L'appel de Manille pour la protection du climat par le Président François Hollande
Article lu 28545 fois, depuis sa publication le 13/03/2015 à 07:39:25 (longueur : 4510 caractères)
Le président de la République, en visite d'Etat aux Philippines est venu plaider, face au monde, pour un accord universel sur le climat, à l'issue de la COP 21, qui se tiendra fin 2015 à Paris.
François Hollande et son homologue Philippin, Benigno Aquino ont appelé, jeudi 26 février, à un accord ambitieux, équitable et universel, par l'appel de Manille, lu par l'actrice Marion Cotillard, qui faisait partie, dans ce but, du voyage présidentiel, avec une sénatrice Philipinne Lauren Legarda.
C'est surtout de symbolique dont il était question à travers cette initiative, prise dans le but de donner un élan à la préparation de la conférence de Paris désignée aussi par conférence de la dernière chance, car elle pourrait échouer, ce qu'il ne faut pas exclure, comme celle de Copenhague en 2009 sur laquelle reposaient tous les espoirs.
En cas d'échec, il n'y aura pas de nouvelle conférence, en attendant une série de catastrophes climatiques, qui mettront de l'ordre dans les esprits des dirigeants de nos Etats.
Les deux ambassadrices ont déclaré, devant les responsables Philippins et les personnalités qui ont accompagné François Hollande :
« A Manille aujourd'hui, nous espérons que nous écrirons ensemble l'histoire à Paris en décembre, et que nous ne nous contenterons pas de la regarder se dérouler, en simples spectateurs ».
Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie a affirmé à cette occasion, que pour la France, une partie de l'accord attendu lors de la COP 21 se joue dans l'implication des grands groupes et des établissements bancaires, qui sont appelés à investir dans le Fonds verts pour le climat, dont la directrice générale était présente à Manille.
Ce Fonds, destiné à soutenir les pays en voie de développement, avait été promis comme accepté par les pays industrialisés en 2009, à Copenhague, avec pour objectif de réunir 100 milliards de dollars par an, à partir de 2020.
Cet objectif ne peut plus être tenu, en raison de la crise financière qui touche les grands pays industrialisés, dont la France où on en sait quelque chose.
Pour cette raison, le chef de l'Etat Français a évoqué la possibilité de voir émerger, dans la foulée de la COP 21 une alliance de Paris, qui regrouperait les gouvernements, les ONG, les entreprises, avec le même objectif de lutte contre le changement climatique.
François Hollande, pour éviter une opposition frontale entre pays du Nord et pays du Sud, a commenté l'appel de Manille en rappelant à plusieurs reprises que les Etats n'avaient pas tous la même responsabilité dans le dérèglement climatique et que les pays industrialisés, en raison de leur responsabilité se devaient de faire un effort.
Pour lui « L'appel de Manille, c'est pour que le monde soit plus juste, entre pays développés et les pays fragiles, entre les pays riches et les pays pauvres. » en ajoutant que « l'Alliance entre la France et les Philippines peut entraîner le reste du monde ».
Il a vu juste car c'est bien à ce niveau que se situe le principal risque d'échec de la conférence sur le climat, le fait de l'impossibilité des pays industrialisés de satisfaire les demandes des pays en développement.
Cet appel vise à s'entraider, se mobiliser et s'engager contre le réchauffement climatique, dont la lutte constitue un enjeu démocratique et un enjeu de paix.
L'actrice Mélanie Laurent, de passage par Manille, a lu une brève allocution devant la société civile philippine à l'invitation de Nicolas Hullot, ambassadeur pour la planète de François Hollande, avant de regagner Paris.
Ce casting, imaginé par Nicolas Hulot, était à l'image de la future l'Alliance de Paris à laquelle pense François Hollande.
Avant de quitter les Philippines, François Hollande a visité la ville de Guian, au sud du pays, qui fut durement touchée par le terrible typhon Huiyan, qui a fait 7 350 morts en 2013.
Alors, il faut se demander ce qui fait courir François Hollande, organisateur de la COP 21 à la fin de 2015 à Paris.
Arracher un « accord historique sur le climat » serait indiscutablement pour lui un moyen de se forger une stature internationale pour en tirer un bénéfice politique auprès des Français, avant les prochaines élections présidentielles, alors qu'il est actuellement plutôt bas dans les sondages.
Il doit sans doute penser, comme l'a fait en son temps, selon l'Evangile de Luc, Jésus de Nazareth que nul n'est prophète dans son pays.
Ce qui lui a fait dire « ça scellera la fin du quinquennat ».
Erik Kauf
Rédacteur en Chef