Le secteur de l'automobile est durablement touché par la crise

L'assureur crédit Euler Hermes a élaboré une analyse du marché de l'automobile dans le mode. # Rappelons que la crise économique et financière qui s'est déclenchée en octobre 2008 a provoqué un effondrement des ventes de voitures conduisant à une violente contraction de la production automobile dans les principaux pays producteurs, à l'exception notable de la Chine, et entraîné de profondes restructurations. # L'industrie automobile mondiale a vu sa production chuter de 12,5% en 2009. Mais ce chiffre global ne doit pas cacher la réalité, si l'Amérique du Nord a vu sa production automobile chuter de -32,3%, le Japon de -31,5% et l'Europe de -21,9%, sur la même période la production chinoise a progressé de +50% (la Chine a dépassé la production de l'Amérique du Nord). # Concernant l'Europe, l'Allemagne conserve sa position de numéro un avec une production deux fois supérieure à celle de la France et de l'Espagne. Avec à peine 6% de la production européenne, la place de l'Italie devient marginale. # Face à la chute de la demande, les constructeurs ont procédé un déstockage massif, réajustant sévèrement leur production afin de limiter les pertes et de retrouver des liquidités. Mais tous les constructeurs occidentaux ont vu leur chiffre d'affaires reculés et leur rentabilité basculer dans le rouge. # Par ailleurs, comme le précise Euler Hermes, le rebond enregistré dans le secteur automobile depuis début 2010 confirme le déplacement des marchés de croissance vers les pays émergents ainsi que l'offensive des constructeurs de ces pays, sur leurs marchés domestiques mais aussi à l'export. Le net rebond observé depuis début 2010 est imputable à 80% au dynamisme de la demande des pays en croissance – Chine, Inde et Brésil en premier lieu. # Ce déplacement des marchés conduit à une transformation durable de l'industriel automobile européenne. # Concernant la France, Euler Hermes constate un redressement depuis le troisième trimestre 2009, mais en glissement annuel la production reste sous la barre des 2,2 millions de véhicules par, soit une production très inférieur au niveau d'avant la crise. # Yann Lacroix, responsable des études sectorielles chez Euler Hermes, précise « D'un excédent de 12 milliards d'euros en 2004, le secteur automobile français est devenu largement importateur et malgré quelques compactages d'usines, le taux d'utilisation de ses capacités de production en France reste faible, autour de 65%, indique Yann Lacroix. Bien que le chiffre d'affaires de 2010 soit en recul de près de 15% par rapport à celui de 2007, la poursuite des efforts de réduction des coûts et le développement international devrait permettre aux constructeurs français de redresser leur rentabilité dès cette année. » # Résultat, en 2005 la production des constructeurs français était réalisée à 52% en France, les délocalisations, touchant principalement la production des modèles d'entrée de gamme, ont fait tomber ce chiffre à 30% début 2010. Les sous-traitants ont subi le contrecoup de la chute de la production sur le sol français, aggravée par la crise mondiale. Cependant, avec le retour des volumes, le nombre de défaillances est revenu au niveau moyen d'avant-crise. # Mais le secteur automobile Américain a été le plus fortement concerné. « Les États-Unis ont été les plus lourdement touchés, avec, faut-il le rappeler, l'effondrement de General Motors et de Chrysler. En Europe, deux années de forte baisse de chiffre d'affaires (-17% par rapport à 2007) se soldent en 2009 par un résultat opérationnel négatif et un résultat net de -2,5% du chiffre d'affaires », souligne Karine Berger, Directrice Marchés et Marketing et Chef Économiste d'Euler Hermes. # Toutefois, « La voiture reste le principal moyen de déplacement aux États-Unis et, avec un taux d'équipement supérieur à 80%, les achats de remplacement que les ménages ont différés durant la crise, devraient progressivement reprendre », ajoute Yann Lacroix. Ainsi, on assiste depuis le premier trimestre 2010 à un redressement timide du marché américain qui devrait mettre plusieurs années à retrouver le niveau de vente d'avant la crise, à 16-17 millions de véhicules par an. # Concernant les constructeurs asiatiques, le Japon largement exportateur et champion de la croissance et de la rentabilité ont vu leur chiffre d'affaires passer d'une croissance de +8,5% en 2008 à un recul de -21,3% en 2009. « Les seuls à avoir tiré leur épingle du jeu sont les acteurs coréens dont le chiffre d'affaires a progressé de plus de 18% en 2009, avec un résultat net à 3,3% du chiffre d'affaires », ajoute Karine Berger. # Concernant l'Europe, selon Euler Hermes, avec l'arrêt des primes à la casse en France, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne et Italie en 2010, le marché européen devrait chuter à ses plus bas niveaux historiques. Il pourrait tomber sous la barre des 13 millions de véhicules, avec une nouvelle baisse de -8 à -10% des immatriculations. # Ainsi, au 1er trimestre 2010, les immatriculations ont baissé de 30% en Allemagne par rapport au premier semestre 2009, mais sans retrouver leur niveau d'avant la crise, les volumes de pruction se redressent depuis juillet 2010, avec une progression annuelle de 8%, pour atteindre 5,2 millions d'unités sur l'année. # Rappelons que l'Allemagne exporte 75% de sa production, ses exportations se sont dégradées aux États-Unis et en Europe de l'Est mais progresser en Chine (8,8% des exportations en 2009 contre 5,3% en 2008) et en Europe de l'Ouest, qui concentre 60,9% de ses exportations en 2009 (58,2% en 2008). Les constructeur allemands ont retrouvé la production d'avant la crise, mais pas encore la rentabilité. # La Chine sort vainqueur avec 13,79 millions de voitures vendues en 2009, soit 48,3% de plus qu'en 2008, c'est le premier marché de l'automobile au Monde devant les Etats-Unis (8,75 millions en 2009). # Yann Lacroix indique « Tout laisse penser que la Chine va conforter sa position dans les années à venir : son taux d'équipement, de 3% en 2008, est voué à augmenter, d'autant que la croissance économique est forte et que le gouvernement chinois, désireux de développer la consommation intérieure, incite les ménages à s'équiper. Sur ce marché à fort potentiel se pressent tous les constructeurs occidentaux, face à des constructeurs chinois qui affichent de plus en plus leurs ambitions. » # Enfin, il ne faut pas oublier le marché indien qui a un important potentiel avec un taux de croissance qui dépasse les 30% par an, un taux d'équipement de seulement 1,4% en 2008 et la montée en puissance d'une classe moyenne nombreuse. Il reste cependant dix fois plus petit que le marché chinois et se développe sur le modèle du « super low cost », éloigné des standards européens. # Karine Berger conclut « L'avenir de l'industrie automobile mondiale passera par une mutualisation de certains coûts. Des rapprochements et des alliances sont indispensables pour redistribuer les capacités de production, financer une présence forte dans les pays émergents et construire une offre adaptée à ces marchés. C'est également nécessaire pour accélérer la Recherche et Développement dans les technologies hybrides, électriques et hydrogène, et adapter les outils industriels… La crise a profondément modifié le paysage automobile mondial et la recomposition de la cartographie des acteurs ne fait que commencer ».