Le manque de chance ne fait pas bon ménage avec une banque d’investissement
Article lu 12698 fois, depuis sa publication le 10/10/2011 à 16:41:46 (longueur : 3270 caractères)
Il y avait une fois une petite entité publique finançant les communes, départements et régions français, le Crédit local de France, filiale de la Caisse des dépôts, employant 500 personnes.
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Son patron, Pierre Richard, désireux de développer, cette banque, inconnue du public, obtient en 1993 sa privatisation, puis sa cotation en bourse, avec pour ambition d’en faire une vrai banque au travers, notamment, de la fusion avec le Crédit communal de Belgique en 1995 qui exerçait jusque la dans ce pays voisin, une activité identique à la sienne.
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De cette union naît Dexia, qui vient de faire la UNE des médias en tant que première victime de la crise de la dette souveraine qui frappe actuellement l’Europe.
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Dexia étant codirigée par les anciens dirigeants des deux entités fusionnées, le Français Pierre Ricard et le Belge Axel, Miller.
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Ceux-ci avaient d’abord pour ambition d’étendre leur activité de préteur aux collectivités à l’étranger, en ouvrant des implantations un peu partout dans le monde et en développant des partenariats notamment avec l'Italie et avec l’Espagne pour finir de sortir de leur métier d’origine avec la reprise d’une banque de détail en Turquie.
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Ainsi, Dexia se lance dans la gestion d’actifs, la banque privée, et surtout l’assurance de titres de créance adossés à des prêts immobiliers, via le rachat en 2000, pour 2,6 milliards de dollars, du rehausseur de crédit, l’américain FSA, à l’origine de ses premiers déboires en 2007.
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En effet, Dexia se trouvait en première ligne, avec sa filiale américaine du fait de son exposition à la débâcle des actifs hypothécaires qui ont affecté le système de la titrisation qu’elle était chargée d’assurer, sans parler d’autres placements semi-spéculatifs.
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Lâché par ses investisseurs au moment de la faillite de Lehmann Brother, les Etats belges et français organisent d’urgence son sauvetage par l’injectant chacun 3 milliards d’euros.
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Les deux dirigeants, taxés de mégalomanie, à l’origine de cette débâcle ont été limogés et remplacés par un ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy du temps de son passage au ministère du Budget, Pierre Mariani.
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Une fois l’urgence passée, le nouveau président tenta de sauver la banque en cédant des pans complets de son activité et en repensant celle du prêt aux collectivités, en misant sur le retour rapide de l’accès à l'argent pas cher, qui avait réussi à la banque dans un premier temps.
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D’importantes réductions de charges ont été entreprises, notamment en Belgique où Dexia employait la majorité des 35 000 salariés du groupe.
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C’était un pari risqué et on dit aujourd’hui que les deux gouvernements auraient dû organiser la scission d’aujourd’hui dès 2008.
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Il faut croire que le risque a été mal évalué.
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Cependant, ce pari aurait pu réussir si la banque n’avait pas été rattrapée par la nouvelle crise économique et financière, qui entraîne les doutes émis par les agences de notation sur la capacité de Dexia de financer à court terme son énorme portefeuille de crédit long terme, remontant à la gestion du passé.
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C’est maintenant aux gouvernements français et belges de s’en sortir.
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Le Crédit local français, une fois rétabli retournera dans le giron de la Caisse de dépôts, qu’il n’aurait pas dû quitter.