La reprise économique mondiale est sous pression
Article lu 10451 fois, depuis sa publication le 29/06/2010 à 11:50:00 (longueur : 4852 caractères)
Après la contraction historique affichée pendant l'hiver 2008-2009, le rebond de l'économie mondiale amorcé au printemps 2009 et s'est confirmé au premier trimestre 2010, voire même au second trimestre. Toutefois, comme le fait remarquer Wilfried Verstraete, Président du Directoire d'Euler Hermes « Ce tableau d'ensemble optimiste ne saurait pourtant cacher une réalité moins favorable à double titre. D'un côté, si la crise est effacée dans les pays émergents d'Asie, sous l'impulsion de la Chine et des plans de relance plus massifs et plus rapidement mis en œuvre que dans le reste du monde, le rebond d'activité s'avère bien moins vigoureux dans les pays développés d'Europe. De l'autre côté, les locomotives de la reprise mondiale que sont la Chine et, à un degré moindre, les Etats-Unis, sont désormais proches de leur pic de croissance. »
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Ainsi, selon Euler Hermes, la reprise de l'économie mondiale commencée au printemps 2009 a probablement atteint un pic, on peut même s'attendre à l'horizon 2011, à une baisse de régime tant en Asie émergente qu'aux Etats-Unis, alors que la majeure partie des pays développés n'est pas en mesure de prendre le relais.
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De son côté, remarque l'assureur crédit, l'Europe, et la zone euro en particulier, restent à la traîne, durablement affectées par la crise. Dans ce contexte, les entreprises risquent de demeurer sous pression encore plusieurs trimestres, avec au final un nombre élevé de défaillances d'entreprises en Europe jusqu'en 2011.
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Pour Euler Hermes, la vitesse importante de croissance que connait l'Asie ne pourra pas se maintenir jusqu'en 2011. Il faut noter, que la fin progressive des effets des plans de relance et la normalisation graduelle des politiques monétaires devraient contribuer à un ralentissement de la croissance de la zone d'environ 1 point de PIB en 2011 (ramenée à 6,8%, après 7,7% en 2010), un tempo fortement lié à celui de la décélération attendue pour la Chine (8,5% en 2011, après 9,8% en 2010).
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De son côté, les Etats-Unis, élément important de la reprise, devraient aussi connaître un ralentissement sensible (2,6% en 2011, après 3,1% en 2010), à cause du fléchissement du soutien apporté par les mesures de relance (centrées sur fin 2009 et 2010) et à un redémarrage insuffisant de l'emploi privé.
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Ainsi, Euler Hermes considère que la croissance mondiale devrait s'établir à 3,3% en 2010 puis décélérer à 2,9% en 2011 (+2,1% en 2010 et +1,8% en 2011 pour les pays de l'OCDE et +5,6% en 2010 et +5,1% en 2011 pour les autres pays). De son côté la zone euros restera impactée par la crise, avec une croissance économique inférieure à 1% en 2010 et 2011. Avec des perspectives de croissance de la demande interne sont globalement au point mort pour 2010 et très modérées pour 2011. En moyenne annuelle, la consommation des ménages restera atone en 2010 (-0,2%) et très modeste en 2011 (0,5%).
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Karine Berger, Directrice Marchés et Marketing et Chef Economiste d'Euler Hermes, explique « L'Europe est à la traîne. Un an après le début du rebond de l'économie mondiale, son rythme de croissance reste bien inférieur à celui du reste du monde, avec un glissement annuel du PIB toujours en récession au premier trimestre 2010 pour quelques pays comme le Royaume-Uni, l'Espagne ou la Grèce. Nous avons revu à la baisse l'ensemble de nos prévisions de croissance pour les pays européens, désormais inférieures à 1% en 2010 et en 2011 pour la zone euro, et nous n'entrevoyons pas de retour aux niveaux d'avant-crise avant 2012 pour les PIB trimestriels des pays de la zone. »
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Concernant les entreprises, l'Indice Global des Défaillances d'Euler Hermes fait ressortir un volume des défaillances, au plus haut de la série qui débute en 1995, et celui du rythme annuel de hausse (+29%), pour la deuxième année consécutive.
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Au final, le bilan des défaillances 2009 est le plus conséquent enregistré depuis une quinzaine d'années pour quelques pays (États-Unis, Royaume-Uni, France ou Finlande) et surtout historique pour un grand nombre (Espagne, Pays-Bas, Belgique, Suisse, Autriche, Danemark, Irlande, Portugal ou encore pays baltes).
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Toutefois, la poursuite du rétablissement progressif de l'économie mondiale, malgré un rythme d'expansion moins vigoureux en 2011, devrait globalement s'accompagner d'un repli du volume de faillites d'entreprises dans le monde.
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Michel Mollard, membre du Directoire d'Euler Hermes, conclut « Les entreprises, notamment en Europe, seront toujours sous pression, et ce, jusqu'en 2011. A l'heure où les mesures de soutien à l'économie sont en passe de disparaître, elles devront faire face à des perspectives d'activité toujours insuffisantes, alors qu'elles ont mis en œuvre l'essentiel des leviers d'ajustements possibles et que de nombreux risques demeurent (matières premières, conditions de financement…). »