Le suivi du réchauffement climatique en France
Article lu 26701 fois, depuis sa publication le 10/11/2016 à 07:53:32 (longueur : 5832 caractères)
Nous avons tous en tête la canicule de 2003 qui s'est soldée, faute de mesures préventives, par quelque 15 000 décès prématurés, sous le regard incrédule d'un ministre de la santé, déconnecté de la réalité.
Ce sont les personnes les plus vulnérables, qui fautent d'un soutien, en ont fait les frais.
Nous savons que les neuf premiers mois de 2016 ont été, en France, au-dessus de la moyenne établie pour la période 1899-2016, sur 117 ans de réchauffement climatique.
L'année 2016 est d'ores et déjà la plus chaude, depuis 2014, qui avait déjà été la plus chaude depuis 2011 avec un léger répit en 2012, 2013 et 2015.
Pour la communauté internationale, en alerte sous les auspices de l'ONU dans l'organisation des COP pour la maîtrise du réchauffement atmosphérique et du dérèglement climatique qui en découle, le réchauffement est le fait des émissions de gaz à effet de serre, imputable à l'activité de l'homme, qui accentuent une tendance naturelle à l'évolution climatique, actuellement à la hausse.
Un premier succès a été enregistré fin 2015 à la COP 21 de Paris, qui reste à parfaire, dans l'espoir d'inverser progressivement la tendance au réchauffement dans les années à venir, avant d'atteindre l'irréparable, dont nous ne sommes pas encore à l'abri.
Il faut l'accord de près de 200 Etats dont environ un quart ont le destin du monde entre leurs mains, tandis que les autres le subissent.
Pour le moment nous en sommes aux statistiques qui, en faisant le point sur le passé, permettent d'éclairer l'avenir, en poursuivant les tendances constatées.
Les experts ont dressé le tableau des 10 années les plus chaudes depuis 1900 et celui des 10 ans les plus froides durant la même époque.
Nous notons l'élévation de la température moyenne du globe, qui fait fondre les glaces dites éternelles de pôles et des glaciers, tout en provoquant l'élévation du niveau des océans et leur réchauffement.
Celui-ci est à l'origine de tempêtes tropicales, sans être plus nombreuse, mais de plus en plus puissantes et meurtrières, auxquelles nous assistons, impuissants, sauf à venir en aide aux populations sinistrées, comme celle de Tahiti.
Nous disposons en France, avec Météo-France d'une structure qui, depuis la fin du 19ème siècle mesure les températures et constate l'accélération du réchauffement climatique.
L'année 1899 a marqué un tournant dans les mesures de températures systématiques au 19ème siècle, avant la mise sur pied d'un indice des températures moyennes dans l'Hexagone.
Si les moyennes par mois ne sont pas des informations en soi, elles fournissent de précieuses indications.
Nous savons que nous sommes passés d'une moyenne annuelle de 11,44 degrés dans les années 1900 à 11,82 degrés pour les années 1950, puis à 12,96 dans les années 2000, soit une hausse moyenne de 1,52 degré en un siècle.
La hausse, c'est accélérée à partir des années 1980 à 11,96 degrés et 12, 59 degrés en 1990, soit une hausse de 0,63 degré en dix ans.
A Paris, nous disposons de données fiables sur la capitale qui remontent un peu plus loin dans le 19 ème siècle, depuis 1873.
Pour le début du 20ème siècle, les températures y suivent la même tendance que dans le reste du pays, plus la décennie est ancienne, plus elle est froide et pour ce qui est des années les plus chaudes, on trouve les mêmes températures que pour le reste de la France.
C'est désormais officiel, l'année 2014 a été l'année la plus chaude jamais observée par Météo France depuis le début de ses relevés en 1990.
La température moyenne a dépassé la normale moyenne des températures des trentes dernières années de 1,2 degré sur le territoire métropolitain, davantage que le précédent record qui remonte en 2011, mais qui pourrait être battu en 2016.
L'étude des données détaillées des températures montre un réchauffement clairement accentué depuis vingt ans, les dix années les plus chaudes observées depuis 1900 ont toutes été observées au cours des vingt-cinq dernières années, alors que les années les plus froides sont toutes antérieures à 1963.
Dans un rapport remis à la ministre de l'écologie, Ségolène Royal, en septembre dernier, une équipe d'experts dirigés par le climatologue Jean Jouzel a estimé entre 0,6 degré et 1,3 degré la hausse des températures moyennes dans le pays à l'horizon proche compris entre 2021 et 2050.
Il en résulterait une augmentation du nombre de jours de vagues de chaleur en été, notamment dans le Sud-Ouest et une diminution du nombre de jours anormalement froid en hiver, sur l'ensemble de la France.
D'ici la fin du siècle, entre 2071 et 2100, les experts prévoient des hausses de température encore plus fortes, de 2,6 degrés à 6,3 degrés en été selon le scénario qui provoque des vagues de chaleur et des épisodes de sécheresse plus nombreux et un renforcement des précipitations extrêmes, pouvant entraînes d'importantes inondations sur une large partie du territoire.
Cependant, ils n'intègrent pas dans leurs prévisions les effets d'un quelconque inversement de tendance provoqué par une réduction des émissions de gaz à effet de serre, découlant du traité de Paris, qui devrait entrer en vigueur très prochainement et qui restent à être acté.
Aujourd'hui nous sommes toujours dans l'incertitude quant à l'évolution du dérèglement climatique qui a tendance à s'accélérer, mais la voie est ouverte pour infléchir l'action de l'homme sur celui-ci.
Nous devons dès à présent prendre les mesures qui nous permettront de résister au mieux aux effets des dérèglements qui se produiront et la communauté internationale a pris l'engagement de venir en aide, à cet égard, aux pays les plus pauvres de la planète, ce qu'elle a l'occasion de faire à Tahiti, de toute urgence.
Erik Kauf
Rédacteur en Chef