Le 15 : une histoire de régulation Article lu 11437 fois, depuis sa publication le 13/12/2013 à 09:53:13 (longueur : 4939 caractères)
En cas d'urgence médicale, le réflexe commun est d'appeler le Samu, autrement dit de composer le 15 sur son téléphone.
Chaque département dispose de son SAMU (Service d'Aide Médicale Urgente). On en dénombre une centaine sur l'ensemble du territoire, chargés de coordonner, entre autres, 350 SMUR (Service Médical d'Urgences et de Réanimation).
Les missions des SAMU comprennent l'intervention médicale, mais aussi le conseil.
Un appel qui aboutit au 15 est traité selon le principe de la régulation. Sous ce terme un peu hermétique se cache un système bien rôdé.
LE PRINCIPE DE LA RÉGULATION
En 2010, Pierre Mardegan élaborait un rapport, qui faisait état des chiffres suivants : en 2008, les SAMU de France ont décroché près de 31 millions d'appels, dont 12 millions ont fait l'objet d'une création de dossier médical.
La proportion entre ces deux chiffres résume à elle seule ce principe. La régulation s'appuie sur deux axes, afin de les coordonner : d'une part évaluer le degré d'urgence des appels entrants; d'autre part, recenser en permanence les moyens d'intervention, dont le SAMU dispose.
Chaque personnel d'un SAMU a un rôle bien défini, pour mettre en application cette régulation médicale, via une mutualisation des spécialités.
QUI ŒUVRE POUR LE 15 ?
Un appel entrant au 15 aboutira dans un CRRA (Centre de réception et de régulation des appels). Le premier interlocuteur de l'appelant sera un ou une ARM (Auxiliaire de Régulation Médicale).
Ces ARM reçoivent 100% des appels : aussi bien ceux concernant les demandes médicales, que ceux des prestataires (les ambulances par exemple), mais aussi les appels malveillants ou peu sérieux.
Il leur incombe de déterminer la nécessité médicale et d'orienter la demande d'aide, vers le médecin régulateur adapté : un urgentiste ou un généraliste.
Le médecin urgentiste fait partie du personnel d'urgence d'un hôpital. Il est alternativement acteur sur le terrain ou en régulation.
Il a une double mission dans le CRRA : estimer si la demande médicale justifie l'envoi de moyens médicaux et lesquels.
Certaines situations sont des cas d'école et facilitent la prise de décision : les accidents graves par exemple.
D'autres nécessitent une appréciation plus fine de l'urgence, en tenant compte de l'état du patient et de l'accessibilité des lieux aux moyens mobilisables.
La prise de décision de l'urgentiste doit non seulement être juste, mais peut rarement être temporisée.
Parfois, ils peuvent guider des gestes d'urgence à distance, par exemple, dans le cas d'un accouchement inopiné.
Les généralistes, quant à eux, sont des libéraux assurant des permanences dans les CRRA.
Ils répondent aux demandes relevant de la médecine générale, de deux façons : par le conseil téléphonique ou par l'envoi du généraliste de garde en cas de nécessité ou si l'échange téléphonique ne permet pas d'évaluer correctement la situation.
Le laps de temps dont ils disposent pour gérer un appel est très court, mais contrairement aux urgentistes, ils peuvent temporiser la décision, en fonction des éléments dont ils disposent : par exemple en donnant un conseil et en demandant de rappeler plus tard, pour évaluer l'évolution et reprendre une décision en adéquation avec les nouveaux éléments.
Pratiquer des choix médicaux à distance.
Tous ces choix médicaux ne sont pas anodins.
L'engagement de moyens à distance a des répercussions financières pour la collectivité (1500 € pour l'envoi d'un SMUR), peut avoir des conséquences juridiques sur le personnel de la régulation, mais aussi pénaliser un malade, si la ressource médicale est « dilapidée ».
Certaines situations tombent sous le sens et permettent une prise de décision rapide.
D'autres s'avèrent plus nébuleuses, en particulier lorsque la communication est parasitée, puisque dépendante de l'émotion, des moyens téléphoniques ou même de la barrière de la langue.
Par ailleurs, la fermeture de certaines unités hospitalières, l'extension des déserts médicaux ont provoqué un engorgement des services.
L'amertume des SAMU grandit à juste titre et l'on ne peut que partager leur inquiétude : au vu de la dégradation de leurs conditions de travail, quelle qualité de service pourront-ils apporter à leurs patients ?
Pour en savoir plus, sur FranceMédecin : http://www.riskassur-hebdo.com/actu01/actu_auto.php?adr=3009131308
SOURCES :
http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/mission_dgos-rapport_modernisation_des_samu-07-2010.pdf
http://www.samu-de-france.fr/documents/actus/129/677/regulation_medicale_fiche_de_synthese.pdf
http://www.samu-de-france.fr/fr
http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?cidTexte=LEGITEXT000006072665&dateTexte=20131211
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