Impuissance des pouvoirs publics face aux algues vertes en Bretagne
Article lu 23812 fois, depuis sa publication le 27/10/2009 à 08:30:00 (longueur : 3066 caractères)
La mission interministérielle mise en place par le Premier ministre François Fillon, après la mort d’un cheval en juillet dernier, sur une plage recouverte d’algues vertes en décomposition, doit rendre son rapport avant la fin de l’année.
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On sait déjà que le cheval est mort pour avoir respiré un gaz mortel, l’hydrogène sulfureux, dégagé part les algues en décomposition, tandis que son cavalier, placé plus haut, a respiré une dose moindre, ce qui lui a permis de s’en tirer avec une simple intoxication passagère.
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La mer dépose chaque année entre 40 000 et 70 000 m3 d’algues vertes non toxiques sur les plages bretonnes, principalement en Côtes d’Armor, dont le nettoyage, pris en charge par les collectivités territoriales, revient à 500 000 euros par an, pour rendre les pages au public, mais ce n’est pas la solution.
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C’est leur décomposition qui les rends toxiques.
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Les algues sont apparues en Bretagne avec l’avènement de l’élevage industriel, de porcs et de volailles, dont le développement est favorisé, par ses déjections, l’apport de nitrates dans les cours d’eau s’écoulant en mer, auquel il faut ajouter l’apport des engrais azotés épandus en quantité sur les champs.
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Les pouvoirs publics ont consacré à la Bretagne près d’un milliard d’euros sous forme d’aides publiques pour réduire la pollution, mais sans pouvoir la supprimer, en s’attaquant aux conséquences, plutôt qu’aux causes.
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Dans une note confidentielle, cependant rendue publique, le préfet des Côtes d’Armor se dit impuissant face à la prolifération des algues vertes, tant que « les pratiques agricoles ne changent pas profondément ».
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Selon lui, la diminution visible et notable de ce phénomène ne pourra passer que par un changement profond des pratiques agricoles sur les secteurs concernés, ce que la profession agricole n’est pas prête à accepter pour le moment.
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Il s’agit, écrit-il, de révolutionner les pratiques agricoles et de changer complètement le modèle économique existant, mais comme ce n’est pas possible, le phénomène des algues vertes ne peut que perdurer.
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L’Institut français pour la recherche et l’exploitation de la mer, l’Ifremer, a donné de son côté un avis technique sur la question, selon lequel il faudrait que, dans les cours d’eau touchés par la pollution agricole, la teneur en nitrate descende à moins de 10 milligrammes par litre, là où la limite maximale tolérée est de 25 milligrammes, une limite largement dépassée par endroits.
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Alors, faute de mieux, on cherche à compenser la facture du nettoyage des plages, par la valorisation des algues, en les recyclant.
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Aujourd’hui, elles sont utilisées pour l’épandage sur les champs ou compostées, sans créer réellement de valeur ajoutée.
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Des recherches portent sur les algues déshydratées, qui pourraient être intégrées dans des plastiques ou être transformées en pots destinés à l’horticulture, ou d’autres débouchées possibles dans l'alimentation et les cosmétiques.
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Ces recherches supposent que l’arrivée des algues sur les plages reste une fatalité incontournable.