Conclusion d’un accord international sur la biodiversité, qualifié d’historique Article lu 10986 fois, depuis sa publication le 03/11/2010 à 14:50:00 (longueur : 5471 caractères)
Nagoya, une ville située dans le centre du Japon, devrait entrer dans l’histoire comme la ville dans laquelle est né un accord sans précédent sur la Biodiversité, visant à mieux protéger les espèces et les écosystèmes de la planète et pour en partager plus équitablement les bénéfices.
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Les repentants de plus de 190 pays se sont réunis à Nagoya, dans le cadre de la Convention de l’Onu sur la biodiversité, la CBD, lancée en 1992 lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro, pour adopter un plan stratégique en 20 points pour 2020, qui vise à freiner le rythme alarmant de disparition des espèces.
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Le président Jacques Chirac avait lancé, à cette occasion, à Rio « Notre maison brûle, mais on ne le sait pas encore ».
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Le plan stratégique élaboré à Nagoya fixe en particulier comme objectif une augmentation des aires protégées de la planète, soit 17% contre 13% aujourd’hui et 10% de la surface totale des océans contre un peu moins de 1% actuellement.
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Cependant, comme ce plan n’a pas de caractère légalement contraignant, il faut s’interroger sur son impact réel sur la protection à venir des espèces dans le monde.
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Par ailleurs, plusieurs engagements laissent la porte ouverte à des interprétations très larges et de nombreuses questions demeurent sur son influence concrète, en particulier sur les innombrables subventions à la pêche eue Europe, alors que la surpêche de nombreuses espèces est scientifiquement documentée.
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Ainsi, 70 à 80% des espèces de poissons que nous mangeons sont pêchées au-delà de leur capacité de reproduction, ce que les pays membres de l’Union européenne sont bien placés pour savoir.
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L’Union internationale pour la conservation de la nature, l’UICN, a rappelles à cette occasion qu’une espèce d’amphibie sur trois, plus d’un oiseau sur huit et plus d’un mammifère sur cinq sont menacés d’extinction au niveau mondial.
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Le Brésil qui abrite la plus grande partie de l’immense bassin amazonien où vit 10% de la totalité des espèces connues de la planète, avait insisté sur la nécessité d’arriver à un accord pour mettre un terme à la bio-piraterie.
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A cet égard, Greenpeace a salué « le début de la fin de la bio-piraterie mais a regretté que les gouvernements n’aient pas été plus courageux sur les objectifs ».
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Parmi les engagements laissant la porte ouvertes à des interprétations, il faut citer l’élimination ou au moins la réduction progressive des substances néfastes pour la diversité biologique.
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Les pays représentés se sont également mis d’accord, après 8 ans d’âpres négociations, sur l’organisation du partage des bénéfices tirés par les industries de la pharmacie et des cosmétiques des ressources génétiques des pays du Sud.
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Ce protocole « Accès et partage des avantages », l’ABS, était réclamé avec insistance par les pays émergeants, qui en attendent de milliards de dollars de retombées à leur profit.
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C’est un problème crucial qui avait une fois de plus, comme lors de la conférence avortée de Copenhague sur le climat, opposé les pays du Nord à ceux du Sud, entre ceux qui doivent donner et ceux qui attendent de recevoir.
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L’accord étant réalisé, il faut, pour en mesurer l’importance, se référer aux déclarations de ceux qui y ont participé.
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Mais, il faut avant tout signaler l’absence des Etats-Unis, bien que cela n’a rien de surprenant, puisqu’ils n’ont pas ratifié la Convention sur la diversité biologique de Rio de 1992.
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Commençons par a représentante de la France, la secrétaire d’Etat à l’Ecologie, Chantal Jouanno, qui a salué « un très grand moment. Un beau pied de nez à tous ceux qui ne croient plus à l’environnement » ce qui correspond aux bruits qui courent, à l’occasion de la mise en œuvre en France du Grenelle de l’environnement.
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Le ministre japonais de l’environnement, Ryu Matsumoto, du pays hôte de la conférence a déclaré à l’issue des ultimes tractations, très tendues en séance plénière, « Grâce à beaucoup de sagesse, d’énormes efforts et des larmes, nous avons réussi. »
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Alors que les ONG sont généralement plutôt critiques faces aux accords internationaux, le protocole de Nagoya est, pour Jim Leape, directeur général de WWF International, une réussite historique.
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Pour le président de l’ONG américaine Conservation, Russel Mittermeier, le message envoyé à tous les pays est « il faut faire plus » en visant sans doute son propre pays, resté absent de l’accord.
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Citons en guise de conclusion la déclaration d’Ahmed Djoghlaf, le secrétaire exécutif de la Convection de l’ONU sur la diversité biologique :
« Si Kyoto est entré dans l’histoire comme ville dans laquelle l’accord sur le climat est né, Nagoya restera comme la ville dans laquelle l’accord sur la biodiversité est né. »
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La prochaine conférence de la CBD aura lieu dans deux ans à New Delhi, en Inde.
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