Assurances : comment mieux appréhender les risques contemporains ? Article lu 28567 fois, depuis sa publication le 13/07/2023 à 07:15:34 (longueur : 6004 caractères)
Aux fondations de la notion-même d’assurance repose celle de risque, et de sa nécessaire et constante évaluation. Alors que le réchauffement climatique bouleverse les perceptions du risque, le secteur peut s’appuyer sur l’expertise locale des agences physiques, qui disposent d’une connaissance inégalée des spécificités de leur territoire et de leurs clients.
Que ce soit pour sa voiture, son logement, sa famille ou son entreprise, être assuré va, aujourd’hui, de soi. Une précaution - et parfois une obligation légale - qui, aussi banale qu’elle soit devenue, n’en demeure pas moins mystérieuse dans son fonctionnement et même sa raison d’être : peu d’assurés seraient, en effet, à même d’expliquer en détail les mécanismes complexes qui régissent les contrats auxquels ils souscrivent. Parmi ceux-ci, la notion de « risque » joue un rôle central - et, notamment, l’évaluation de ce fameux risque par les assureurs eux-mêmes, leur mission première étant d’indemniser certains dommages, eux-mêmes induits par la sévérité - constatée ou anticipée - de tel ou tel risque.
Le réseau d’agences, un échelon indispensable pour appréhender les risques
Mais avant toute chose, qu’est-ce, du point de vue d’un assureur, qu’un « risque » ? Le risque, entendu encore une fois dans son acception assurantielle, peut être défini comme la probabilité qu’un événement, à la fois imprévisible et quantifiable, survienne et qu’il cause des dommages à des biens ou des personnes. L’évaluation de ce risque - par l’assureur, mais aussi, dans une certaine mesure, par l’assuré - représente donc une étape préalable indispensable à la conclusion d’un contrat entre les deux parties. C’est l’une des raisons pour lesquelles les assureurs posent, souvent, un grand nombre de questions avant d’établir un contrat à signer : il s’agit, pour eux, d’évaluer au mieux le risque encouru, en déterminant le plus finement possible les besoins précis et la situation particulière de chaque assuré.
On le comprend à cette définition très générale, l’appréciation d’un risque, quel qu’il soit, est sujette à interprétation… et à évolution. Ainsi des risques dits « naturels » qui, à l’heure du réchauffement climatique, sont appelés à augmenter tant en fréquence qu’en intensité : selon une enquête réalisée en 2022 - après les incendies estivaux de la même année -, les Français seraient, en effet, plus conscients de la réalité de ces risques naturels qu’ils ne l’étaient auparavant. Près de huit personnes interrogées sur dix (79%) estiment que les risques naturels sont importants en France et 61% ont le sentiment d’être bien informés sur ces mêmes risques. Et, si une majorité de Français (54%) savent pour quels risques ils sont couverts par leur assurance, seuls 41% d’entre eux déclarent s’être renseignés sur les risques naturels qui pourraient directement frapper leur lieu d’habitation.
L’appréhension des risques est donc très variable d’un individu à l’autre, d’une situation à l’autre, d’un territoire à l’autre. Au niveau des assureurs, ce travail d’appréciation est grandement facilité par la dissémination territoriale des agences sur le terrain : chaque territoire étant plus ou moins concerné par tel ou tel risque - notamment les risques naturels -, disposer d’un vaste réseau d’agents permet aux assureurs de mieux appréhender les causes et conséquences des risques en question et, in fine, de proposer aux assurés des produits qui répondent véritablement à leurs besoins. « A Niort », explique l’agent général MMA Florian Prissé, « nous subissons les impacts climatiques, avec la sécheresse » : « nous avons eu des épisodes de grêle, nous sommes proches des zones d'incendie du bassin d'Arcachon. Il y a forcément une recrudescence des sinistres liés au changement climatique ».
Aggiornamento
Si tout un chacun peut constater cette augmentation des risques naturels dans son environnement, cette recrudescence place les assureurs devant un défi de taille : comment continuer d’évaluer, d’assurer et d’indemniser correctement les risques et, singulièrement, les risques dits « émergents » ? Parmi ces derniers, les assureurs français redoutent principalement les risques cyber, les risques liés au changement climatique et ceux liés à la dégradation de l’environnement économique, d’après un baromètre réalisé à la fin de l’année dernière - un trio de tête auquel il convient d’ajouter le risque de pénuries d’énergie et de matières premières et le risque politique, particulièrement élevé depuis la déstabilisation internationale entraînée par l’invasion russe en Ukraine.
La multiplication de ces risques émergents - et de leurs conséquences financières parfois exorbitantes - contraint donc l’ensemble du monde de l’assurance à un véritable aggiornamento. Répondre à ces nouveaux enjeux sans s’exposer déraisonnablement, tel est le double défi de la profession, où les regards se portent vers les « catastrophe bonds », ces obligations qui font supporter une partie du risque aux investisseurs ; ou encore vers l’assurance paramétrique, un nouveau modèle qui repose sur une modélisation fine de l’évolution des risques permise par l’exploitation de données toujours plus nombreuses - ainsi que sur la participation active des assurés, dont la collaboration est indispensable pour fournir les données permettant de calculer au mieux tel ou tel risque. Le futur à court et moyen terme de l’assurance pourrait donc se traduire par l’alliance entre le numérique d’un côté et le maillage physique des agences de l’autre, afin de toujours mieux adapter les produits aux besoins des assurés.
|
Sommaires
de RiskAssur-hebdo
Pour vous abonner
au magazine RiskAssur-hebdo
cliquez ICI
17/07/2025 à 10:49:33 Numéro 846 de RiskAssur-hebdo du vendredi 18 juillet 2025 Edito
- Après l'échec du conclave sur les retraites : risque de censure du gouvernement (Erik Kauf)
Commentaire
- La réforme de l'audiovisuel public présentée par Rachida Dati a été rejetée par les députés (Erik Kauf)
Tribunes
- La mafia des... 10/07/2025 à 10:52:02Numéro 845 de RiskAssur-hebdo du vendredi 11 juillet 2025 Edito
- Climat : la France échoue à réduire ses émissions au premier semestre 2025 (Erik Kauf)
Commentaire
- L'Assurance maladie sommée de faire 3,9 milliards d'économies en 2026 : les pistes sur la table (Erik Kauf)
Enquêtes
- Vacances en c...
|
Plus
de titres
A la une
1139 lectures - publié le, 21/07/2025 à 08:09:43
1139 lectures - publié le, 21/07/2025 à 07:52:13
1171 lectures - publié le, 21/07/2025 à 07:36:38
1521 lectures - publié le, 18/07/2025 à 07:25:43
1802 lectures - publié le, 18/07/2025 à 07:10:20
|
|
|