants.
C'est un problème d'ordre général, d'où la création du fonds Air Bois, financé à parts égales par l'Ademe, pour le compte de l'Etat et par des collectivités locales.
Ce fonds accorde une prime de 1 000 euros pour remplacer un appareil de chauffage au bois antérieur à 2002 ou un foyer ouvert, par un appareil de chauffage moderne, au bois.
Le bois est devenu une énergie à part entière chez la moitié des ménages qui y ont recours, car il est l'énergie la moins chère, souligne le responsable de la qualité de l'air à l'Ademe.