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Quelles alternatives au gaz russe ?

Quelles alternatives au gaz russe ?

Article lu 22519 fois, depuis sa publication le 12/12/2022 à 12:53:45 (longueur : 10572 caractères)


Comment se passer du gaz russe ? La réponse n'est pas évidente et les options s'annoncent contraignantes et coûteuses. Pour se développer, le GNL a besoin d'infrastructures, mais aussi de nouvelles réserves, comme celles qui commencent juste à être exploitées au Mozambique.
La guerre en Ukraine rebat les cartes de l'énergie en Europe. Le robinet russe, qui assurait 40 % des importations de gaz de l'UE en 2020, est aujourd'hui fermé, obligeant les pays européens à chercher des alternatives. L'Allemagne, en particulier, moteur industriel de l'Europe, était très dépendante du gaz russe, qui représentait 55 % de ses importations. Entre la spéculation sur le GNL avec des méthaniers qui font des ronds dans l'eau, et le coût élevé du gaz de schiste américain, les solutions ne sont pas évidentes. En attendant, des usines européennes ferment et les citoyens craignent de passer un premier hiver au frais – cette année ou l'année prochaine quand les stocks auront été épuisés.

L'industrie pétrochimique, notamment celle des engrais, est la plus touchée par l'augmentation du prix du gaz, avec des réductions significatives de production qui menacent les rendements agricoles et la sécurité alimentaire. L'industrie lourde et la fabrication de métaux sont également affectées : Glencore, Alcoa et Arcelor Mittal ont fermé des capacités, faisant craindre une perte de souveraineté européenne en matière de production de métaux, indispensables à la fabrication des panneaux solaires et des éoliennes, et donc à la transition énergétique.

Pour alimenter l'Europe, il va falloir trouver rapidement du gaz ailleurs, mais aussi des routes pour l'acheminer jusqu'au consommateur. Aujourd'hui, après la Russie, la Norvège (20 %) et l'Algérie (12 %) sont les deux principaux exportateurs de gaz naturel vers l'UE, suivis du Royaume-Uni (6 %), des Etats-Unis (5 %) et du Qatar (5 %). L'Azerbaïdjan dispose aussi de réserves de gaz et pourrait l'envoyer vers l'Europe via deux pipelines : le Trans-Adriatique et le Trans-Anatolien. Mais tous ces pays ne pourront pas combler le manque russe. Faut-il relancer l'exploitation de gisements en Europe comme le champ de Groningue aux Pays-Bas ? Il y a dix ans, ce champ produisait 50 milliards de m3 par an, soit un tiers des livraisons russes en Europe… Mais les Pays-Bas se sont engagés à l'arrêter d'ici 2028, en raison des nombreux tremblements de terre et de la colère des habitants.

Les défis du GNL



Les regards européens se tournent donc aujourd'hui vers les approvisionnements par gaz naturel liquéfié (GNL), qui peuvent arriver par bateau du monde entier, notamment des Etats-Unis, du Qatar ou de l'Australie, et qui pourraient ensuite être redistribués sous forme gazeuse, via le réseau de gazoducs du continent. Mais il s'agira de rediriger vers l'Europe des volumes destinés jusqu'ici à d'autres marchés, et donc de surenchérir, à l'heure où la demande a explosé en Asie en substitution au charbon. Les États-Unis se sont engagés à augmenter leur livraison de gaz de schiste de 25 à 40 milliards de m3 dès 2022. Mais le gaz US, outre qu'il suscite des réticences environnementales, est aussi beaucoup plus cher que le gaz russe.

De plus, les capacités de regazéification et de stockage en Europe sont importantes mais limitées. Plusieurs nouvelles infrastructures de regazéification seront construites, notamment en Allemagne, mais cela va prendre au moins deux ou trois ans. En France, le terminal méthanier de Fos-Cavaou va accroître ses capacités et une unité flottante doit être installée dans le port du Havre. Des gazoducs transfrontaliers seront également nécessaires pour permettre aux méthaniers de livrer leur gaz dans les ports espagnols et de le transporter ensuite à travers l'Europe. Faut-il dès lors relancer le MidCat (Midi-Catalogne), un gazoduc qui partirait du nord de Barcelone pour rejoindre l'est de Carcassone, via les Pyrénées ? L'Espagne, qui espère devenir une zone stratégique d'importation de gaz en Europe, pousse dans ce sens auprès de Bruxelles, mais même en cas de relance rapide, le gazoduc ne pourrait pas être finalisé avant 2025.

Plusieurs nations sont aussi tentées de combler leurs lacunes en matière d'approvisionnement énergétique en augmentant la production d'électricité à partir des énergies renouvelables, du nucléaire ou du charbon. Des pays comme l'Italie ou les Pays-Bas reconsidèrent la possibilité de recourir à l'énergie nucléaire. Et même si l'Europe a essayé d'éliminer progressivement le charbon pour atteindre ses objectifs climatiques, certaines centrales ont été relancées depuis mi-2021 en raison de la hausse des prix du gaz. Le contexte pousse également à accélérer la transition énergétique vers les énergies renouvelables.

Ainsi, le biogaz, aussi connu sous sa forme épurée, le biométhane, un gaz vert produit à base de déchets agricoles ou de déchet de station d'épuration, est aussi une option. Une source d'énergie produite en Europe, mais qui représente pour l'instant moins de 1 % du mix énergétique de l'UE. La guerre en Ukraine pourrait toutefois accélérer le projet européen « RePowerEU », qui a pour ambition de produire 35 milliards de m3 de biométhane d'ici 2030. Consciente de son potentiel, « la France a décidé d'en augmenter la consommation en passant de 2 à 3 % aujourd'hui à 8 % en 2028, puis à 16 % en 2050 », explique EDF. Le gouvernement incite aussi les ménages à la sobriété énergétique et à remplacer leur chaudière gaz par un dispositif écologique comme une pompe à chaleur ou une chaudière à bois.

L'UE lorgne sur le potentiel du Mozambique



Des capacités supplémentaires de production de gaz existent également à l'état de projets, au Canada, au Qatar ou au Mozambique. Pour ce dernier, une étape hautement symbolique vient d'être franchie, puisque le pays a réalisé le 13 novembre 2022 l'expédition d'une première cargaison, entièrement produite offshore. Un cap longtemps espéré, puisque la mise en valeur de la manne gazière est ralentie par l'insurrection islamiste qui sévit depuis plusieurs années au nord du pays, dans la province du Cabo Delgado, et qui a conduit tour à tour la SADC (Southern African Development Community) puis le Rwanda à déployer des troupes dans la région. Cette situation a également incité l'UE à voter en septembre 2022 des budgets supplémentaires pour aider les acteurs africains à résoudre cette épineuse question sécuritaire, condition du développement des gigantesques gisements gaziers découverts au début des années 2010. En effet, les ressources atteindraient près de 5.000 milliards de m3, ce qui doterait le Mozambique des neuvièmes réserves de gaz au monde. Des réserves équivalentes à la moitié de celles des États-Unis (premier producteur mondial) et, à l'échelle de l'Afrique, comparables à celles de l'Algérie et du Nigeria. D'importantes ressources sur lesquelles lorgne l'UE, dans sa recherche d'alternatives moins chères au gaz américain.

Ces réserves se concentrent sur deux blocs offshore, situés dans le bassin du Rovuma, au large de la côte nord du pays et de la province de Cabo Delgado, à proximité de la frontière tanzanienne : le « bloc 4 », exploité par l'Italien Eni et l'Américain ExxonMobil et le « bloc 1 » opéré par le Français TotalEnergies. Selon l'International Gas Union, ces projets permettraient de produire à terme 53,4 millions de tonnes par an (mtpa). Le Mozambique pourrait ainsi figurer dans le top 5 mondial des pays exportateurs de GNL et peser à terme 6 % du marché mondial. Une alternative crédible pour l'UE, dans sa stratégie visant à diversifier ses fournisseurs énergétiques.

Pour le FMI, les investissements liés à ces projets feront rapidement entrer le Mozambique, aujourd'hui l'un des pays plus pauvres du monde, dans la catégorie des « pays à revenu intermédiaire ». Selon différentes sources et études, le pays pourrait encaisser une rente de plus de 80 milliards de dollars de taxes sur la durée de vie des deux projets. Des accords de vente ont déjà été passés pour plus de 90 % de la production future, essentiellement pour des clients asiatiques et européens. Les retombées économiques seront importantes et la construction des unités de production, qui durera plus d'une décennie, devrait générer la création de 20.000 emplois directs.



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