Un climatosceptique est à l'œuvre aux Etats-Unis
Article lu 6678 fois, depuis sa publication le 14/03/2017 à 07:50:49 (longueur : 3686 caractères)
Le climatoscepticisme du nouveau directeur de l'Agence de l'environnement américaine, l'EPA, Scott Pruitt, nommé à ce poste par l'administration de Donald Trump, ne facilitera les rapports internationaux.
Il vient de prendre le contre-pied du consensus scientifique mondial en estimant que les émissions de dioxyde de carbone, le CO2 n'étaient pas un facteur déterminant dans le changement climatique, en appelant néanmoins à continuer d'étudier l'analyse de leur impact, c'est le moins qu'il pouvait faire.
Dans une interview sur une chaîne de télévision il a dit « je pense que mesurer avec précision l'impact de l'activité humaine sur le climat est quelque chose de très difficile et il existe un immense désaccord sur le degré de son impact, donc non, je ne serais pas d'accord pour dire qu'il s'agit d'une contribution importante au réchauffement climatique. »
Autrement dit, les Etats-Unis peuvent continuer, si tel est leur intérêt, à polluer impunément, sous couvert de la présidence de Donald Trump et, en même temps, il se laisse une porte ouverte, s'ils devaient changer d'avis.
La réaction des scientifiques a été immédiate, pour eux Scott Pruitt devrait démissionner, car ses positions mettent en danger notre sécurité, c'est notamment l'avis du professeur Kerry Emanuel de science atmosphériques du MIT de Boston.
Depuis sa nomination à la tête de l‘EPA et durant son audition au Sénat en vue de sa confirmation, il avait fait profil bas, évitant toute déclaration provocante.
Il avait notamment reconnu, ne pouvant pas faire autrement, la réalité du réchauffement planétaire, tout en soulignant que la part de responsabilité humaine faisait encore débat, ce qui est totalement faux, si l'on se réfère au constat dressé par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat le GIEC, qui fait autorité sur ce sujet :
« L'accroissement des émissions de CO2 était la principale cause du réchauffement suivi par le méthane, les gaz halogènes et le protoxyde d'azote, dont les concentrations ont résulté principalement des activités humaines. »
Maintenant, il reste à se demander ce que Scott Pruitt, l'ancien procureur général de l'Oklohama peut faire à la tête de l'EPA.
Selon un document filtré dans les médias américains, les coupes budgétaires envisagées par lui entraîneraient une réduction de 20 % du personnel de l'EPA et élimineraient des dizaines de programmes de protection de l'environnement, au détriment de la coopération internationale.
Scott Pruitt a dénoncé, également, le mauvais accord de Paris sur le climat.
Pour lui « l'Accord de Paris aurait dû être géré comme un traité, il aurait dû passer par une validation du Sénat, c'est inquiétant » a-t-il ajouté.
Effectivement, sans l'initiative courageuse du président de l'époque, Barack Obama, qui a entraîné d'autres pays réticents, l'accord de Paris n'aurait pas vu le jour, mais il a été signé, ratifié et mis en application et engage les Etats-Unis vis-à-vis de la collectivité internationale, même s'il leur pose des problèmes au plan interne.
Seulement, beaucoup de choses dépendent des Etats-Unis, les engagements de réduction des émissions de gaz effet de serre pour atteindre les objectifs de l'accord international de rester en dessous d'un réchauffement moyen de + 2 degrés, ce dont nous sommes loin, sans parler des problèmes de financement pour lesquels il faut le concours des Etats-Unis.
On croit savoir que l'entourage du président Donald Trump serait très divisé concernant l'opportunité pour les Etats unis de se retirer de l'accord de Paris, selon le New York Times, une décision pourrait être annoncée prochainement.