Arrêt et démantèlement des centrales nucléaires françaises
Article lu 58194 fois, depuis sa publication le 04/04/2014 à 07:45:54 (longueur : 4345 caractères)
Tous les pays qui ont construit sur leur territoire des centrales nucléaires, seront tôt ou tard, confrontés à leur arrêt et à leur démantèlement, sans trop savoir, pour le moment comment s'y prendre, c'est comme s'ils avaient ouvert la « boîte à Pandore ».
Arrêter un réacteur est aussi simple, toute proportion gardée, que de débrancher un appareil électrique, mais les problèmes commencent aussitôt après, car un réacteur à l'arrêt est, avec son combustible encore chaud plus dangereux qu'un réacteur en activité.
Les premiers équipements nucléaires déjà mis à l'arrêt en France, comme la centrale de Brennilis dans le Finistère, arrêté en 1985, est encore en cours de démantèlement et ne peut pas servir d'exemple.
Par contre, ce sera le cas du 1er arrêt d'un réacteur actuellement en activité. L'opération inédite, d'une procédure d'arrêt à respecter par EDF qui, une fois définie, et les autorisations obtenues, sera placée, sous le contrôle de l'Autorité de sûreté nucléaire, l'ASN.
La France, qui avait encore dix ans devant elle a, pour des raisons politiques, devancé l'échéance, par la promesse électorale de François Hollande, confirmée par celui-ci, une fois élu président de la République, d'arrêter les deux réacteurs de la centrale de Fessenheim en Alsace, avant la fin de son mandat, en 2017.
Il faut dire que cette centrale de Fessenheim est de longue date dans le collimateur des écologistes Français, Suisses et Allemands, à cause de sa situation géographique et de son âge, étant la plus ancienne du parc nucléaire en service en France.
Son âge ne l'a pas empêchée de voir son autorisation de fonctionnement portée à 40 ans par l'ASN, certes au prix de travaux de sécurité, acceptés et déjà entamées par EDF, qui conduisent, notamment pour des raisons d'amortissements, d'en poursuivre l'exploitation, le plus longtemps possible.
Cependant, François Hollande, pour tenir son engagement, a fait nommer en Conseil des Ministres, Francis Rol-Tanguy, ingénieur général des ponts et chaussées, pour orchestrer la fermeture de la centrale, ce qui lui vaut le surnom de Monsieur Fessenheim.
Il a aussi pour mission la préservation des quelques 2 200 emplois, dont 800 dépendent directement d'EDF et de veiller à l'approvisionnement en électricité de la région, ce qui est relativement facile, grâce à la possibilités d'importation de l'électricité produite dans des centrales fonctionnant au charbon brun, en Allemagne.
Alors que les syndicats et bon nombre d'élus de la région sont ouvertement hostiles à la fermeture de la centrale, il doit préparer, pour commencer, la procédure administrative de la fermeture de la centrale qui n'a pas encore été lancée, faute d'être officialisée.
Rappelons, qu'une idée avancée par les pouvoirs publics, pour satisfaire les syndicats et les élus de la région est de faire de la centrale de Fessenheim une installation pilote du démantèlement de réacteurs nucléaires à l'arrêt, avec un immense marché à l'exportation.
Il ne peut s'agir que d'un projet à long terme, compte tenu des problèmes techniques à résoudre pour le rendre opérationnel.
Dans l'immédiat, les premiers obstacles à la fermeture de Fessenheim sont d'ordre financier, car il faudra trouver, semble-t-il, au moins 4 milliards d'euros, pour y faire face.
EDF avait commencé à investir sur les réacteurs, afin d'allonger leur durée de vie et demande des dédommagements à l'Etat, pour le manque à gagner, de 200 millions d'euros par an, pendant 10 ans.
Cette dernière demande est discutable, par contre, il faudra financer les frais d'arrêt, de démantèlement et d'enfouissement des déchets, sauf à les répercuter sur les consommateurs, sans parler du coût de la reconversion du site, qui ne sera pas immédiat.
Actuellement, on ne sait pas démanteler une centrale nucléaire sans exposer les hommes aux radiations car, même en utilisant des robots pour manipuler les déchets et les combustibles radioactifs, on a toujours besoin, dans le processus, de l'intervention humaine.
La décision politique de l'arrêt de Fessenheim étant prise au plus haut niveau de l'Etat, les problèmes de sécurité se poseront, une fois la date de l'arrêt prise et les questions juridiques et financières qui en découlent, réglées.
Il reste aux pouvoirs publics de confirmer la mise en application de sa décision.