Une guerre des prix profitable aux usagers des produits du pétrole s'est engagée

Au moment où les automobilistes habitués, depuis des années, à subir des hausses régulières de l'essence ou du gasoil, lorsqu'ils passent à la pompe, pour remplir le réservoir de leur voiture, ils constatent, pour la première fois, depuis des semaines une baisse continue et significative du prix à la pompe.

Cette baisse se poursuivra, même si le gouvernement s'apprête à s'approprier une partie par l'augmentation des taxes sur les carburants et principalement sur le carburant diesel, maintenant dans son collimateur, pour des raisons de santé publique.

Les automobilistes ne sont pas les seuls a en bénéficier, le prix du gasoil destiné à l'industrie, à l'agriculture mais aussi au chauffage des immeubles et des habitations, a baissé de l'ordre de 20 %.

Seul le gaz naturel, dont le prix est lié à celui du pétrole brut, lorsqu'il augmente, ne suit pas en France la courbe baissière, c'est un mystère qu'il faudra bien, un jour, nous expliquer.

C'est un constat, qui ne doit pas nous empêcher de nous interroger sur les raisons de cette baisse et surtout sur sa durée.

La presse évoque un contre-choc pétrolier, subi par les Saoudiens, les premiers producteurs de pétrole brut et les détenteurs, dans leur sous-sol, des plus importantes réserves mondiales connues.

Ce contre-choc, qui fait baisser les prix mondiaux du bruit est imputable à l'exploitation des gisements de pétrole de schiste américains, avec lequel ils inondent le marché, alors que la baisse de la demande, due à la situation économique se poursuit.

Il est dans la nature du marché, lorsqu'une nouvelle offre se présente, sur un marché en baisse, que les prix reculent, en créant ainsi une situation qui a incité les Saoudiens à mener une guerre des prix, contre le pétrole de schiste américain.

Cet état de guerre des prix a été confirmé par le ministre du pétrole saoudien, lors d'une réunion de l'Opep, le 27 novembre, à Vienne, en Autriche.

Lors de cette réunion, le ministre du pétrole saoudien s'est opposé à toute réduction de la production, au grand dam de plusieurs autres membres de l'Opep, dont les budgets souffrent de la baisse des prix et qui souhaitent mettre fin à leur glissade, par une réduction de l'offre.

Cependant, la baisse s'est amplifiée de façon spectaculaire, une fois la position de l'Arabie saoudite connue.

Le baril de Brent, dont le prix sert de référence au marché mondial du pétrole brut, cotait aux alentours de 70 dollars, après avoir perdu 10 dollars en moins d'une semaine.

En fait, on est en présence d'une rivalité entre les Américains et les Saoudiens, pour des parts de marchés, que ces derniers, contrairement aux autres ont le moyen de soutenir.

Cette rivalité pour la conquête de parts de marchés ne nous concerne pas en France, sauf qu'elle améliore notre pouvoir d'achat en tant que consommateurs et qu'elle allège le déficit de la balance commerciale du pays.

L'Arabie Saoudite semble vouloir rappeler sa puissance pétrolière et financière à chaque producteur de pétrole, qu'il soit dans l'Opep ou hors l'Opep.

Elle touche en particulier la Russie et à l'Iran, qui perdent gros par la chute des cours du brut, alors qu'elle vise les parts de marché des Etats-Unis.

Cependant, elle cherche à faire savoir qu'elle est l'unique décideur au centre de l'échiquier pétrolier mondial, du fait de sa capacité de production, de ses réserves exploitables prouvées, ainsi que des coûts d'extraction de ses gisements, qui comptant parmi les plus faibles au monde.

Nous subissons depuis 1973 des chocs pétroliers successifs alors, ne boudons pas notre plaisir de voir baisser les prix des produits que nous consommons et disons, comme aurait pu le faire la mère de Napoléon Bonaparte, Létitia « pourvou qu'ça doure ».

Erik Kauf
Rédacteur en Chef